Tribunal de commerce de Valenciennes : «Les perspectives 2025 sont très incertaines»
C'est dans une salle d'audience récemment rénovée que l'audience solennelle de rentrée du Tribunal de commerce de Valenciennes s'est tenue le 7 janvier dernier. Réélu en novembre 2024 pour un mandat de quatre ans, le président Raymond Duyck a dressé le bilan de l'année qui vient de s'écouler, placée sous le signe de la fragilité des entreprises.
Réélu à l'unanimité en novembre dernier, Raymond Duyck entame une nouvelle
mandature au Tribunal de commerce de Valenciennes. L'occasion pour lui de saluer l'arrivée de trois nouveaux juges –
Isabelle Taranne, Jean-Louis Dehouck et Rémy Liénard qui viennent
rejoindre la vingtaine de juges consulaires du ressort de
Valenciennes/Avesnes – et le départ de trois autres : Pascal
Hervieu, Olivier Vandendriessche pour des raisons personnelles et
Marcelin Pantegnies, ce dernier ayant atteint la limite d'âge.
La tâche de l'ensemble des juges
s'annonce ardue dans un «contexte
économique tendu par la contraction de la demande et l'explosion des
entreprises en difficulté», comme l'a rappelé Raymond Duyck. En effet, selon les derniers
chiffres, l'année 2024 a été «l'une
des pires» depuis
2009, selon BPCE
L'Observatoire, avec 66
422 entreprises défaillantes en 2024, soit une augmentation de 28%
par rapport à 2019, et une accélération sur le dernier trimestre de
2024.
Le
territoire de Valenciennes/Avesnes n'y échappe malheureusement pas :
489 procédures collectives ont été ouvertes l'an dernier,
concernant 780 salariés contre 1 121 en 2023. Un
mauvais signe puisque cela augure que «les
défaillances concernent plutôt les très petites entreprises», s'inquiète le président. À titre de comparaison, ces procédures
collectives étaient de l'ordre de 354 en 2019.
Des
niveaux de procédures collectives historiquement bas
Les
ouvertures de procédures collectives se sont réparties comme suit :
trois procédures de sauvegarde, 109 procédures de redressement
judiciaire et 377 procédures de liquidation judiciaire. Parmi les
secteurs les plus touchés : le bâtiment, les commerces de détail
dont les commerces de bouche, la restauration rapide ou
traditionnelle ainsi que le commerce et la réparation de véhicules
automobiles.
«En
2023, les redressements judiciaires représentaient 19% des
ouvertures de procédures collectives. En 2024, ils en représentent 22%. En 2013, cette part était de 33%. Depuis la crise sanitaire, les
entreprises ont largement retardé leur venue au tribunal de
commerce», regrette le
président Duyck. Une tendance qui résulte également des aides
accordées par les pouvoirs publics lors de la crise, mais aussi des
politiques de recouvrement qui n'ont pas encore repris leur niveau
d'avant crise.
Un
rôle d'accompagnement et de prévention des difficultés
En
2024, 12 procédures de mandat ad hoc et cinq procédures de
conciliation ont ainsi été ouvertes, des chiffres qui suivent la
tendance de l'année précédente. 354 entreprises ont ainsi été
reçues pour des entretiens de prévention, entreprises qui viennent
soit spontanément pour expliquer leurs difficultés et comprendre le
rôle du tribunal ou sur convocation, lorsque ce dernier constate
des difficultés. «Nous
voyons avec satisfaction que le nombre d'entretiens spontanés est en
nette hausse, signe que le tribunal fait moins peur aux chefs
d'entreprises», se
réjouit-il. Le président et ses juges entendent poursuivre sur
cette dynamique pour l'année à venir.
Néanmoins,
et c'est une bonne nouvelle, la création d'entreprises dans le
ressort de Valenciennes/Avesnes a augmenté de 7% et n'a «jamais
été aussi importante depuis quatre ans»
: 9% pour les commerçants personnes physiques, 1,9% pour les
sociétés commerciales et 15,5% pour les sociétés civiles. Le greffe a ainsi immatriculé 3
225 entreprises : 1 499 commerçants personnes physiques, 1 201
sociétés commerciales et 524 sociétés civiles.
Si les entreprises évoluent toujours dans un contexte économique tendu, Raymond Duyck croit en «l'espoir de jours meilleurs» même s'il est «contrarié par la faiblesse du pouvoir d'achat des ménages et la faiblesse des investissements des entreprises...». «Mais c'est avec confiance et détermination que nous envisageons cette nouvelle année», a-t-il conclu.