Entretien avec Sophie Deleval, présidente et directrice générale d'Ingram Micro
«On doit la performance d'une entreprise aux dynamiques individuelles»
Ingram Micro, le leader mondial de la distribution technologique, s'est vue récompensée par le palmarès Best WorkPlaces 2022. Une reconnaissance pour l'entreprise dont le siège social à Lesquin, emploie près de 500 salariés rien que dans les Hauts-de-France. Sophie Deleval, présidente et directrice générale, revient sur ce qui fait la force de cette entreprise et sur la dynamique du marché.
La Gazette Nord - Pas-de-Calais : Pouvez-vous nous présenter Ingram Micro en quelques chiffres ?
Sophie Deleval : Le groupe, d'envergure mondiale, réalise un chiffre d'affaires de 46 milliards d'euros, dont 1,6 en France. Nous sommes présents dans 57 pays avec plus de 35 000 collaborateurs et sommes très ancrés dans les Hauts-de-France avec le siège de notre division française : 280 sur le site de Lesquin et 120 à Lomme pour notre plateforme logistique et espace de stockage. A l'origine, c'était une petite entreprise nordiste de logistique informatique qui a été rachetée par le groupe américain Ingram Micro en 1989. En France, Ingram Micro compte près de 9 000 clients actifs et 950 revendeurs rien que dans les Hauts-de-France. De Lesquin, nous adressons l'ensemble du marché français.
Quel est votre secteur d'activité ?
Nous sommes un distributeur de technologies : nous nous approvisionnons en produits que nous revendons via nos 200 fournisseurs partenaires français. Cela passe par l'infrastructure, le stockage, le cloud, la cybersécurité... Bref, tout ce qui émane du domaine de l'iT. Notre métier a énormément évolué. Le B to B représente environ 70% de notre chiffre d'affaires.
C'est-à-dire ?
Nos métiers se sont virtualisés. Même si nous avions amorcé la transformation, tout s'est accéléré avec le Covid. On propose à la fois des PC et des imprimantes, mais surtout des business à forte valeur ajoutée, comme sur le cloud, la cybersécurité... Si le cloud a fait sa révolution il y a dix ans, il faut s'attendre à celle de l'iOT et de l'intelligence artificielle dans les années à venir. Ce qui est au coeur de l'actualité, c'est la cybersécurité.
Les entreprises sont-elles toujours
bien informées des risques ? On a d'ailleurs vu une recrudescence
des cyberattaques durant le Covid, envers tous types d'organisation
(+225% de ransomewares en 2020, ndlr)...
Il est clair que la cyberdélinquance se développe et est au cœur des stratégies des entreprises. Notre rôle, c'est de les accompagner et de les sensibiliser. Nous nous appuyons sur nos centres d'expertise pour apporter des solutions : protection des données, des systèmes, diagnostics sur les infrastructures, traitement des risques... Mais aussi de l'accompagnement de projet ou de déploiement sur site.
Le cloud va-t-il remplacer les
infrastructures existantes ?
C'est certain qu'il y a une montée en puissance du cloud mais tout n'y bascule pas. On en parle depuis dix ans mais cela ne remplace pas le business historique. Par contre, on observe une accélération importante des besoins collectifs des foyers et des entreprises, et Ingram Micro réalise une croissance à deux chiffres depuis 2020. Dans notre domaine d'activité, on ne peut pas vraiment parler de crise. Le retour à la normale est bien évidemment complexe, mais c'est notre culture d'entreprise qui nous sauve.
Souffrez-vous de difficultés
d'approvisionnement ?
Oui en ce qui concerne les semi-conducteurs, les processeurs... Il y a plusieurs ruptures de produits. Le marché de l'infrastructure reste dynamique mais souffre en effet de pénuries. Nous sommes sur des produits au cycle de vie très court, il y a sans cesse de nouvelles technologies, on est presque sur une logique de produits frais ! C'est ce qui est passionnant dans nos métiers.
Votre distinction Best Workplace 2022
(après une première certification Great Place To Work®
en juillet 2021) atteste de la qualité de vie au travail, sur ce
site de 450 m2 au coeur d'Arteparc à Lesquin, ainsi qu'à
Lomme et dans vos trois agences d'Ile-de-France. Qu'est-ce que cela
représente pour la présidente que vous êtes ?
Le Covid oblige toutes les entreprises à s'investir dans la qualité de vie au travail. Etre Great Place To Work® et Best Workplace, c'est beaucoup de fierté et cela permet aussi d'attirer de nouveaux talents. Cela nous impose de continuer d'être attentif. Pour qu'une entreprise aille bien, il faut qu'elle performe et cela implique une dynamique individuelle. La crise nous a appris que l'humain était un facteur de réussite. Ce qui fait la différence, c'est une entreprise où il y a une culture forte et ça, l'intelligence artificielle ne l'a pas encore remplacé !