Artisanat
Les Toiles d'Hélène, la passion et la transmission
S'engager dans un métier passion comme celui de tapissière décoratrice mais aussi dans la transmission de son savoir, voilà le choix fait par Hélène Navarre. Cette Saint-Quentinoise d'adoption développe à la fois sa créativité grâce à son atelier mais partage aussi ses compétences en œuvrant comme formatrice au lycée des Métiers d'art. Un choix qui l'épanouit aujourd'hui.
Hélène Navarre a toujours voulu travailler dans le textile mais le domaine de la tapisserie et de la décoration lui viendra plus tard lorsqu'elle débarquera dans l'Aisne. Originaire de la région Rhône-Alpes et notamment de Valence (Drôme), Hélène débute sa vie professionnelle en menant des études dans le textile. « J'ai toujours dessiné et un jour une professeure m'a dit "toi, tu devrais faire de la création de textile", raconte-t-elle. C'est vrai que j'aimais ça et les motifs... J'ai alors fait des études à Lyon et à Paris durant 5 ans au total, dans des formations assez réputées notamment à Lyon qui est connue pour être un important centre de création textile. »
Lors de sa
formation, elle et ses collègues étudiants sont amenés à exposer
au Grand Palais, non loin de la réputée école Boulle et c'est à cet instant qu'elle
remarque des jeunes qui sont en train de faire des sièges. « Je
ne connaissais mais je me suis dit tiens c'est intéressant puis j'ai
continué mon cursus et j'ai travaillé dans le textile pendant une
dizaine d'années du côté de Lyon et de Paris, explique-t-elle.
J'ai travaillé pour une entreprise qui faisait des logiciels
spécifiques pour le textile, cela m'a fait beaucoup voyager dans le
monde. Un jour, je suis venu à Bohain-en-Vermandois pour faire une
démonstration et je n'en suis pas vraiment reparti parce que j'ai
travaillé ensuite à Tissage textile de Picardie de 2001 à 2006,
peu de temps avant la fermeture. »
Du textile à la tapisserie
Hélène Navarre cherche alors un nouvel emploi puis voit un petit encart dans le journal local : des cours de tapisserie sont donnés à ce qu'on appelle encore le lycée d'ameublement de Saint-Quentin. « L'histoire des jeunes qui travaillaient sur de la réfection de sièges à Paris m'est revenue, je suis allée à 40 ans passer cette formation et j'ai fait le CAP et le bac pro. Cela m'a bien plu parce que la tapisserie est un domaine passionnant et il restait un lien avec le textile. » C'est ainsi qu'Hélène se voit proposer de devenir à son tour formatrice pour le Greta, ce qu'elle accepte, tout en créant en parallèle son atelier "Les Toiles d'Hélène".
« Je
tenais à avoir mon atelier pour le côté création, il a débuté
chez moi à Fresnoy-le-Grand puis aujourd'hui, je partage un local
avec Julia Jacquemin, elle aussi tapissière, au collectif Sqart à
Saint-Quentin », précise-t-elle. Le bouche-à-oreille lui
permet d'avoir suffisamment de clients. Hélène outre les cours pour
la formation de tapissière, donne aussi des cours à tous ceux qui
souhaitent s'initier au métier, le samedi matin au lycée des Métiers d'art. « Je donne aussi des cours le vendredi au
centre social de Ham donc ça me fait rencontrer beaucoup de monde et
parfois ça m'apporte des commandes, explique-t-elle. J'aime
quoiqu'il en soit le contact avec les gens. »
Tapissière et formatrice
Hélène Navarre souligne l'importance de la formation dispensée à Saint-Quentin. « Nous sommes le seul établissement dans la partie nord de la France à la dispenser sinon après c'est Paris et ce ne sont pas les mêmes tarifs... Nous avons des étudiants de Lille, Reims, de Normandie ou encore des Ardennes. Ces métiers sont intéressants et en plus, une génération de tapissiers, je dis bien tapissiers parce qu'il s'agissait longtemps pour beaucoup d'hommes et que le métier se féminise aujourd'hui, va partir à la retraite. On va rechercher de plus en plus des tapissiers. »
Une nouvelle génération qui va devoir non seulement savoir rénover les fauteuils anciens mais aussi les plus modernes des années 60 et 70 dans lesquels on trouve du plastique, ce qui va obliger à maîtriser de nouvelles techniques. « C'est la preuve que c'est un métier dans lequel il y a sans cesse du renouvellement et on apprend tous les jours », s'enthousiasme Hélène Navarre. Avec un regret tout de même : « Il faudrait exiger un diplôme avant qu'un tapissier ne puisse s'installer parce qu'on voit des gens sans qualification qui travaillent d'une mauvaise façon et ne font pas de la bonne publicité au métier », souligne-t-elle.