Le Département du Nord inquiet pour son avenir
Arrivé à mi-mandat de sa présidence au Département du Nord, Jean-René Lecerf s’est penché sur les différents dossiers de la rentrée. Entre crainte de la métropolisation et problèmes de remise à l’emploi des allocataires du RSA, le président déplore un «environnement peu rassurant».
«Je ne condamne pas les propositions qui sont faites, mais qu’on me dise clairement : ‘Les Départements sont-ils menacés ?’» Depuis le début de son mandat, Jean-René Lecerf ne cesse de le rappeler. Sa crainte, en tant que président de l’un des Départements les plus pauvres de France, c’est celle de l’exemple lyonnais (depuis le 1er janvier 2015, la communauté urbaine de l’agglomération remplace le Département du Rhône sur son territoire). «Le retour du dossier ‘Métropole’ s’est fait dans notre dos. Il y a eu des entretiens entre Matignon et les présidents de métropole. Je suis assez fâché sur ce dossier. Ce que je crains, c’est la constitution d’un ghetto de riches d’un côté et d’un ghetto de pauvres de l’autre. Selon moi, l’exemple lyonnais est un contre-exemple», avance Jean-René Lecerf. Précisant par la même occasion que les présidents des cinq Départements concernés par cette possible métropolisation (les Bouches-du-Rhône, les Alpes-Maritimes, la Gironde, la Loire-Atlantique et la Haute-Garonne) ont demandé à être reçus par le président de la République. «Nous allons proposer un référendum local le 26 mai (jour des élections européennes, ndlr). Nous n’allons pas nous précipiter, mais on va se secouer.»
Patrimoine immobilier
L’année 2017 aura été une «très bonne année» pour le Département du Nord en matière de fonds national de péréquation des DMTO (les droits de mutation à titre onéreux, qui comprennent les droits d’enregistrement et la taxe foncière, donc l’ensemble des transactions immobilières sur le Département). Et 2018 sera sur la même lancée avec plus de 300 millions d’euros transactés : «85% des transactions se déroulent sur le territoire de la MEL. Donc, si Lille sort du Département comme cela a pu être le cas avec Lyon, il n’y aura presque plus de recettes», abonde Jean-René Lecerf. Autre gros projet en cours pour le Département : le dossier du Forum, cet ensemble de bureaux rue Gustave-Delory, propriété du Département. Cet immense bâtiment sera rasé et reconstruit pour laisser place à 26 000 m2 de bureaux, à la fois à destination des 1 400 salariés du Département et à d’autres opérations immobilières privées, pour un investissement total de 150 millions d’euros (à raison de 80 millions d’euros pour le Département).
Retour à l’emploi des allocataires
Cheval de bataille de Jean-René Lecerf depuis le début de son mandat, le retour à l’emploi des allocataires du RSA progresse. Depuis 2016, 15 000 personnes ont retrouvé la voie de l’emploi, mais c’est encore trop peu. «Le grand problème, c’est la confrontation entre l’offre et la demande. J’ai des emplois à proposer, mais pas d’allocataires…» déplore le président. Et de souligner qu’en 2019, une expérimentation de sanctions devrait débuter pour les allocataires refusant des emplois proches de leur domicile. Dans le Nord, leur nombre serait estimé à plus de 10 000. «Notre survie dépend du nombre d’allocataires que l’on pourra remettre à l’emploi.»
Benjamin Hus, nouveau DGS au Département du Nord
Depuis le 1er septembre, Benjamin Hus, 29 ans, a rejoint le Département du Nord en tant que directeur général des services, en remplacement de Christophe Picard qui a rejoint les Alpes-Maritimes en tant que DGS. Depuis février 2016, ce diplômé de l’Institut d’études politiques et de l’Institut régional d’administration de Lille occupait le poste de DGS à la Ville de Tourcoing. Il a également été chargé de développement territorial, investisseur, à la Caisse des dépôts et consignations (direction régionale de Picardie), de septembre 2014 à mars 2015.