Le spécialiste de la génomique GenoScreen monte en puissance

Créée en 2001, l'entreprise GenoScreen propose des services scientifiques d'analyse de l'ADN auprès de structures de recherches mais aussi de grands groupes. Avec 40% de son chiffre d'affaires consacré à la R&D, la biotech lilloise s'illustre notamment par sa recherche sur les microbiotes.

Les 35 salariés ont récemment emménagé dans des bureaux deux fois plus grands, à l'Institut Pasteur de Lille.
Les 35 salariés ont récemment emménagé dans des bureaux deux fois plus grands, à l'Institut Pasteur de Lille.

Le microbiote, cet ensemble de micro-organismes qui assurerait un corps en bonne santé, a plutôt le vent en poupe en ce moment. Un certain nombre d'essais cliniques ont en effet suggéré un lien entre les modifications du microbiote intestinal et la sévérité du Covid-19. «Jusqu'en 2010, nous ne disposions pas de la technologie nécessaire pour révéler les richesses microbiennes. Cette approche complexe – la métagénomique – a révélé des choses que l'on ne soupçonnait pas, notamment pour améliorer la nutrition dans le domaine de la santé. Aujourd'hui, toutes les entreprises de l'industrie agroalimentaire s'y intéressent», explique André Tordeux, à l'origine de la biotech GenoScreen.

Si c'est pourtant celui dont on parle le plus, le microbiote ne se cantonne pas uniquement au niveau intestinal : il est présent dans les sols, les nappes phréatiques, l'air... Dès 2009 – huit ans après sa création –, GenoScreen développe une solution capable de mesurer le microbiote : «Grâce à la puissance du séquençage et du stockage de l'information, couplée à des analyses bio-informatiques, GenoScreen a pu être la première entreprise française à explorer et à rendre compte de cette richesse.»

Une demande industrielle de plus en plus importante

Auprès de laboratoires de recherche académique, de grands groupes (du domaine pharmaceutique, de l'environnement, de l'énergie, de la cosmétique, de l'agroalimentaire...) mais aussi de biotech et de start-up, GenoScreen propose une application multisectorielle d'analyse de ces fameux microbiotes.

Plus spécifiquement, cela peut aider par exemple un agriculteur à mieux comprendre le système immunitaire de son animal pour lui préparer les prébiotiques et probiotiques adéquats, de mesurer les sols pour anticiper leurs évolutions, de comprendre les effets d'un produit cosmétique sur les microbiotes cutanés, etc.

Aujourd'hui GenoScreen réalise 35% de son chiffre d'affaires à l'export (sur un total de 3,5 M€) et a réalisé une levée de fonds d'un million d'euros en décembre 2021. Le spécialiste en microbiologie moléculaire se tourne de plus en plus vers l'industrie : «L'industriel investit beaucoup dans les champs de la recherche. La microbiologie moléculaire est un domaine très technique», avoue André Tordeux, ce qui vaut à l'entreprise – récemment implantée dans de nouveaux bureaux à l'Institut Pasteur de Lille – de ne souffrir que d'une faible concurrence au niveau français comme européen.

Cinq embauches sont programmées pour cette année, mais l'absence de profils technico-commerciaux maîtrisant bien l'anglais est un frein à la croissance de l'entreprise. «Clairement, cela freine notre croissance», regrette le dirigeant.

Trouver l'antibiotique adéquat face à une pathologie

En plus de ces analyses, GenoScreen a développé des solutions applicatives via des kits de détection, qui permettent notamment de détecter la sensibilité ou la résistance d'un pathogène aux antibiotiques. «La problématique de santé humaine va être de plus en plus liée à celle des maladies infectieuses. L'antibiorésistance est un drame car elle réduit les solutions. Notre ambition ? Quand on est face à un germe pathogène, savoir quel antibiotique utiliser.»

La biotech a également développé un dispositif de traçabilité de la tuberculose à destination des chercheurs et médecins – marché sur lequel GenoScreen a investi 2 millions d'euros et occupe la place de leader –, qui séquence en profondeur la susceptibilité des variants. Envoyées sur le cloud, les informations récoltées permettent au logiciel d'analyse de donner des conclusions sur les sensibilités aux antibiotiques. Le dispositif est en cours de déploiement dans 36 pays.

L'entreprise a aussi développé d'autres dispositifs sur la lèpre ainsi que les maladies de la muqueuse gastrique. «La majorité se soigne par antibiotique, mais la petite partie qui reste, c'est celle-ci dont GenoScreen s'occupe. Nous avons d'autres produits dans la file d'attente», annonce André Tordeux. En croissance de 30 à 40% hors période Covid, GenoScreen compte une trentaine de salariés dont 11 docteurs en recherche.