Macopharma innove et performe sur un marché de niche

Si l'entreprise s'est illustrée lors de la crise Covid – elle avait été choisie par le Gouvernement avec trois autres entreprises françaises pour devenir productrice de masques sanitaires FFP2 –, Macopharma œuvre depuis 45 ans dans la production de kits de transfusion, avec, comme principaux clients, les banques du sang : l'EFS (Etablissement français du sang) sur le territoire et ses homologues dans d'autres pays. Fondée en 1945 par l'Union textile de Tourcoing (sous le nom de Vamaco), l'actionnariat de l'entreprise reste familial, détenu en propre par la holding de Gérard Mulliez.

Chaque année, ce sont près de 19 millions de kits de transfusion qui sont vendus par le groupe (contre 21 millions avant le Covid) : poches, filtres, pièces injectées, aiguilles de prélèvement... Autant de pièces qui composent les kits et qui sont, en grande majorité, fabriquées à Tourcoing puis assemblées en Tunisie. Macopharma détient 50% du marché français des kits de prélèvement (le reste étant obligatoirement détenu par une autre entreprise pour éviter tout monopole : ndlr).

Maintenir la compétitivité

C'est également depuis l'atelier de Tourcoing que 75 millions de poches en PVC pour la collecte du sang sont produites chaque année pour une centaine de clients, avec un contrôle ultra minutieux pour éviter les risques de fuite. «Notre atelier fonctionne sept jours sur sept et 24 heures sur 24 grâce à 90 salariés. Nous utilisons une technique de soudure par haute performance, la meilleure des technologies dans le monde médical», explique Logan Douay, directeur de l'usine.

Mais, pour l'instant, l'entreprise n'a pas encore retrouvé son niveau d'avant-crise malgré son chiffre d'affaires affiché à 163 M€ : «La remontée des dons est progressive mais elle n'est pas encore revenue aux niveaux équivalents», poursuit le directeur. L'EFS estime qu'il manque 20 000 poches pour répondre sereinement aux besoins des malades et que les stocks sont en baisse constante, avec seulement une semaine de visibilité.

«Après la pandémie et la fourniture de masques, nous nous sommes recentrés sur la transfusion, notre cœur d'activité. Notre enjeu actuellement, c'est de nous adapter aux changements de réglementation», détaille Caroline Hernu, directrice générale depuis septembre 2021.

Un nouvel équipement grâce à France relance

Grâce au plan France relance, Macopharma a pu investir dans un nouvel équipement industriel pour la fabrication de filtres – son arrivée est prévue dès cet été – afin d'accroître la capacité de production (800 000 € de subventions de l'Etat sur un total de 4 M€). Le site de Tourcoing compte déjà six lignes automatisées mais pourra donc accélérer la cadence. Depuis dix ans, l'entreprise fabrique la majorité de ses éléments à Tourcoing : «C'est le cas depuis dix ans et cela nous évite d'être trop dépendant. Le kit est un produit critique, nous avons la responsabilité vis-à-vis de nos clients de devoir les approvisionner», poursuit Logan Douay. Et c'est avec une dextérité impressionnante que les salariés mettent seulement 6 à 7 secondes pour vérifier quatre poches.

L'entreprise consacre 4% de son chiffre d'affaires à la R&D (depuis le site de Mouvaux) et vient de sortir une innovation unique au monde : une machine à connexion stérile pour connecter six tubes ensemble. Un vrai gain de temps et de sécurisation pour les banques du sang.

«Nous voulons continuer notre expansion géographique ainsi que le développement de produits innovants. En 2022, nous prévoyons de produire 19,5 millions de kits», conclut Caroline Hernu.