L’affinage, une histoire de famille pour les Losfeld
De génération en génération, les Losfeld ont façonné l’histoire gastronomique régionale en affinant, depuis 1871, des fromages à Roubaix. Avec près de 100 000 fromages en stock, l’entreprise mise sur l’ouverture d’une nouvelle fromagerie à Maroilles et sur la sortie d’un produit 100% Hauts-de-France pour diversifier son activité.
Difficile de s’imaginer que sous les bâtiments de cette ancienne usine textile, se cachent des centaines de milliers de fromages, très prisés des amateurs de France et d’ailleurs. La famille Losfeld affine des fromages du Nord depuis 1871, d’abord à Mouvaux et depuis les années 80 à Roubaix. Des mimolettes et des fromages estampillés «Saveurs en’Or» (le Géant des Flandres, le Pavé du Nord ou le Petit César) sont choyés et brossés dans des conditions de stockage qui leur apporteront du goût. César-Yves Losfeld, directeur depuis 2004 et arrière-petit-fils du fondateur, se rappelle des débuts de l’entreprise familiale qui depuis, a bien évolué : «Le fromage a tout de suite été l’ADN de l’entreprise. Mais avant, la distribution se faisait en porte-à-porte. La période de guerre a marqué la fin de l’activité, reprise en 1950 avec la reconstruction d’un bâtiment. Il a fallu importer des fromages des pays du Nord, mais aussi changer de modèle avec l’apparition de la distribution moderne et l’arrivée des supermarchés. Dans les années 70/80 – et avec l’apparition des plateformes intégrées à la grande distribution –, la famille arrive à Roubaix.» L’entreprise investit dans un bâtiment avec 3 000 m2 de caves. Surtout, César Losfeld se réinvente. «Aujourd’hui, nous cherchons des produits nouveaux qui correspondent aux envies des consommateurs, en mettant en place des partenaires avec des producteurs locaux. Mais aussi avec le développement d’une zone de préemballage et de transformation des fromages», explique le directeur. C’est par exemple le cas de La Reine du Nord, fromage 100% Hauts-de-France, produit avec du lait du parc naturel de l’Avesnois, fabriqué à Maroilles et affiné à Roubaix. Déclinée sous forme de raclette et labellisée elle aussi “Saveurs en’Or”, la Reine du Nord est à l’affût des nouvelles tendances de consommation… et des saisons !
Entretenir le réseau local
Parmi les clients de César Losfeld, on retrouve les GMS (Grandes et moyennes surfaces), la restauration commerciale pour 25% de l’activité, le commerce traditionnel (40%) et l’export (15%), un marché sur lequel l’entreprise est présente depuis une vingtaine d’années, notamment en Belgique, au Royaume-Uni, en Allemagne… L’entreprise a d’ailleurs racheté, en 2000, Thomas Export, une société spécialisée dans l’international. Il y a deux ans, une fromagerie a ouvert ses portes à Maroilles, à raison d’un investissement de 2,5 millions d’euros. «Nous avons racheté une fromagerie qui avait fermé ses portes. Nous y fabriquons des fromages, dont La Reine du Nord. Les produits y restent huit semaines puis sont affinés ici, à Roubaix, entre 6 et 24 mois», explique César-Yves Losfeld. Cette nouvelle branche de l’entreprise répond aussi à la volonté de l’entreprise de 44 salariés de montrer toute l’étendue du savoir-faire régional. «À partir des années 1990, il n’y avait plus de producteurs régionaux de mimolette alors que les Hauts-de-France étaient le berceau de la consommation ! Avec La Reine du Nord, nous voulons montrer qu’il est possible de réintégrer ce savoir-faire en région», s’enthousiasme le directeur qui ne compte pas s’arrêter là puisque l’entreprise a aussi lancé le Saint-Humbert – un saint qui a vécu à Maroilles –, un fromage à pâte pressée, affiné entre trois et six mois et qui a gagné cet été une médaille d’Or à la Foire aux fromages de La Capelle, dans l’Aisne.
Au plus proche du consommateur
Grâce à ses partenaires en crèmerie et en viande/charcuterie, César Losfeld distribue près de 1 600 références – françaises mais pas uniquement – et est présent dans 200 restaurants, dans un rayon de 60 km autour de Roubaix. La France reste le premier pays le plus consommateur de fromages avec 24 kg par an et par habitant. Et cette gourmandise s’ouvre à de nouveaux pays comme les pays asiatiques, à l’image du Japon, passé de 500 g/an/habitant à environ 4 kilos aujourd’hui. «Les consommateurs cherchent de nouvelles sensations gustatives, avec des produits locaux», analyse le directeur. De quoi offrir de beaux jours à l’entreprise roubaisienne, forte d’un savoir-faire préservé.