Le numérique, eldorado ou casse-tête pour les TPE ?
Des outils numériques pour suivre les exigences de ses clients, pour réduire les frais .. Et si cela finissait par coûter cher ? Pas évident de s'y retrouver, pour les entreprises qui n'ont pas forcément les moyens de se doter d'un expert. De fait, les chiffres sur l'adoption des technologies de l'information par les TPE demeurent très bas.
Le ticket d’accès à la technologie n’a jamais été aussi bas », rappelle Dominique Grillet, PDG de 4 Seven, cabinet d’accompagnement d’entreprises. Accès Internet, ordinateurs portables… Il est de fait que le prix de ces outils a chuté, les rendant largement accessibles. Pour autant, les « enjeux de la mutation numérique » pour la stratégie de l’entreprise demeurent complexes, comme en témoignait une table-ronde consacrée au sujet, le 5 février dernier, à Paris, à l’occasion du Salon des entrepreneurs.
Pour Michel Sasson, directeur de Sasson Conseil, spécialiste du management de l’innovation, pour les entreprises qui existent déjà, la transition vers le numérique permet de « réinventer son modèle économique, trouver une autre mécanique », et même de « réécrire son univers ». Jean-Baptiste Roger, directeur de la Fonderie, organisme public qui accompagne les projets de mutation d’entreprises vers le numérique, en Ile-de-France, souhaite, lui, apporter une vision « non anxiogène » de la question. Pour ce dirigeant, « le numérique, c’est un moyen de rationalisation, mais pas seulement. On essaie de s’inscrire en faux contre cette idée. Des économies ? Vous n’en ferez pas ». Avis contrasté d’Olivier Gravet, qui a géré la conversion d’une imprimerie à l’heure du numérique. D’après ce chef d’entreprise, cet outil « est aussi un moyen de rationaliser les organisations ». Mais il insiste aussi sur un autre point : « les investissements que l’on fait transforment toute l’entreprise. Et pour ces transformations, il faut prendre en compte le changement et l’accompagnement du changement. C’est difficile à faire en même temps que le boulot ».
Un courriel ? Non merci
De fait, d’après une enquête récente de la Fédération des centres de gestion agréés (FCGA) , l’usage des technologies de l’information par les TPE demeure des plus sommaires. Même les outils les plus basiques semblent méconnus. Globalement, le niveau contraste fortement avec les scores globaux des entreprises françaises constatés en 2013 par l’Observatoire du Numérique, – étude réalisée conjointement avec les services de Bercy. D’après ce dernier, 64% des entreprises au total disposent d’un site Internet et 44% d’un Intranet. Par ailleurs, 45% des salariés travaillent régulièrement avec Internet. Du coté des TPE, les chiffres sont plus bas : seulement un peu plus de la moitié des TPE disposent d’un site Internet, d’après la FCGA. Cette proportion progresse toutefois, par rapport à 2011. A cette date, 62% des TPE étaient absentes de la Toile. Et 13% de ces dernières envisageaient d’y aller prochainement.
Plus étonnant, les entreprises qui possèdent un blog ou sont présentes sur les réseaux sociaux sont presque aussi nombreuses que celles qui disposent d’un site Internet. Autre tendance, peu de TPE se servent d’Internet pour faire de la veille ou échanger avec leurs partenaires professionnels, comme par exemple leur banquier ou leur comptable. Seule une petite minorité ( 20%) tire parti de cette possibilité, privilégiant alors les sites des banques, des clients, et en troisième lieu, des expertscomptables. Par ailleurs, même un outil dont l’usage semble devenu très banal , la messagerie, n’est pas adoptée par tous les chefs des petites entreprises. Aujourd’hui, à peine plus de la moitié, ( 54%) des entrepreneurs questionnés affirment utiliser régulièrement leur messagerie électronique, alors qu’ils étaient 43% en 2011. Ils sont encore 24% à déclarer ne pas l’utiliser du tout, contre 35% en 2011. Et 22% d’entre eux que de manière occasionnelle. Un pourcentage qui n’a quasiment pas évolué en trois ans.