MyFerryLink toujours menacée

La Competition Commission britannique, qui veille au principe de libre concurrence, a rendu sa décision le 27 juin dernier : Eurotunnel doit se séparer des trois navires que le groupe a acquis auprès du liquidateur judiciaire de SeaFrance (l'emportant ainsi sur l'offre de DFDS, son conccurent sur la traversée Calais-Douvres). Une décision qui pourrait mettre le feu au poudre à Calais, comme à Dunkerque ou Douvres.

« Eurotunnel a 6 mois pour se mettre en conformité avec la décision de la Competition Commission qui interdit le port de Douvres à ses 3 navires ».
« Eurotunnel a 6 mois pour se mettre en conformité avec la décision de la Competition Commission qui interdit le port de Douvres à ses 3 navires ».
CAPresse 2014

Eurotunnel a six mois pour se mettre en conformité avec la décision de la Competition Commission qui interdit le port de Douvres à ses trois navires.

La justice commerciale britannique a réitéré, dans les mêmes termes, son avis sur l’arrivée d’Eurotunnel sur le trafic maritime transmanche : malgré la constitution d’une filiale, Eurotunnel est en position dominante sur le transmanche (fer et flotte cumulés). Après la chute de SeaFrance, l’entreprise ferroviaire chargée du lien fixe entre la France et la Grande-Bretagne avait acheté trois des cinq bateaux de l’ex-filiale de la SNCF pour les louer à MyFerryLink, elle-même s’attachant les services d’une coopérative ouvrière formée par d’anciens salariés de SeaFrance pour faire tourner les bateaux entre Douvre et Calais. Le schéma ne plaît toujours pas aux juges anglais. Une manifestation à Londres avait tenté d’infléchir la position de la Commission, Frédéric Cuvillier clamant qu’il intervenait, le président de la République lui-même s’impliquant… Mais déjà la Grande-Bretagne fait savoir que la justice est, comme en France, indépendante du politique. Dans son arrêt, la Competition Commission dit aussi que le Groupe EuroTunnel (GET) ne doit pas céder ses navires à MyFerryLink (qu’elle contrôle à 100%). La Scop étant loin d’avoir les moyens de les racheter, le conseil «en creux» des juges anglais est clair : vendez vos navires à DFDS !

«C’est étrange pour un tribunal qui promeut la libre concurrence». Le trafic maritime transmanche aiguise les appétits : après une période de forte baisse entre 2004 et 2009 (20%, soit 54 navires dans l’année), notamment sur les véhicules légers, les mouvements ont repris. La période 2004-2009 restait favorable pour le transport des poids lourds (cible privilégiée d’Eurotunnel) avec 2,6 millions de véhicules transportés (+ 12%). Entre Calais et Dunkerque (où DFDS a sa ligne transmanche traditionnelle), la compétition est de plus en plus vive : sur la même période, Calais voit le nombre de ses navires chuter de 43 000 à 32 000, alors que Dunkerque affiche 8 000 navires en 2009 (en hausse de 2,5% annuels). Actuellement, la compagnie maritime DFDS perd de l’argent avec ses deux navires à Calais. Mais MyFerryLink aussi… «La Competition Commission choisit qui elle veut voir disparaître du transmanche. C’est étrange pour un tribunal qui promeut la libre concurrence. Nous ne comprenons pas sa décision, mais nous prenons du recul pour aborder les choses convenablement à la rentrée», explique Didier Cappelle, président du conseil de surveillance de la Scop. Chez Eurotunnel, on fait appel de la décision. La saison estivale doit voir grandir le trafic… et aiguiser encore plus les appétits. La rentrée pourrait donc être mouvementée. En effet, on ne voit pas les 600 salariés de la Scop renoncer à leur compagnie après une lutte pour leur survie à SeaFrance dont l’ombre plane toujours dans le Calaisis. MyFerryLink dispose actuellement de 8% de parts de marché sur le transmanche ; DFDS talonne la Scop. Trois compagnies maritimes desservent Douvres à partir de Calais et de Dunkerque.