Le recrutement au-delà des frontières
En à peine sept ans, Cooptalis est directement passée du stade de PME à celui d’ETI. L’expert de la mobilité professionnelle internationale vient d’achever sa troisième levée de fonds de 20 M€ et ambitionne de doubler son chiffre d’affaires pour 2020.
Il avoue lui-même aimer «les projets qui grandissent vite». Avec Cooptalis, Olivier Desurmont est servi. Celui qui se définit comme un «multi-récidiviste de la création d’entreprise» − en 2004, il avait déjà imaginé Sineo, spécialiste du lavage automobile sans eau – est aujourd’hui à la tête, avec son associé Gilles Lechantre (rejoints depuis 2015 par Nicolas Bougon, directeur France) de près de 600 salariés, répartis en Hauts-de-France sur trois bureaux à Marcq-en-Barœul et 15 agences dans le monde. «Après Sineo (revendue et reprise par son ancien directeur commercial, ndlr), je me suis intéressé au monde du recrutement. J’ai rencontré Gilles Lechantre qui avait créé et dirigé Manpower International et nous avons eu l’idée d’imaginer un cabinet de recrutement avec la vocation de proposer aux entreprises, des candidats qui viennent d’ailleurs», explique Olivier Desurmont, dirigeant de Cooptalis.
En plein bouleversement, le monde du recrutement n’a d’autres choix que de s’internationaliser, pour pallier aux pénuries de main d’œuvre. «C’est aussi un réel souhait des entreprises : internationaliser leurs équipes. On nous reproche souvent de rester franco-français et il est vrai que quand une entreprise française ouvre un bureau en Italie, elle aura plutôt tendance à y envoyer un Français ! Aujourd’hui les méthodes changent et il faut co-construire. Mais attention, nous ne faisons pas du tout de détachement. Il s’agit de contrats de travail français, avec un cadre juridique bordé pour les entreprises et les salariés.» Cooptalis recrute sur tous types de postes : ingénieur, équipe dirigeante, informaticien, soudeur, mais aussi chef étoilé, boulanger ou encore… bûcheron !
«Nous sommes sur une course de longue durée»
La France souffre d’attractivité
Face à un marché du recrutement mondial, l’enjeu de l’attractivité des territoires est indispensable et la France a encore quelques efforts à faire. Barrière de la langue, lourdeur administrative, salaires peu élevés… la France reste attractive côté tourisme et culture mais pas pour les expatriés. Le dernier classement HSBC sur les pays les plus attractifs pour les expatriés1 classe la France à la 17ème position en 2019 (2018 : 11ème) et à la 25ème place sur le critère des «ambitions et perspectives professionnelles». «La France souffre d’une image un peu chaotique ces dernières années (grèves, mouvement des Gilets Jaunes…) mais nous parlons aussi très mal anglais, ce qui fait qu’un expatrié aura plutôt tendance à se tourner vers un pays anglophone ! C’est là tout l’enjeu de parler et de valoriser notre pays», ajoute Olivier Desurmont. Sur le territoire national, les Hauts-de-France tirent tout de même leur épingle du jeu – après Paris –, pour leur connectivité et leur berceau économique.
Parmi ses services, Cooptalis propose la relocation des expatriés, notamment en termes de logistique (transfert du candidat à son arrivée à l’aéroport, aide pour le logement, les formalités administratives, l’école des enfants, le travail du conjoint…). Un tissu de 400 logements est mis à disposition sur le territoire français pour les candidats étrangers. Cela repose aussi sur un travail de formation des candidats d’un côté mais aussi des entreprises, notamment au niveau des différences culturelles. «Nous avons une importante responsabilité. Nous avons la capacité de changer la vie de personnes mais il faut s’assurer que tout soit bien fait. Si on sent que le projet d’expatriation n’est pas sûr, nous n’hésitons pas à le différer. Car c’est un vrai projet de vie.» Cooptalis affiche d’ailleurs un taux d’échec de moins de 1%.
Bientôt 1 000 collaborateurs ?
L’ETI surfe sur une croissance fulgurante : 50 M€ de chiffre d’affaires pour 2019 (deux fois plus qu’en 2018) et l’ambition d’atteindre les 80 à 100 M€ pour 2020. Les enjeux humains sont forts : pour agrandir les équipes et asseoir son positionnement international, l’entreprise multiplie les levées de fonds. Une première au démarrage de l’entreprise – avec les actionnaires ainsi que les régionaux Finorpa et IRD –, une seconde en 2018 à hauteur de 20 M€, à la fois auprès d’acteurs nationaux et régionaux et la dernière en date, en novembre 2019, de 20 M€ également, réunissant Idinvest Partners, Crédit Mutuel Equity, Finorpa et IRD (14 M€ levés et 6 M€ de dette bancaire).
Olivier Desurmont assure que Cooptalis ne s’arrêtera pas en si bon chemin puisqu’un autre tour de table serait prévu pour 2020. «Nous partons sur une stratégie sage, tout en grandissant très vite. On est sur une course de longue durée. Nous avons un enjeu de priorisation et de financement», ajoute le directeur général. Des levées de fonds synonymes aussi de recrutement : les équipes régionales devraient rapidement s’étoffer d’une centaine d’emplois supplémentaires ainsi que sur le reste du monde également puisque Cooptalis prévoit l’ouverture de trois à quatre nouveaux pays par an (l’entreprise est déjà présente sur 42 pays) – notamment en Allemagne, Portugal et Espagne. Sans compter la stratégie de croissance externe avec l’acquisition de deux à quatre entreprises par an. L’entreprise vient d’ailleurs de racheter des entreprises au Canada, Benelux, Roumanie et Maroc. Une plateforme d’accompagnement de l’expatrié vient également d’être mise en ligne. Avec un tel développement, Cooptalis peut se targuer de faire partie de ces ETIrégionales dont la croissance, exponentielle, les destine à un avenir plus que prometteur.
- Étude annuelle Expat Explorer.