«Nous voulons un Medef à l’image de notre société»
À 45 ans, Yann Orpin devient le plus jeune président des 13 Medef régionaux. Fidèle à sa présidence achevée à la CCI Grand Lille, le dirigeant du groupe Cleaning Bio veut bousculer les codes, avec des commissions rajeunies et une mandature placée sous le signe de l’entrepreneur, et non plus du patron.
«Le Medef est là pour défendre l’intérêt de l’entreprise dans son territoire» rappelle Yann Orpin, président du Medef Lille Métropole, élu le 8 juillet dernier, accompagné par Claire Jolimont, dirigeante de Pingflow et François Dutilleul, dirigeant de l’entreprise éponyme, comme vice-présidents. Celui qui place sa mandature «sous le signe de la transformation digitale et ‘par le sens’» s’est entouré d’une équipe rajeunie. «La plus jeune, en contrat d’apprentissage a 19 ans !», se félicite-t-il. Et cela se ressent dans le discours ; aujourd’hui, l’entrepreneur s’est certes rajeuni mais aussi féminisé et surtout, il doit faire face au choc des générations. «L’entreprise doit se transformer pour assurer sa compétitivité mais aussi pour attirer la nouvelle génération, de plus en plus en quête de sens.» D’où la création de Génération 2030, une nouvelle commission composée notamment d’Hubert Motte – créateur de la Vie est Belt – et d’Alaude Lefebvre des Sublimeurs. Yann Orpin mise beaucoup sur le reverse mentoring (la rencontre facilitée entre les entreprises de la nouvelle économie et les entreprises traditionnelles, ndlr). Des RDV Entrepreneurs seront donc organisés, tous les deux mois, où la jeune génération aura 20 minutes pour parler de son entreprise. «Les deux générations ont besoin l’une de l’autre pour avancer.»
Une nouvelle gouvernance
Pour mener à bien ces nouveaux axes, Yann Orpin s’est entouré d’un conseil d’administration de 34 personnes – dont une dizaine de nouvelles têtes et 30% de femmes –, autour de cinq commissions de travail : commission digitale, inclusion, tourisme et attractivité, mobilité et aménagement du territoire et Génération 2030. Parmi les chantiers à venir, la création d’un «campus de l’inclusion» pour accompagner les entrepreneurs issus de l’insertion. Yann Orpin prend aussi le problème de la mobilité à bras le corps avec une commission présidée par Franck Grimonprez, PDG du groupe Log’s. «L’engorgement de Lille est de plus en plus inquiétant, c’est un gros point noir de notre région. On veut réfléchir aux solutions», détaille ce défenseur du Supraways. Le Medef a donc lancé une étude sur l’état des lieux actuel, en collaboration avec la CCI Hauts-de-France, déjà très impliquée sur le sujet. Révolution également du côté du site Internet du Medef qui sera entièrement repensé, pour offrir un parcours plus clair aux entrepreneurs et proposer aussi une carte interactive des interlocuteurs du territoire (centres de recherche, universités, SATT…). Dès le premier trimestre 2020, Yann Orpin créera un «Netflix de l’entrepreneur» avec un bouquet de vidéos et de podcast pour aider le porteur de projet dans son parcours. «Nous sommes dans un schéma où les entreprises sont de plus en plus petites. Il faut leur faciliter le parcours à l’information, parce que les entrepreneurs n’ont pas le temps de chercher.»
Implication dans les municipales
S’il se défend d’avoir un positionnement politique, Yann Orpin prévoit, la sortie, en janvier prochain, d’un manifeste à destination des candidats aux mairies de la métropole. Une première dans l’histoire du Medef Lille Métropole. «Chaque commission aura 10 propositions à faire. Nous voulons co-construire le territoire. Les maires sont dans l’attente de nouvelles idées et ont compris qu’il fallait se renouveler.» Le Medef Lille Métropole compte 2 000 adhérents – dont 90% de PME – et fait figure d’un des plus gros Medef territoriaux. Prochain gros événement, la traditionnelle Université des entrepreneurs, le 2 juillet prochain, pour une 7ème édition placée sous le thème du climat.