MyFerryLink veut garder sa ligne
La Commission de la concurrence britannique (CMA) a une nouvelle fois fait savoir, fin mai, qu'Eurotunnel était selon elle en position dominante sur le transmanche avec sa filiale MyFerryLink. Elle pourrait de ce fait interdire l'entrée du port de Douvres aux trois navires de la compagnie. Le 3 juin dernier, 500 Opaliens ont défilé devant le siège de la CMA à Londres.
Un feuilleton sans fin ? Le naufrage de SeaFrance, l’arrivée de DFDS sur la ligne Calais-Douvres, l’engagement des politiques à aider à la création d’une coopérative formée par les anciens salariés de l’ex-filiale maritime de la SNCF… tout cela n’a pas encore trouvé son terme. Le rachat de trois des quatre navires de SeaFrance l’été 2012 avait lancé le départ de la nouvelle compagnie, à qui Eurotunnel loue ces navires, MyFerryLink confiant la traversée à la SCOP formée d’anciens salariés de SeaFrance. Un montage qu’avait rejeté en juin 2013 la CMA. Son avis définitif est attendu mi-juin. Si la décision se confirme, Eurotunnel aura six mois pour cesser son trafic maritime.
Une croissance salutaire du marché transmanche. Le Calaisis a décidé de réagir via ses élus qui ont organisé le 3 juin dernier un déplacement à Londres afin de plaider le sort des 600 salariés de la SCOP. Ainsi, une délégation d’élus et de représentants des salariés a été reçue plus d’une heure par trois des neuf juges de la CMA, accompagnés d’une dizaine de techniciens. Natacha Bouchart, sénatrice-maire de Calais, a défendu son territoire sinistré par la crise. Yann Capet, député de Calais et ex-conseiller régional, a relevé les nombreuses incohérences des attendus de la CMA chargée de défendre la libre concurrence sur le Détroit : «Non, DFDS ne risque pas de quitter la ligne Calais-Douvres : ils cherchent un troisième navire. Non, Eurotunnel n’est pas en position dominante : la commission de la concurrence française et le tribunal de commerce ont autorisé l’entreprise à acheter les navires et à les louer.» Surtout, la croissance du trafic en 2013 (+ 17%) aura été le meilleur argument de la délégation. Car si le marché croît, il en découle mécaniquement du travail pour tout le monde. Et si les résultats de DFDS ne sont pas bons, il faut peut-être s’interroger sur sa politique tarifaire (moins de 100 euros la traversée en moyenne, contre 130 pour les deux autres opérateurs). MyFerryLink dispose aujourd’hui de 12% du marché transmanche avec trois navires. DFDS est opérateur sur la ligne Dunkerque-Douvres. Pour mesurer la concurrence sur le transmanche, l’échelle pertinente ne peut se résumer au Calais-Douvres. Yann Capet a obtenu du Premier ministre que le sujet soit évoqué lors de sa rencontre avec David Cameron le 6 juin dernier.