Luxe et bien-être dans un écrin de caractère
Début mars, le majestueux hôtel cinq étoiles de la rue de Paris s’agrandira de 17 chambres et, surtout, d’un spa luxueux. L’extension, à la droite de l’entrée de l’hôtel, mêle à la fois modernité et charme des vieilles pierres, signatures emblématiques de l’hôtel, classé Monument historique.
Les travaux ont commencé début janvier 2014. En quelques mois à peine s’est érigée la nouvelle partie de l’hôtel qui ouvrira dans quelques semaines. “Sur cette emprise, nous avons racheté le bâtiment attenant à l’hôtel pour y construire 17 chambres et un spa. Le couloir vitré, sur le même principe que la verrière du bar de l’hôtel, sera masqué par une pelure de métal“, détaille André Grosperrin, directeur de l’établissement depuis quatre ans. Le plus périlleux, dans ces travaux, reste de préserver le caractère historique des lieux. “Quand on observe la façade du bâtiment, on peut y voir trois maisons à pignon du XVIe siècle et à droite un miroir contemporain avec le spa. C’est une rupture dans la continuité. L’Hermitage Gantois sera le seul hôtel lillois avec un spa doté d’une piscine et d’un hammam. Cela fait partie de l’évolution du marché, c’est un service en plus à offrir à nos clients”, poursuit-il. Coût de l’opération : 3,7 millions d’euros pour une surface de presque 1 100 m2. Six salariés y prodigueront soins et autres massages. Le pari n’était pourtant pas gagné d’avance : “C’est toujours compliqué de faire un petit chantier en ville. Ce bâtiment est un miroir de l’existant, puisé dans l’histoire. Il fallait une prouesse architecturale pour que cela fonctionne.” Les équipes ont travaillé avec l’architecte lillois Hubert Maes. L’accès au spa se fera par la galerie d’art, qui accueille tout au long de l’année de nombreux artistes, qu’ils soient débutants ou confirmés, mais très souvent installés en région. Pas d’entrée rue de Paris donc, mais la possibilité, bien entendu, d’accéder aux services du spa sans être client de l’hôtel.
Savoir-faire régional. Avec 72 chambres – dont trois suites –, l’hôtel reçoit autant une clientèle “business” que touristique. “Nous sommes en progression sur l’année 2014, mais le marché est difficile. Lille est certainement moins impactée : les prix y sont plus attractifs que dans d’autres villes de France. Pour autant, Lille est une ville d’étape dans un parcours. Nous avons un vrai savoir-faire dans la région, mais on a encore du mal à le faire savoir. Il manquerait peut-être un événement majeur pour lancer une saison, comme un festival. C’est un travail de très longue haleine“, poursuit-il. En 2003, l’hôtel se voit attribuer la catégorie “4 étoiles luxe”, un des seuls établissements de France à avoir cette mention.” Ensuite il y a eu des changements de réglementation, les 4 étoiles luxe sont passés en 5 étoiles en 2009. L’Hermitage Gantois a été le premier hôtel de France à être classé 5 étoiles“, détaille André Grosperrin. Aujourd’hui, l’établissement emploie 55 salariés. “Il a plus de dix ans, mais il ne les fait pas ! C’est un mix entre l’ancien et le contemporain. Une sérénité se dégage des lieux, majestueux sans être intimidants…“
Le groupe SLIH
L’Hermitage Gantois Autograph’ Collection appartient au groupe hôtelier SLIH (Société lilloise d’investissement hôtelier), présidé par Jean-Claude Kindt. En plus de l’Hermitage, le groupe est propriétaire de l’Hôtel Alliance Couvent des Minimes (4 étoiles), du Grand Hôtel Bellevue (4 étoiles), du Crown Plaza (4 étoiles), de l’Hôtel Holiday Inn Resort Le Touquet (4 étoiles), de l’Hôtel de Bourgtheroulde (5 étoiles), de l’Hôtel Art Déco Euralille (3 étoiles), de l’Hôtel Best Western Résidence Cour Saint-George (3 étoiles) et de l’Hôtel Relais Oud Huis Amsterdam (4 étoiles).
Quand Jean Le Gantois créa l’hospice
C’est en 1460 que Jean de le Cambe, dit le Gantois, construit les édifices de ce qui deviendra, plus de 500 ans après, l’Hermitage Gantois. Rattachée à la collégiale Saint-Pierre, l’institution recevait – dans ce quartier très pauvre qui logeait les ouvriers de l’industrie 13 personnes de plus de 60 ans dans le besoin, soignées dans la salle des malades, avec son impressionnant plafond en forme de nef en bois de châtaignier et sa chapelle attenante (devenue aujourd’hui salle de réception ou de conférences). Elle y abritait aussi des sœurs hospitalières, des augustines. L’établissement ayant bonne réputation, l’agrandissement du bâtiment a rapidement été envisagé (dès 1729). En 1 900, l’hospice accueillait près de 200 personnes et un immense jardin (donnant sur l’avenue Kennedy), voyait fleurir toutes sortes de plantations pour nourrir les malades et les sœurs. Racheté par la mairie dans les années 1960, l’espace a fait place à la maternité Roger-Salengro, dont les bâtiments sont aujourd’hui inoccupés. C’est toujours le CHRU de Lille qui est propriétaire du terrain sur lequel est bâti l’hôtel. Un détour s’impose par l’ancien réfectoire des sœurs et sa cour intérieure, au cœur de laquelle on peut y découvrir une glycine d’époque, classée Monument historique ! Si le restaurant gastronomique accueille aujourd’hui les épicuriens, autrefois il faisait office d’entrepôt. L’histoire raconte qu’en 1461, un miracle s’y serait produit : en cette période de famine, Jean Le Gantois distribuait son blé aux plus pauvres, jusqu’à épuisement total des stocks ! Une malheureuse frappa à la porte et quand Jean Le Gantois ouvrit l’entrepôt, il aurait été rempli de blé…
Visite gratuite tous les mardis à 14h, par l’Association du musée hospitalier régional de Lille. Rendez-vous à l’accueil de l’hôtel.