Artisanat

Julia Jacquemin a trouvé sa voie en tant que tapissière

Après avoir longtemps cherché sa voie, Julia Jacquemin l'a trouvée depuis plusieurs mois en s'épanouissant dans le métier de tapissière. Elle a monté son atelier au sein de Sqart (Saint-Quentin Art), un collectif d'artisans de Saint-Quentin. Les premières commandes tombent et la jeune femme redonne une seconde jeunesse à des fauteuils, canapés, chaises, têtes de lit et confectionne des rideaux qui transforment la décoration d'intérieur.

Julia Jacquemin dans son atelier du collectif Sqart à Saint-Quentin.
Julia Jacquemin dans son atelier du collectif Sqart à Saint-Quentin.

Aujourd'hui à la tête des Fauteuils de Julia, un atelier de tapisserie artisanale, cannage et rempaillage, Julia Jacquemin est au bon endroit et en accord avec elle-même. Avant d'en arriver là, la jeune femme de 31 ans a parcouru du chemin. « Il faut savoir que je viens d'une famille dans laquelle les métiers manuels sont dévalorisés, il ne fallait pas se aller vers cela et de ce fait, je me suis tournée vers des études pour être kiné », explique-t-elle. Elle s'accroche durant plusieurs mois, prépare un concours dans le domaine sans parvenir à l'obtenir. Puis se tourne vers des études en Staps qui peuvent permettre d'avoir une passerelle pour rentrer dans une école de kiné. « Je n'étais pas vraiment motivée, je faisais un peu ça par défaut », précise-t-elle. Elle finira par lâcher cette voie puis par travailler en tant que serveuse du côté de Reims d'où elle est originaire.

Un stage et le déclic...

« Après ça, j'ai trouvé une mission de service civique à la Ville de Reims puis j'ai décidé de revenir à mes premières amours que sont les animaux alors j'ai cherché du travail dans ce secteur. J'ai fait du woofing dans une chèvrerie des Alpes, cela a été une super expérience, raconte-t-elle. Puis j'ai cherché à être soigneuse d'animaux, j'ai trouvé un stage dans un zoo en Bourgogne mais cela ne m'a pas convenu, c'était un peu exploiter les animaux et l'état d'esprit n'était pas forcément le bon. »

C'est en discutant avec une membre de sa famille, une cousine qui effectue une reconversion dans le domaine de l'ébénisterie que Julia Jacquemin décide de se tourner vers ce métier. « J'ai pu faire un stage chez un ébéniste de Reims en décembre 2019. C'était bien mais je ne suis pas forcément tombée la bonne semaine, il s'agissait de poncer du parquet chez un particulier, il n'y avait pas forcément à créer un beau meuble, décrit-elle. À côté de l'ébéniste, il y avait par contre l'atelier de tapisserie de José De Oliveira et en passant devant, j'étais intriguée, j'ai poussé la porte, j'ai discuté avec lui et il a été d'accord pour me prendre en stage une semaine. Là, pour la première fois, cela m'a bien plu, les matières, la couture... »

Formée au lycée des métiers d'art

La période du Covid arrive mais la jeune femme le sait désormais, c'est vers la tapisserie qu'elle doit se tourner. Elle effectue une formation durant un an au lycée des métiers d'art de Saint-Quentin. Malgré les couvre-feux, la formation n'est jamais interrompue et Julia réalise aussi des stages qui lui permettent d'ajouter une corde à son arc puisqu'elle apprend chez un artisan les techniques de cannage et de rempaillage. Titulaire d'un CAP de tapisserie en siège, elle vient de passer récemment un CAP de tapisserie en décor.

Julia Jacquemin travaille des fauteuils Voltaire, Tonneau, Louis-Philippe...

« J'ai commencé mon activité dans mon garage à Saint-Quentin avec quelques commandes de mes proches, mes amis, ma famille tout en travaillant à côté comme caissière dans un magasin et puis j'ai entendu parler d'un collectif d'artisans monté par Jean-Michel Moreau à Saint-Quentin. J'y suis depuis février 2023 et je suis en colocation avec Hélène Navarre elle aussi tapissière-décoratrice et c'est sympa, on se donne des coups de main, explique Julia Jacquemin. Il y a eu une bascule en avril 2023 lorsque France 3 est venu faire un reportage à propos du collectif. J'ai fait l'effort de parler à la caméra, ce qui n'était pas simple... Un couple qui a vu le reportage m'a contacté et je travaille pour eux depuis. » Ces clients lui commandent la rénovation de têtes de lit, d'un fauteuil, de rideaux... De belles réalisations qui permettent à Julia Jacquemin d'investir dans un nouveau véhicule, sa Twingo ne suffisant plus à transporter de tels meubles.

Aujourd'hui, les commandes de particuliers mais aussi de professionnels de la décoration ne manquent pas. Et la jeune femme s'épanouit dans ce qu'elle fait en redonnant leur splendeur à des meubles anciens en rénovant par exemple l'assise de fauteuils. « J'aime énormément les couleurs, les motifs, les dessins, les matières et on est très servis avec les tissus, de plus en plus même, avec des designers qui font des choses originales. On travaille avec un matériau souple, nous sommes tributaires de cela, il faut réussir à le dompter dans une certaine mesure. Des fois, on est agréablement surpris ou pas de la façon dont réagit un tissu, qui va bien ou nous fait "galérer" parce qu'il est un peu raide. C'est un challenge. » Julia Jacquemin apprécie également d'en découvrir tous les jours et de voir son geste technique s'affirmer chaque fois un peu plus. Elle a trouvé sa voie, celle de l'artisanat...

La couture fait partie intégrante du métier de la jeune femme.