Le Nord-Pas-de-Calaisest-il vraiment attractif ?

On l’entend souvent : le Nord-Pas-de-Calais est une terre attractive pour les entrepreneurs étrangers. Mais qu’en estil réellement ? Quelles sont les forces et les faiblesses de la région ? Comment les entreprises perçoivent-elles notre territoire ? Nord France eXperts a souhaité disposer d’une évaluation de l’attractivité régionale. Le bureau KPMG a mené cette étude auprès d’un échantillon représentatif d’entreprises à capitaux étrangers. Les résultats ont été dévoilés lors de l’International Week qui s’est déroulée du 14 au 18 juin derniers.

Méthodologie. L’étude a été menée sur un échantillon représentatif de filiales de plus de dix salariés, en prenant en compte trois critères : le bassin géographique (Grand- Lille, Artois-Ternois, Hainaut-Cambrésis, Littoral), la nationalité des groupes en présence et l’activité (secondaire ou tertiaire). Ainsi, 78 filiales de groupes étrangers installés en région ont été interrogées.

Sans surprise, c’est essentiellement sur le Grand-Lille que la majorité des activités se concentre, notamment tertiaires (58%) alors que les autres secteurs se situent très largement dans le secteur secondaire, à plus de 65%. A 64%, les filiales recherchent avant tout le développement commercial : augmentation des ventes, conquête de nouveaux marchés, investissement sur le marché régional, national ou européen. Des critères en phase avec la position géographique de la région, au coeur de l’Europe. “La position géographique est plébiscitée à 79% des personnes sondées. Suivent le tissu économique à 58%, la qualité des infrastructures (48%) et celle de la main-d’oeuvre (42%)”, explique Eric Bleuez, directeur régional de KPMG. Le bureau d’études s’est également attardé sur l’image de la région. Avant l’implantation, 46% des entreprises en avaient une bonne vision. Après, elles sont 68% à se déclarer satisfaites ou très satisfaites. Et pour le tiers d’entre elles qui qualifiaient l’image comme mauvaise, elles ne sont plus qu’1% après leur implantation. Une satisfaction qu’elles n’hésitent pas à diffuser à leurs contacts : “85% recommanderaient à un autre groupe de s’implanter en Nord- Pas-de-Calais” détaille Eric Bleuez. Finalement, seul le recrutement semble être ce qui pêche. Bien que la formation et l’enseignement soient jugés satisfaisants (pour trois quarts des interrogés), attirer les talents reste difficile comme en témoigne Bruno Capron, directeur général de Bridgeston France dont une filiale est implantée à Béthune : “C’est difficile d’attirer des talents du Sud mais une fois qu’ils sont là, ils restent !” Concernant les infrastructures, le constat est unanime : 75% des interviewés trouvent la route accessible. Constat plus mitigé pour le rail, notamment lorsque l’on s’éloigne de Lille où la qualité des accès ferroviaires et des TER est jugée insuffisante. Deux tiers des dirigeants sont satisfaits des infrastructures aéroportuaires. Enfin, 27% des dirigeants attribuent à la région des valeurs de “travail, combativité et courage” et 20% la jugent “accueillante, conviviale et où il fait bon vivre”.

 Une image à travailler, encore et toujours. “Nos villes placent le Nord-Pasde- Calais comme la porte d’entrée de l’Europe. Mais nous avons une image à construire. L’identification de la région reste encore très marquée par la mine”, reconnaît Pierre de Saintignon, vice-président du Conseil régional en charge du développement économique, rapidement rejoint par Daniel Percheron :“Nous le savons depuis toujours mais nous le redécouvrons à chaque fois : nous sommes un coeur d’Europe.” Une position centrale qui a poussé de nombreuses filiales à s’implanter en région comme explique Bruno Capron, arrivé du Sud-Ouest il y a une vingtaine d’années. “Pour que Firestone vienne à Béthune, c’est que les atouts étaient de poids ! Et 75% de nos ventes ont lieu dans un rayon autour de 1 000 km autour de Béthune. Le Nord-Pas-de-Calais ne doit pas avoir peur de répéter ses points forts. Il faut arriver à faire abstraction du passé pour voir un jour nouveau.” Un constat bien entendu partagé par Daniel Percheron : “L’arrondissement qui se développe le plus est celui de Montreuil : il concentre 40% des résidences secondaires de la région. Il attire les retraités régionaux et étrangers. Dans l’arrondissement de Lens et ses 400 000 habitants, le Louvre Lens sera bien plus qu’un musée. Quant à Roubaix, elle n’est plus une ville repoussoir mais une ville créatrice de richesses. La Région a investi 100 millions d’euros dans le renouvellement urbain. Alors oui, nous sommes de plus en plus attachés à cette dimension de l’attractivité. Seul 1,5% du crédit d’impôt est alloué au Nord-Pasde- Calais. Comme dans une course, nous partons souvent les derniers ou les avantderniers. C’est une des questions les plus difficiles à résoudre. Cela n’a pas encore dissuadé les investisseurs étrangers mais il faut y faire attention.”