"On ne peut pas diriger une entreprise sans confiance"
À 50 ans, Sandrine Cochez dirige Aprilys avec bienveillance et confiance, qu'elle a créée il y a presque 20 ans. Spécialisée dans l'organisation d'événements et de voyages d'affaires, la PME de huit salariés n'a qu'une ambition : vendre du rêve à ses clients.
Rien ne la prédestinait à travailler dans le tourisme d’affaires. Et pourtant, Sandrine Cochez en a fait aujourd’hui une véritable passion. Après des études en décoration intérieure, elle commence sa carrière chez Carrefour, dans l’aménagement commercial. Elle participe d’ailleurs à l’ouverture des magasins d’Euralille et de Calais, de gros challenges qu’elle réitérera ensuite en Asie, où elle se voit confier l’organisation d’événements internes, un peu par hasard. “Cela me plaisait beaucoup alors j’ai décidé de revenir dans les Hauts-de-France pour créer Aprilys en 2001“, se rappelle Sandrine Cochez, originaire de Valenciennes.
D’agence événementielle, Aprilys devient rapidement organisatrice de séminaires et de conventions à l’international. Sandrine Cochez passe, en cours du soir, son BTS Tourisme et embauche, au bout d’un an et demi, sa première salariée. Dirigée par une femme, la PME est, plus étonnamment encore, 100% féminine. “Bien entendu, j’aimerais embaucher un salarié mais le secteur du tourisme est plutôt féminin. Les profils masculins que j’ai pu rencontrer étaient commerciaux mais pour l’instant, le commercial est la partie que j’affectionne et dont je me charge, car c’est là que je porte les valeurs de l’entreprise.” Alors en attendant d’agrandir l’équipe d’un – ou d’une salarié(e) ! –, Sandrine Cochez manage ses huit salariés – la majorité est trilingue – avec passion et délégation.
Des séminaires plus green
Titulaire d’une licence de voyages, Aprilys organise, pour 70% de son activité, des séminaires et des conventions ; le reste s’articulant autour d’événements business : inaugurations, portes ouvertes, soirées de récompenses… L’agence organise 120 événements par an, autour de 150 clients majoritairement régionaux, qu’ils soient PME ou grands groupes. Si Sandrine Cochez avoue rester plutôt discrète, il n’en reste pas moins qu’Aprilys affiche un beau chiffre d’affaires de 2,2 millions d’euros. Femme de réseaux – elle est adhérente au Flandre Business Club, au Club Gagnants et présidente d’un club local de l’APM –, elle se nourrit de ces rencontres pour développer du business mais pas uniquement. “Cela m’aide à prendre du recul. Il est vrai qu’un chef d’entreprise se sent souvent seul, et j’ai besoin d’échanger.” Partager sur les problématiques d’un créateur mais aussi sur la nouvelle génération, qu’elle apprend chaque jour à apprivoiser. “La moitié de mon équipe a moins de 30 ans. Je suis dans un management participatif. On ne peut pas gérer une entreprise sans faire confiance. Ma porte est toujours ouverte. Les jeunes générations veulent être décisionnaires et autonomes, leur donner du sens est primordial, et j’apprends tous les jours en me remettant en cause !“
Femme de terrain, Sandrine Cochez ne cache pas que son emploi du temps est loin d’être de tout repos. Mais c’est cette passion qui l’anime chaque jour, pour accompagner ses clients dans des moments forts de la vie de leur entreprise. “C’est sur le terrain que l’on crée du lien, pour rien au monde je n’abandonnerais cette partie du métier.” Le terrain l’amène d’ailleurs loin des Hauts-de-France, qu’il s’agisse de Marrakech, d’Amsterdam, de Lisbonne ou de Copenhague, ou encore de la Tanzanie, de Cuba ou de la Côte d’Ivoire. “Les pays du Nord et de l’Est sont très en vogue. Ils correspondent aussi cette tendance de voyage que l’on observe depuis quelques années : des lieux atypiques et plus ‘green’, plus éco-responsables“. C’est d’ailleurs une tendance sur laquelle surfe Aprilys depuis un an et demi, en développant des prestations de bien-être en entreprise : réveil musculaire, ateliers créatifs, naturopathie, digital detox… “Nous voulons proposer des séminaires qui ont du sens pour l’entreprise et ses collaborateurs, pour qu’ils se retrouvent individuellement mais aussi collectivement.“
À 100% pour son entreprise
“Quand j’ai créé Aprilys, il n’y avait pas autant d’aides qu’aujourd’hui, et pour être franche, durant un an et demi, je n’ai pas gagné ma vie. Créer une entreprise, c’est prendre des risques, financiers mais aussi familiaux. Bien sûr que cela fait peur, et surtout aux femmes, qui veulent avoir des responsabilités tout en ayant du temps. Oui, je donne énormément d’énergie pour mon entreprise et je dois faire des sacrifices. C’est un investissement permanent, je ne décroche jamais vraiment, même en vacances. Mais je n’imagine pas ma vie autrement !“, avoue Sandrine Cochez. Elle reçoit d’ailleurs régulièrement des porteurs de projet, pour leur expliquer son parcours mais aussi ses difficultés. Constamment en remise en cause, Sandrine Cochez a su faire de son métier, sa passion, qu’elle distille dans chacun des événements qu’Aprilys organise.
“Nous voulons proposer des séminaires qui ont du sens pour l’entreprise“