Le capital-risque, une solution pour les entreprises familiales ?
Les capitaux-risqueurs s’efforcent de convaincre les dirigeants d’entreprises familiales que leurs intérêts respectifs ne sont pas antinomiques. Il est possible de s’entendre à certaines conditions, à en suivre le guide des bonnes pratiques réalisé par l'APIA (Administrateurs professionnels indépendants associés).Les capitaux-risqueurs s’efforcent de convaincre les dirigeants d’entreprises familiales que leurs intérêts respectifs ne sont pas antinomiques. Il est possible de s’entendre à certaines conditions, à en suivre le guide des bonnes pratiques réalisé par l'APIA (Administrateurs professionnels indépendants associés).
Les entreprises familiales ont plutôt la cote…une étude récente montrait qu’elles résistaient plutôt bien à la crise. Pourtant, malgré leurs qualités, « on sait que les entreprises familiales restent trop souvent des PME, elles ne parviennent pas assez souvent à la stature d’ETI1 », pointe Christophe Saubiez en charge des entreprises familiales chez Deloitte, cabinet de conseil. C’était le 24 octobre dernier, à Neuilly, lors de la présentation du cahier consacré à « Développer ou transmettre avec un investisseur financier. Bonnes pratiques pour le dirigeant et l’administrateur », réalisé par l’APIA, qui regroupe des administrateurs professionnels indépendants associés. Car pour Christophe Saubiez , « structurellement, rien ne fait obstacle à ce que les fonds et les entreprises familiales travaillent ensemble (…). L’entreprise familiale doit garder ses valeurs, son identité, mais aller chercher les capitaux et les managers dont elle a besoin ».
Divers professionnels du capital investissement étaient présents, lors de cette présentation, pour témoigner de leur démarche. Roberta Nataf, partner chez TCR Capital, société de capital investissement indépendante, dresse un panorama d’un secteur qui a beaucoup évolué. « Le capital investissement existe depuis environ trente ans. Au départ, tout le monde faisait un peu de tout, puis, au fur et à mesure, le secteur s’est segmenté et spécialisé », explique-t-elle. Les différents intervenants sont spécialisés selon le type de transaction, le niveau de détention de capital, ou encore l’ancrage géographique plus ou moins large et le secteur d’activité. Autres spécificités, l’origine des fonds, mais aussi le style de l’intervention. « Certains investisseurs financiers sont plus passifs, ils ont un portefeuille plus large. D’autres sont beaucoup plus présents, avec un portefeuille plus concentré », précise Roberta Nataf.
Jamais de chiffres au premier rendez-vous
Par exemple, l’entreprise familiale des éditions Francis Lefebvre, spécialisée dans les ouvrages juridiques, a choisi un fonds d’investissement, en fonction de ces derniers critères. « Ils ont été attentifs au caractère pas trop intrusif du fonds », témoigne Jacques Sorrel , administrateur indépendant, membre d’APIA. D’autres conditions ont permis à l’opération de bien se dérouler. L’entreprise souhaitait céder une filiale spécialisée dans l’édition de logiciels, « une entreprise rentable avec un vrai projet, un chiffre d‘affaires de 40 millions d’euros en 2011, et un vrai business plan à cinq ans, fiable », commente Jacques Sorrel. Par ailleurs, un administrateur indépendant a été nommé. « Les objectifs initiaux ont été atteints car le business plan a été à peu près respecté. Cela simplifie la relation avec le fonds. Si ce n’est pas le cas, il faut prévenir tôt (…) . En fait , c’est la même relation qu’avec la banque. L’investisseur n’aime pas être surpris », explique jacques Sorrel. La phase de préparation du projet est essentielle, estime Roberta Nataf pour qui, « avec une bonne compréhension des objectifs des uns et des autres, dès le départ, on peut arriver à concilier les deux points de vue (….) Au premier rendez-vous, on ne parle jamais de chiffres ». Par ailleurs, le capital investisseur peut apporter une valeur ajoutée supplémentaire, au-delà de l’aspect financier. « Il aide dans la croissance externe, (…) en ouvrant son carnet d’adresses, y compris à l’international( …) . Le vrai travail c’est cet accompagnement », précise encore Roberta Nataf.
Le rôle tampon de l’administrateur indépendant
Dans la construction de cet édifice, l’administrateur indépendant constitue une pièce importante. Il est là pour « faire le lien » entre managers et investisseurs, explique l’un d’eux, présent à la tableronde. Pour lui, « il faut affirmer qu’être investisseur est un métier. Et manager aussi. Et ils ne peuvent pas se substituer (…) Entre les deux, l’administrateur est indépendant, c’est-à-dire qu’il n’est ni le représentant de l’actionnaire ni du manager opérationnel. Il explique à chacun ce que l’autre ne voit pas de la même façon ». Exemple : les demandes de reporting faites par l’investisseur. Sur ce sujet, l’administrateur est supposé faire comprendre à l’investisseur que le manager n’a matériellement pas le temps de passer ses journées à rédiger des documents et au manager, que le fonds a besoin d’un minimum d’informations pour rassurer ses propres investisseurs. « Dans tous les deals, à un moment donné, il y a un problème. Dans le cas de crise, l’administrateur indépendant a un rôle de coulisse, d’ inviter chacun au réalisme », ajoute ce professionnel.