Les jeunes à la conquête de l’entrepreneuriat

Le 9 juillet, le MEDEF Nord-Pas-de-Calais tenait sa deuxième université d’été à Entreprises et Cités. Près d’un millier de chefs d’entreprise sont venus participer à cette journée d’échanges. Avec un seul mot d'ordre : l'optimisme.

Pierre Gattaz entouré d'une partie des jeunes.
Pierre Gattaz entouré d'une partie des jeunes.
Corentin Escaillet.

C'est Entreprises et Cités qui a accueilli cette deuxième université d'été, après une première édition sur une demi-journée.

Pierre Gattaz, président du Medef, l’a affirmé haut et fort : en cette journée du 9 juillet, basée sur le thème “Les jeunes prennent la relève”, il fallait laisser les clichés à la porte. 1 000 chefs d’entreprise étaient venus partager ce message. Face à eux, une dizaine de jeunes mis à l’honneur avec leurs questions et leurs visions de l’entrepreneuriat. Et parfois des divergences de points de vue propres aux deux générations. “Nous avons conçu ce programme avec des jeunes pour qu’ils soient aux manettes et puissent nous tendre un miroir“, a introduit Arnaud Lefort, président du Medef Grand-Lille. “Les nouvelles générations n’ont pas de barrière. Rien n’entrave leur créativité, quitte à bousculer les idées reçues“, a ajouté Frédéric Motte, président du Medef Nord-Pas-de-Calais. Mais, pour autant, cette génération, qu’elle soit X, Y et bientôt Z, fait face à des questionnements aussi légitimes les uns que les autres : “Le premier emploi est compliqué à trouver. Une fois qu’on l’obtient, gravir les échelons est difficile. Dans cette situation, comment prendre la relève ?“, “comment aider les jeunes sortant de l’école et leur donner les ressources pour créer ?“, “nous avons les capacités en France pour réussir mais on est trop lents, il y a des barrières à casser“, etc. Face à eux, Pierre Gattaz, invité d’honneur de cette université d’été. L’occasion pour lui de revenir, en préambule, sur la loi Macron : “La loi va dans le bon sens même si elle n’est pas parfaite. Trois facteurs reposent sur l’entreprise : une législation flexible, une fiscalité moins lourde et une simplification administrative. Notre combat n’est pas politique, l’entreprise n’est ni à droite ni à gauche. Arrêtons cette dichotomie suicidaire. La France est le pays où la productivité horaire est la plus forte, on a tout pour réussir, mais il faut expliquer aux concitoyens que nos deux défis sont la mondialisation et le futur.” Et quand on lui évoque un récent sondage qui relate que huit chefs d’entreprise sur dix sont stressés et qu’un sur deux avoue avoir connu une baisse de moral, il tente de leur redonner confiance : “Le chef d’entreprise prend des risques, il s’est endetté, il a rebondi… C’est un héros des temps modernes. Un patron stressé génère du stress auprès de ses salariés. Il faut l’écouter et le motiver. Continuons de travailler sur le pacte de responsabilité, sur la baisse du coût du travail et la simplification de notre environnement.” Et de clamer : “Arrêtons d’emmerder les entreprises !“, avant de préconiser “une TVA à 2,1 points pour baisser le coût de travail de deux milliards d’euros ou un CDI sécurisé pour les TPE“.

Libérons les énergies. Caroline Barbe, avocate associée du cabinet Solucial, Chris Delepirre, cofondateur de la tri-D, David Dubrulle, apprenti maçon, Romain Sarels, fondateur de PubEco, ou encore Jean-François Toubeaux, dirigeant de Delecroix constructions… Ces jeunes, qu’ils soient salariés, étudiants ou entrepreneurs, s’avouent parfois perdus dans leurs rôles respectifs. Car s’ils reconnaissent manquer parfois d’expérience – mais qui n’en a pas manqué un jour ? Ils ont avant tout envie de promouvoir un management différent, comme en témoigne Caroline Poissonnier, récente directrice générale adjointe de Baudelet environnement, entreprise familiale de 300 salariés : “Je suis entrée dans l’entreprise créée par mon grand-père il y a sept ans. Etre ‘fille de’ n’est pas toujours évident, encore plus dans un métier masculin. C’est un défi au quotidien. Il m’a fallu imposer de nouvelles façons de voir et revendiquer un espace d’autonomie. Il faut nous laisser un droit à l’erreur, une marge de manœuvre.

L’orientation, clé du succès ? On sait la – triste – réalité du Nord-Pas-de-Calais : 73 000 jeunes demandeurs d’emploi, dont seulement la moitié ont le bac. Des jeunes pour qui le changement d’orientation n’est pas facile car notre pays laisse peu de place aux erreurs de parcours comme l’explique Lise Delarue, directrice générale de la Maison de l’emploi et Mission locale de Lille : “La jeunesse régionale est multiple. Certains ont un environnement familial favorable, d’autres non. On essaie de simplifier, l’innovation est possible, mais cela ne bouge pas assez vite. Et des secteurs peinent toujours à recruter, comme l’industrie, l’artisanat ou le BTP, alors qu’il y a de l’emploi.” En effet, 400 000 emplois seraient non pourvus en France. La voie de sortie semble toute trouvée, même si elle peine encore – malgré les efforts régionaux et les initiatives nationales – à séduire les jeunes : l’apprentissage. “La Suisse a un taux de chômage des jeunes de 3,5%. L’apprentissage y est une filière d’excellence. Il faut faire changer les mentalités en lien avec l’Education nationale et les régions», a ajouté Pierre Gattaz, pour poursuivre : «L’association magique : l’énergie et la créativité couplée au droit à l’erreur et à l’expérience des plus âgés.” Alors, certes, les jeunes deviennent des entrepreneurs, mais n’est-ce pas aussi parce qu’ils ne trouvent pas d’emploi dans leur filière malgré leurs diplômes ? Le président du Medef ne perd pas son optimisme : “Bravo aux jeunes qui créent leur entreprise et qui rebondissent en cas d’échec. Plus il y aura d’entrepreneurs, plus on aura de créations d’emploi.” Le message est passé…

Des ateliers-débats autour de thèmes d’actualité

Huit ateliers-débats ont ponctué l’après-midi : “Jeunes aujourd’hui, seniors demain ! Quel système de protection sociale pour eux ?”, “Regards croisés sur la justice paritaire en Nord-Pas-de-Calais”, “Les jeunes et le logement : une génération locataire ?”, “Enseignement, recherche, entreprises : un maillage gagnant”, “Les jeunes prennent la relève : pratiques managériales innovantes”, “Rencontre génération MEDEF-CJD”, “D’une région à l’autre, regards croisés sur le Nord-Pas-de-Calais et la Picardie” et “La loi Copé-Zimmermann”.

Les mandataires mis à l’honneur

Cette université d’été a également été l’occasion de mettre l’honneur huit mandataires régionaux (la région en compte 1 600), investis dans la défense des intérêts et des valeurs du monde entrepreneurial : Yves Pecqueux (Medef Artois), Edward Jachna (Medef Cambrésis), Alain Bontemps (Medef Côte d’Opale), Bénédicte Caillon (Medef Douaisis), Alice Gevart (Medef Flandre-Audomarois), François Bourgin (Medef Lille Métropole), Joseph Geiller (Medef Sambre-Avesnois) et Jean-Claude Barre (Medef Valenciennois).