Dans l'Oise, l'Adico prévient les collectivités face au danger du numérique
L’Adico, l’association pour le développement de l’innovation numérique des collectivités, basée à Beauvais, accompagne depuis une trentaine d’années les collectivités isariennes vers la numérisation. Ces dernières doivent faire face à de nombreux défis.
« Dans le domaine informatique, les collectivités sont occupées par leur bon fonctionnement : la gestion des logiciels métiers et du matériel. C’est tout à fait compréhensible, étant donné qu’elles doivent perpétuellement s’adapter, notamment à des évolutions réglementaires », constate Emmanuel Vivé, directeur de l’Adico, créée en 1990. L’association pour le développement de l’innovation numérique des collectivités, basée à Beauvais, compte 2 200 adhérents et 57 salariés. De quoi faire un état des lieux approfondi sur le département.
« À côté du fonctionnement des services numériques, il y a d’autres sujets d’importance auxquels nous les sensibilisons » poursuit le directeur. Des thématiques regroupées, depuis trois ans, dans un pôle « confiance numérique ». Parmi celles-ci, le désormais célèbre RGPD, Le règlement général sur la protection des données, et la cybersécurité. « Les usagers qui donnent des informations personnelles, comme le nom de leur enfant et sa date de naissance par exemple, ne veulent évidemment pas qu’elles soient accessibles à n’importe qui », remarque Emmanuel Vivé.
Le difficile travail de prévention
Mais les messages de prévention ne sont pas toujours audibles. « On nous a parfois reproché d’avoir un service à vendre », poursuit le directeur. Alors l’Adico fait intervenir, lors de réunions d’information, des gendarmes spécialisés dans la cybersécurité ou la Cnil, par exemple. Un moyen efficace pour intéresser les élus et leur faire prendre conscience des mauvaises pratiques et des risques juridiques encourus. « Quand un gendarme explique qu’utiliser toujours le même mot de passe revient à avoir la même clé pour sa voiture, sa maison et toutes ses serrures, les élus comprennent tout de suite », illustre-t-il, à titre d’exemple. L’Adico propose également des diagnostics gratuits. Pour cela, elle travaille avec les intercommunalités.
Dans ces domaines, selon la taille et les moyens des collectivités, les situations varient. « Pour les plus grosses, lorsque les élus ont compris les enjeux et mettent les moyens, il y a un directeur des systèmes d’information (DSI) », constate le directeur. Mais la majorité des communes de L’Oise compte moins de 1 000 habitants. Les moyens matériels et humains y sont limités.
Un autre problème s’ajoute, les secrétaires de mairie doivent assurer des missions variées liées à l’état civil, l’urbanisme… avec des procédures légales et des logiciels spécifiques. Difficile, dans ce contexte, de tout maîtriser. « Au cours des années, les mairies ont rarement changé leurs horaires d’ouverture, considérant qu’il est possible d’accueillir du public et de gérer en même temps les tâches numériques qui s’amplifient », regrette le responsable.
Accessibilité et partage de données
Autre chantier, l’accessibilité numérique. « Depuis plusieurs années, les démarches numériques doivent être accessibles aux personnes porteuses de handicap, qui représentent 20% de la population, ce qui regroupe des situations très variables », rebondit Emmanuel Vivé. Proposer du contenu auditif pour les personnes malvoyantes, s’assurer qu’aucune confusion n’est possible pour une personne daltonienne, rendre les démarches réalisables en utilisant uniquement le clavier… l’équation est complexe. « C’est une question complètement ignorée actuellement, reconnaît le directeur. Les services informatiques et communication se renvoient souvent la balle quand on les interroge à ce sujet. »
Même constat pour l’open data qui vise à rendre les données publiques accessibles. Pour Emmanuel Vivé il faudra probablement attendre une structuration nationale pour avancer. « Chacun possède quelques données intéressantes si on les regroupe ensemble. Mais le problème des formats se pose alors. Il faudrait un organisme national pour collecter et uniformiser ces données »
En attendant que les collectivités soient en ordre de marche sur l’accessibilité numérique et le partage de données, l’Adico continue à transmettre les consignes essentielles. « Il faut commencer par avoir du matériel et des logiciels à jour, utiliser des outils simples de sécurisation des messageries et de gestion des mots de passe et de se former régulièrement pour adopter les bons réflexes », résume Emmanuel Vivé.
Une mission de formation
En sept ans, l’Adico a formé 160 demandeurs d’emploi au métier de secrétaire de mairie. « Nous réalisons deux sessions par an, qui regroupe chacune une quinzaine de personnes. Trois semaines de stage suivent les 45 jours de formation » explique Emmanuel Vivé, directeur. Une mission soutenue financièrement par la Région. Si les profils sont variés, « La sélection des candidats, réalisée par Pôle Emploi, est extrêmement importante pour que cela fonctionne » constate Emmanuel Vivé. Le directeur de l’Adico se réjouit qu’à l’issue de leur cursus, tous trouvent un emploi.