Les élus consulaires crientà l’asphyxie de la Métropole

Les présidents des chambres de commerce régionales sont mécontents. Voire très en colère. Ils tirent la sonnette d’alarme face à l’asphyxie dont souffre la région. Arrêt des Eurostar à Lille et Calais-Frethun, kilomètres de bouchons pour entrer et sortir de Lille... Le rêve d’une Métropole européenne ouverte semble s’éloigner petit à petit. Conscients qu’ils ne peuvent agir seuls, les présidents veulent alerter les pouvoirs publics.

L’Eurostar, à l’origine du mécontentement des présidents des CCI.
L’Eurostar, à l’origine du mécontentement des présidents des CCI.

 

L’Eurostar, à l’origine du mécontentement des présidents des CCI.

L’Eurostar, à l’origine du mécontentement des présidents des CCI.

Nous avons une très forte inquiétude qui peut remettre en cause les grands projets de la région. L’asphyxie de la région est une affaire extrêmement grave mais nous avons le sentiment que personne ne le comprend. Nous risquons de souffrir de cette antipolitique de transport.” Le message est clair et Philippe Vasseur, président de la CCI de Région, va tout faire pour se faire entendre. Rejoint par les autres présidents des chambres consulaires – Francis Aldebert, CCI Grand-Hainaut, Edouard Magnaval, CCI Artois, Jean-Marc Puissesseau, CCI Côte d’Opale, et Philippe Hourdain, CCI Grand-Lille –, il veut tirer la sonnette d’alarme. La goutte d’eau qui a fait déborder le vase ? L’annonce de la suspension de l’arrêt des Eurostar à Lille et Calais-Frethun. En effet, un bras de fer oppose les gouvernements belge et britannique : le premier où l’on peut circuler librement sous couvert de l’espace Schengen ; le second qui craint la possibilité de voir débarquer des usagers, munis de billets Bruxelles-Lille, arriver à Londres sans aucun contrôle. Ces dégradations des liaisons vers Bruxelles et le Royaume-Uni affectent les voyageurs et découragent la clientèle britannique de prendre des correspondances à Lille. Sur le site d’Eurostar, acheter un billet Bruxelles-Lille ou Bruxelles-Calais est devenu tout simplement impossible. “Nous avons déjà lutté pour maintenir les arrêts de l’Eurostar. En supprimant l’arrêt de Calais, c’est une partie de la carte de visite de la Côte d’Opale qu’on nous enlève”, fustige Jean- Marc Puissesseau. D’autant plus qu’à l’approche des Jeux olympiques de 2012, Calais est à vol d’oiseau de Londres. Et que de nombreuses sociétés de la Côte d’Opale ont besoin de communiquer à l’international.

1,4 milliard d’euros. Autre point noir : le trafic complètement saturé. Chaque jour, 350 000 véhicules convergent vers Lille, un chiffre en hausse de 2% par an. Des études montrent que chaque année, 1,4 milliard d’euros est perdu par l’effet de congestion. Certes, le contournement sud-est de Lille est évoqué depuis des années mais reste à savoir qui pourra investir les 350 millions d’euros nécessaires… “Depuis dix ans, nos cartes s’effritent. De grands rendez-vous ont été manqués à l’aéroport de Lesquin qui reste un aéroport de province alors qu’il a un potentiel. Si nous voulons que la Métropole soit européenne, il faut exister sur le plan autoroutier et ferroviaire”, martèle Francis Aldebert, président de la CCI Grand-Hainaut. Les présidents des CCI ne constatent aucun progrès ni évolution dans ces domaines. “Chaque jour, nous sommes confrontés à des reports de chantiers et d’infrastructures. On sait que l’on ne peut pas agir seuls mais en tant qu’acteurs économiques, c’est notre devoir de tirer la sonnette d’alarme”, explique Philippe Vasseur, rejoint par Francis Aldebert : “Pour faire un hub grande vitesse, cela prend quinze ans. Or, on propose des solutions de dépannage à trois ans. Le Louvre-Lens devra se passer de connexions pendant quatre à cinq ans…

Et maintenant ? Le 28 mars, les présidents des CCI ont adressé une lettre au Premier ministre dans l’espoir d’obtenir une solution pérenne aux problèmes dont souffre la région, opération qu’ils renouvelleront au lendemain des élections présidentielles.

Note : Lors d’une visite des ports de Calais et Coquelles le 30 mars, l’ambassadeur de Grande-Bretagne en France a assuré ne pas vouloir supprimer les déssertes régionales de l’Eurostar.