L’innovation régionale au-delà des frontières
Du 7 au 10 janvier prochain, neuf entreprises régionales feront partie de la délégation Hauts-de-France de la French Tech. Direction Las Vegas, au CES 2020 (Consumer Electronic Show), le plus grand salon d’exposition dédié à l’électronique, la tech et l’innovation.
Dans les starting block pour développer leur business, elles ont toutes été coachées lors de sessions de formation à Euratechnologies. Depuis trois ans, la Région Hauts-de-France accompagne les entreprises sur ce salon qui draine chaque année 200 000 visiteurs sur plus de 220 000 m2 d’exposition. 1 500 start-up du monde entier viendront y puiser le meilleur de la technologie mais aussi profiter de ce rendez-vous incontournable pour montrer leur savoir-faire. Si la délégation régionale n’est pas la plus importante de France – au coude à coude avec la Nouvelle-Aquitaine, Bordeaux, Auvergne-Rhône-Alpes ou encore Languedoc-Roussilllon –, elle embarque tout de même une trentaine de personnes. Une dynamique qui colle aussi à la création cette année de la Team Hauts-de-France Export (en collaboration avec Business France, la Bpi, les Douanes, CCI Hauts-de-France, les Conseillers du commerce extérieur de la France, l’INPI, les opérateurs régionaux spécialisés du commerce international et la Chambre des Métiers et de l’Artisanat) et des 500 entreprises déjà accompagnées par la Région dans cette dynamique. «Nous serons sur le CES pour réaliser du business et faire en sorte que l’investissement ait un retour, à court, moyen ou long terme», explique Sam Dahmani, délégué général de la French Tech Lille. Pas question donc, d’aller y faire du tourisme, à en croire Pierre-Julien Harbonnier, CEO de Parkii, avec deux années de CES au compteur : «La première année, nous n’étions clairement pas assez bien préparés. Le CES, c’est beaucoup d’énergie, que ce soit avec le décalage horaire ou avec les pitchs alors il faut vraiment se concentrer sur les interventions. C’est une expérience unique et le CES se prépare. Il faut savoir que beaucoup de Français se rendent uniquement sur le pavillon French Tech et finalement, nous avons pitché 40% de nos interventions en français.» Plus étonnant encore, c’est à Las Vegas que Parkii (spécialiste du stationnement intelligent) a noué des contacts avec le centre commercial Promenade de Flandre alors que leurs sièges sociaux respectifs sont à quelques kilomètres d’écart…
L’opportunité de connaître le marché US
Nouer des contacts internationaux, rencontrer des investisseurs mais aussi se faire connaître : la vitrine offerte par le CES peut aussi être la confirmation d’un bon business model pour les start-up participantes. «Nous avons réalisé une première levée de fonds en septembre 2019 mais nous allons au CES pour définir notre stratégie à l’international», explique Laurent Massoptier d’Unaide, entreprise qui a imaginé le premier aidant phygital avec reconnaissance vocale et analyse des mouvements, à destination du secteur du maintien à domicile. Hamid Echarkaoui, fondateur et CEO de Cryptr – incubée au FALC, dédié à la fintech, l’assurtech, la legaltech et la cybersecurity, au cœur d’Euratechnologies – travaille depuis un an avec son associé Jérémie Flandre sur une technologie cryptographique pour créer une solution d’authentification pour les administrateurs et développeurs de solutions softwares, bannissant les mots de passe pour les utilisateurs. «Il faut savoir qu’il y a 2,2 milliards de mots de passe volés et mis en vente sur le dark web et qu’un internaute possède en moyenne 150 comptes durant sa vie. Les mots de passe ne sont plus du tout sécurisés car trop anciens. Entre 20 et 50% des appels au support technique d’une entreprise concernent les réinitialisations de mots de passe. Nous voulons améliorer l’expérience utilisateur et rendre plus simple l’authentification pour le développeur. Le CES est, pour nous, une vraie opportunité de comprendre l’éco-système américain mais aussi de nouer des contacts qualitatifs en France.» L’équipe devrait s’agrandir d’ici trois à quatre mois.
Faciliter la prise en charge du patient
Dans un tout autre domaine, Bisom – pour Bilan Informatisé pour les Secouristes et Organisations Médicales – imaginé par Philippe Leroy et Nicolas Weber, a développé une application web : le personnel médical de type SAMU, équipé d’une tablette, peut directement entrer les données du patient et réaliser une dictée vocale (traitement, constantes…) pour que les équipes soient prêtes bien avant l’arrivée du patient. «Gagner 3 minutes augmente de 18% le taux de survie sans séquelle, voire 75% dans les cas les plus critiques. Le dossier papier reste rudimentaire. Il faut faire bénéficier les patients et le personnel des avantages du digital», détaille Philippe Leroy. En 2020, la start-up lancera trois produits : BISOM pour les EPHAD, un système de vision-conférence pour les SAMU et sur le CES, BISOM Citoyen. Le SAMU nordiste utilise déjà cette solution depuis un mois et demi.
“C’est une expérience unique et le CES se prépare.”
ENCADRE
Les entreprises participantes
– Otonohm : batterie universelle multi-usages, capable de recharger tous types d’appareils
– Lituus : système de gestion des troupeaux bovins grâce aux objets connectés
– My Cyber Royaume : concepteur de programmes innovants en réalité virtuelle, dans le milieu de la santé
– Smart Building Energies : gestion intelligente des bâtiments
– Bisom : gestion dématérialisée des urgences médicales
– Unaide : solutions personnalisées pour le maintien à domicile
– Cryptr : solution d’authentification pour les administrateurs et développeurs de solutions softwares
– Trade In : plateforme collaborative de lutte contre les impayés
– Actizzy : site de réservations d’activités culturelles et touristiques