« Le rebond est plus rapide lorsqu'on est accompagné », Luc Lorthiois, président de 60 000 Rebonds HDF

Alors que la Banque de France annonçait, début juillet, un faible niveau de défaillances – proche de 33 000 entre juillet 2021 et juin 2022 (-35,2% par rapport à 2019) –, et que la vague tant redoutée n'avait pas encore eu lieu, certains secteurs d'activité continuent de souffrir et Luc Lorthiois reste prudent.

« Ces chiffres ne sont pas révélateurs car les entreprises sont encore sous perfusion. Mais je reste confiant sur l'avenir, le chef d'entreprise sait s'adapter. Il y a clairement un droit à tenter et à rebondir. A force de taper sur le clou, ça commence à changer », annonce le président. En 2021 au niveau national, l'association a accompagné 600 entrepreneurs et ouvert 39 antennes.

Car si le dirigeant est bien accompagné durant sa vie entrepreneuriale, là où le bât blesse c'est lorsqu'il est en difficulté. «Ce n'est jamais facile de parler de ses problèmes. Parfois, on fait prendre conscience au dirigeant qu'il doit faire le deuil de son entreprise. Puis on l'accompagne pour réécrire un autre projet. Le parrain est un peu comme un miroir : bienveillant et à l'écoute. » Les chiffres l'attestent : la moitié des dirigeant(e)s accompagné(e)s se tournent ensuite vers le salariat ou de nouveau vers l'entrepreneuriat. Ce droit à tenter, à échouer puis à rebondir commence donc à faire tranquillement son chemin.

Un accompagnement pérenne

En Hauts-de-France, 60 000 Rebonds – qui tire son nom des 60 000 dossiers de dépôts de bilan prononcés en 2012, à la date de création de l'association – a accompagné 59 entrepreneurs en 2021 (contre une centaine en 2020), dont 33 ont rebondi pour moitié dans l'entrepreneuriat et pour moitié dans le salariat.

Sur le territoire, l'association compte des antennes à Dunkerque, Lille, Lens-Arras, dans les prochaines semaines du côté du Hainaut, et avant la fin de l'année à Amiens. « Il faut être pratique et pragmatique, avec, à la clé, pour l'entrepreneur accompagné un accompagnement individuel et collectif, sous forme de coaching, de parrainage, d'intelligence collective. » Le 20 septembre prochain, l'association fêtera ses dix ans, avec la ferme intention d'interpeller le tissu économique local pour créer autour du chef d'entreprise un réseau complet.

« Nous avons la volonté de mieux nous faire connaître et de créer des "vigies" à travers différents réseaux comme le Medef, le CJD, le Club e6, etc. L'idée serait de créer une commission d'alerte pour sentir dès le départ le membre en difficulté. »