Oise : les buralistes en pleine mutation
Dès le 1er avril, la deuxième phase du fonds de transformation des buralistes débutera, jusqu'en 2027. Lutte contre la contrefaçon, diversification de l'activité... la Confédération des buralistes a entamé, depuis 2019, un plan pour moderniser les lieux mais aussi stopper l'érosion de l'activité en cours. Une convention a été signée, le 22 janvier à la Préfecture de l'Oise, relative à la sécurité et à la lutte contre les marchés parallèles de tabac... et dans ce plan de redynamisation de la profession, l’État engage 290 millions d'euros sur le territoire national (sur cinq ans).
C'est
toute une profession qui se mobilise pour sauvegarder un pan de
l'économie française mais aussi une vie et un service dans de
nombreuses communes rurales. Car l'activité des buralistes chute
d'année en année. En cause ? Le marché parallèle de tabac, la baisse de la consommation de
cigarette mais aussi la baisse de la vente de la presse papier. La
contrefaçon étant l'un des piliers de cette baisse générale de
l'activité, car de nombreux fumeurs ne se déplacent plus acheter chez les buralistes. C'est donc toute une institution qui
doit se réinventer pour perdurer, en créant des leviers
de croissance économiques et s'appropriant
les nouveaux codes de la consommation.
Alors,
pour faire face à cette situation et aider les professionnels à
développer des nouvelles opportunités commerciales, la
Confédération des buralistes (qui représente les 23 300 buralistes
de France, dont 296 dans l'Oise) a alerté l’État et proposé un
plan de redynamisation, émanant des nombreux projets des professionnels eux-mêmes. En 2019, le premier protocole de fonds de
transformation a été acté, jusqu'au 31 décembre 2022.
Quelques jours après
la nouvelle signature officielle du protocole, entre le ministre des
Comptes Publics Gabriel Attal et le président national de la
Confédération des buralistes Philippe Coy, l’aide à la transformation sera à nouveau effective à compter du 1er avril 2023 et ce jusqu'en 2027. « Les
zones frontalières, confrontées aux prix des cigarettes nettement
moins chers de l'autre côté de la frontière et les zones rurales
sont en première ligne de ce plan, explique Philippe Coy,
aussi buraliste depuis 22 ans à la frontière espagnole. Mais tout le
territoire est concerné car il faut redynamiser en profondeur la
profession. »
Une aide financière pour transformer
Concrètement,
ce fonds de transformation représente une aide financière
permettant aux buralistes d'entreprendre des travaux, selon leur
projet (par exemple, aménagement d'une terrasse, travaux intérieurs,
etc.). Pour les professionnels affichant un chiffre d'affaires
inférieur à 500 000 euros, l'aide peut aller jusqu'à 50% du
montant global, de 30% pour les autres, avec un plafond de 33 000
euros. Une aide précieuse pour restructurer ces commerces de
proximité. « Ce fonds permet de garantir l'activité des
buralistes et de la pérenniser, remarque Serdar Kaya, président
départemental de Confédération des buralistes, buraliste
à Compiègne. Il est nécessaire et surtout les résultats sont
réels : grâce à ce plan de transformation, les buralistes, qui
en ont bénéficié, ont vu une augmentation de leur chiffre d'affaire
à deux chiffres. Et nous enregistrons très peu de fermetures. Dans
l'Oise, c'est une fermeture en trois ans. » Dans
le département, depuis 2019, une quarantaine de buralistes ont
bénéficié de ce fonds.
Et cette transformation passe d'abord par l'accueil et la modernisation à l'intérieur même des bureaux de tabac. À l'instar du tabac Le Moulin, à Agnetz. Seul bureau de tabac de la petite commune d'un peu plus de 3 000 habitants, ouvert depuis le 31 octobre 2022, il est aussi un bar cocooning, accueillant, avec de nombreux services. Tenu par la souriante Bercem Kaya, c'est un véritable lieu de vie moderne, avec une petite restauration le midi et le soir. « Ce fonds de transformation est un véritable accélérateur de la performance économique du réseau, note encore Philippe Coy. Cette transformation vise à renforcer l’ancrage territorial du réseau et à maintenir le lien social que la profession porte au quotidien de manière indispensable. »
La diversification : l'enjeu majeur
L'enjeu
social est effectivement aussi au cœur de ce fonds. « Nous
sommes les plus près des plus éloignés »,
évoque encore le président national de la Confédération des
buralistes. Ces professionnels étant parfois le seul lieu de
proximité, ils deviennent – et l'avenir tend à le devenir
complètement – un lieu de services. Retrait de colis, services des
impôts, édition de carte grise, rechargement téléphonique,
protocole de La Poste, petite épicerie, distributeur automatique de
billets (en tests actuellement dans certains buralistes en France)...
l'objectif est « d'être
le drugstore
quotidien des français »,
pour Philippe Coy.
L'objectif
sur le moyen terme est, finalement, de repositionner ces
professionnels, et d'attirer les habitants dans ces lieux de vie...
qui animent toute une commune.
Un partenariat avec la Préfecture de l'Oise pour plus de sécurité
Signée
le 23 janvier, la convention de partenariat relative à la sécurité
et à la lutte contre les marchés parallèles de tabac entre la
Confédération des buralistes de l'Oise et la Préfecture de l'Oise
tend à renforcer la sécurité financière et la sécurité
matérielle.
La première vise le marché de la contre-bande :
mieux identifier les réseaux, mieux communiquer. Ce partenariat intensifiera la coopération entre les services étatiques, sur
la base notamment des actions engagées par la douane, administration
de tutelle du réseau national des buralistes.
Au cours des dix premiers mois de l’année 2022, la direction régionale des douanes et des droits indirects d’Amiens a saisi 14 tonnes de tabac illicite, à l’issue de nombreux contrôles réalisés tant sur les vecteurs routiers, qu’à l’aéroport de Beauvais, sur le fret postal et express ou lors d’opérations menées sur les lieux de revente parallèle.
La seconde doit lutter contre les cambriolages, avec
la mise en place d'un seul canal de communication.
Mais aussi favoriser
l’information des forces de sécurité intérieure,
encourager
la
systématisation des signalements
relatifs
à
l’ensemble
des
fraudes
et
infractions dont les buralistes seraient victimes, et enfin, mettre
en œuvre des diagnostics, des conseils de sécurité et des réunions
de sensibilisation.