Solutions environnementales

Laon : l'agriculture de demain s'invente sur la ferme pilote d'Allemagne

Depuis 2017 et l'inauguration de la ferme pilote d'Allemagne, située à la sortie de Laon, en direction de Crécy-sur-Serre, les solutions de l'agriculture de demain y sont expérimentées. La société de négoce agricole Asel du groupe Issipa s'est en effet associée à l'agriculteur Jean-Marie Fontaine afin de réaliser des essais sur plusieurs parcelles de son exploitation de 220 hectares.

Simon et Paul Bidaut, négociants agricoles, expérimentent à Laon, les solutions de l'agriculture de demain.
Simon et Paul Bidaut, négociants agricoles, expérimentent à Laon, les solutions de l'agriculture de demain.

L'objectif pour Asel, spécialisée dans l’approvisionnement en agrofournitures (semences, engrais, produits phytosanitaires), la collecte de céréales, et la commercialisation d’outils d’aide à la décision et de différents services agricoles, dont le siège est basé à Monceau-le-Waast ? Tester sur le terrain des idées pour réduire l'utilisation de produits phytosanitaires et permettre aux agriculteurs de faire des économies.

« Jean-Marie Fontaine est une personne avant-gardiste, c'est pour cela qu'on s'est associé à lui, il est toujours en recherche d'améliorer sa façon de pratiquer l'agriculture, explique Simon Bidaut, codirigeant du groupe Issipa avec son frère Paul et son père Olivier. Il a déjà sur son exploitation une rotation complexe et diversifiée de huit cultures qui sont représentatives de celles qu'on retrouve dans la région. » Jean-Marie Fontaine produit notamment sur son exploitation des oignons et des carottes qui vont servir à l'alimentation des bébés mais aussi des betteraves ou encore des pommes de terre.

Vingt-cinq nouvelles technologies déjà testées en 2022

La société Asel et l'agriculteur laonnois se mettent chaque année d'accord pour tester de nouvelles technologies. Rien que cette année, 25 solutions nouvelles sont testées, sur une partie de l'exploitation. « On va d'abord tester la première année sur une petite parcelle puis sur la moitié du champ l'année d'après si cela donne du résultat, on essaie de sentir les choses et l'agriculteur reste seul décisionnaire, explique Simon Bidaut. Le but, c'est de confronter la belle idée sur le papier ou dans nos têtes à la réalité du champ. »

Simon Bidaut cite quelques exemples d'expérimentations menées à bien ces derniers mois : « Il y avait un souci avec le colza, c'est que les insectes viennent manger le bouton floral et si ce bouton n'est plus là, il n'y a plus de fleur, dit-il. Pour éviter ça, deux insecticides étaient utilisés. Pour y remédier, on a planté une autre variété de colza qui fleurit précocement, ce qui va attirer tous les insectes dessus et laisser tranquille les autres plants de colza qui vont fleurir un peu plus tard. Cela permet d'économiser et d'éviter le passage d'un insecticide par an. » Il explique que sur 100 000 hectares de colza dans l'Aisne, 7 000 appartenant aux agriculteurs faisant partie du négoce ont bénéficié de cette innovation.

Des expérimentations ont notamment été menées sur le colza ces derniers mois (photo non contractuelle). (c)AdobeStock

Un autre cas concret - qui démontre que la recherche menée ici peut s'appliquer assez rapidement dans la région - avec celui de la répartition de l'azote pour le blé, par satellite. « Le blé est une plante qui a des besoins d'azote et l'idée est de mieux répartir cet azote en fonction des besoins et pour cela, on utilise les images satellites, explique Simon Bidaut. Il faut savoir que les satellites passent en permanence au-dessus de nos têtes et peuvent fournir des images très précises des champs, on va voir la couleur du blé, savoir à quel endroit il y a besoin d'azote et à quel endroit il y en a moins besoin. Le principe, c'est de mettre la bonne dose au bon endroit, c'est au final moins de gaspillage et un rendement amélioré. »

La ferme d'Allemagne s'est également dotée d'une station météo permettant à l'agriculteur grâce à des capteurs de mesurer l'hydrométrie de son exploitation, de savoir quand ajouter de l'engrais ou pas. « On peut réduire de 10 à 20% l'utilisation de produits grâce à cela », indique Simon Bidaut.

La ferme continue d'être le théâtre d'expérimentations et travaille aussi sur la question brûlante des néonicotinoïdes, accusés de faire du tort aux abeilles même si les dirigeants ne peuvent pas en dire davantage pour le moment. Là encore, il s'agit de réduire l'empreinte sur l'environnement, tout en fournissant une solution efficace à l'agriculteur.