Le raffineur Citgo, à nouveau pomme de discorde entre Caracas et Washington
Le gouvernement vénézuélien comme l'opposition qui contrôle l'entreprise Citgo ont critiqué mardi la décision de la justice américaine d'autoriser la vente du raffineur, filiale américaine du géant public pétrolier vénézuélien PDVSA, le...
Le gouvernement vénézuélien comme l'opposition qui contrôle l'entreprise Citgo ont critiqué mardi la décision de la justice américaine d'autoriser la vente du raffineur, filiale américaine du géant public pétrolier vénézuélien PDVSA, le gouvernement parlant même d'un "vulgaire pillage".
La Cour suprême des Etats-Unis a refusé lundi de revoir une décision de justice qui autorisait la vente d'actions de Citgo afin de rembourser des créanciers de PDVSA mais aussi des expropriations réalisées par le gouvernement vénézuélien.
"Cette décision constitue une étape supplémentaire dans l'agression multiforme menée par les institutions américaines contre le Venezuela (...) un vulgaire pillage", estime dans un communiqué le gouvernement vénézuélien.
Les créances dans les tribunaux américains contre Citgo dépassent les 20 milliards de dollars, selon le cabinet EMFI Securities basé à Londres.
La situation de Citgo est un casse-tête depuis des années. Washington, qui n'avait pas reconnu la réélection en 2018 du président vénézuélien Nicolas Maduro, avait donné le contrôle de Citgo à l'opposition en 2019 tout en imposant des sanctions économiques au pays.
Difficultés financières
Le conseil ad hoc de Citgo - nommé par l'opposition et qui dirige de fait la filiale - avait demandé à la Cour suprême de revoir la décision d'un juge permettant la vente des actions du raffineur. "La procédure de vente n'est pas la méthode la plus appropriée", a-t-il souligné mardi, se disant "ouvert à un dialogue constructif avec les créanciers pour parvenir à des accords négociés".
Normalement, les Etats et les entreprises publiques sont considérées comme des entités distinctes, mais les créanciers ont fait valoir que PDVSA était un "alter ego" du Venezuela et donc que sa filiale Citgo était un actif disponible pour payer les engagements de PDVSA et de l'Etat.
De nombreux créanciers ont tenté de s'en prendre à Citgo pour des dettes que Caracas, en difficultés financières, ne peut ou ne veut pas payer. En 2011, le gouvernement vénézuélien avait notamment saisi une mine attribuée à Crystallex (producteur d'or canadien), mais sans rembourser 1,2 milliard de dollars à l'entreprise.
Le pouvoir vénézuélien accuse l'opposition d'avoir "empêché les autorités légitimes d'exercer les actions nécessaires à la protection efficace de Citgo" et assure qu'il "continuera à prendre toutes les mesures politiques, diplomatiques et juridiques pour empêcher la dépossession définitive de Citgo".
Cette pomme de discorde survient alors que Washington et Caracas négocient en secret depuis des semaines, comme l'a confié récemment le président de l'Assemblée nationale Jorge Rodriguez.
Caracas réclame la levée de toutes les sanctions économiques imposées par les Etats-Unis au pays. L'opposition et Washington demandent un calendrier électoral clair et une présidentielle "libre et équitable" en 2024.
Mi-décembre, Washington a libéré l'homme d'affaires Alex Saab, intermédiaire et homme clé du pouvoir vénézuélien accusé de blanchiment d'argent, contre dix Américains détenus au Venezuela. Vingt-quatre prisonniers politiques vénézuéliens ont aussi retrouvé la liberté.
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