La robotique régionale révolutionne le e-commerce
Difficile de croire que derrière cet entrepôt somme toute classique, se cachent des robots qui bouleversent le monde du e-commerce et en simplifient la logistique. Imaginés par deux ingénieurs, Romain Moulin et Renaud Heitz, ces petits engins facilitent la préparation de commandes au détail.
Parisiens tous les deux, ils ont choisi de venir s’implanter en métropole lilloise pour bénéficier d’une surface de production et de stockage digne de ce nom. Car il en faut de la place pour imaginer, assembler, construire et faire tester le «Skypod», ce robot de 660 x 800 x 380 mm qui porte un bac sur le dos pouvant accueillir une charge de 30 kilos. Et, surtout, qui peut monter jusqu’à 10 mètres de hauteur en transportant et en rangeant des bacs contenant les articles rangés dans les racks. Alors qu’un opérateur va parcourir jusqu’à 15 km par jour, le robot enchaîne les allers-retours, va chercher le bac contenant l’objet et l’amène à l’opérateur, sans infrastructure de guidage. Le robot peut ainsi réaliser jusqu’à 400 prélèvements à l’heure contre 80 pour un opérateur. «Nous vendons le système complet : les racks, les robots et les logiciels», explique Romain Moulin, CEO. Cette belle start-up d’une quarantaine de salariés a d’ailleurs reçu la visite de Xavier Bertrand, président de la Région Hauts-de-France, lors de l’inauguration de ses nouveaux bureaux à Croix début juillet. D’abord installée Porte-de-Valenciennes à Lille, Exotec solutions s’est rapidement trouvée à l’étroit, pour atterrir au parc d’activités de la Gare-de-Croix qui, depuis quelques mois, ne cesse de se densifier.
Adapter le stockage et gérer les flux
«De par nos expériences en robotique médicale, nous utilisions déjà le savoir-faire des machines et le e-commerce avait besoin de solutions. Il nous a fallu trois versions de prototypes avant de lancer la production. Le logiciel développé par Exotec solutions supervise la flotte des robots, comme un chef d’orchestre, et le robot, quant à lui, se déplace sur le sol par un guidage laser. Un système de montée avec crémaillère lui permet de s’accrocher aux racks», explique Romain Moulin. Impressionnants de réactivité, les Skypod allient vitesse et précision, s’agrippant aux racks pour y redescendre quelques secondes plus tard, jusqu’à la station avec poste tactile intégré où le préparateur de commandes réceptionne les produits. Romain Moulin et Renaud Heitz ont investi 3 millions d’euros dans la mécanique, l’électronique et les logiciels. «C’est une course à la performance, il y a toujours quelque chose à améliorer. Le système ne s’arrête jamais», concède Romain Moulin. Les besoins sont de taille et les clients exigeants, dans un secteur d’activité où la rapidité d’expédition est le maître mot : le premier client d’Exotec solutions n’est autre que Cdiscount avec 60 robots installés, suivi par Showroomprivé. Moteur espagnol, batterie et mécanique françaises, le robot est testé à Croix avec une maîtrise complète. Une fois leur batterie déchargée, les robots s’autogèrent pour se recharger.
Bientôt 1 500 m2 d’entrepôts supplémentaires
200 Skypod ont été produits en 2018, avec un objectif de 1 000 en 2019, au rythme d’un robot produit quotidiennement. Si Exotec solutions compte déjà 40 salariés, ils devraient être 60 fin 2018… et 100 en 2019. «Nous recherchons tous types de profils : fabrication, assemblage, maintenance, technique… Nous voulons embaucher le meilleur des start-up et le meilleur de l’industrie. Nous n’avons pas vraiment l’image d’une start-up geek, plutôt celle d’une PME avec des process très structurés et des méthodes industrielles», poursuit le CEO. Après une levée de fonds de 3 millions d’euros auprès de fonds parisiens, puis, plus récemment, de 15 millions d’euros, Exotec solutions a des ambitions à la hauteur de sa croissance – multipliée par 10 en 2017 – : les Etats-Unis et la Chine dans deux ans. Un développement à l’international qui demandera de nouvelles fonctionnalités au Skypod : en France, les entrepôts mesurent en général 12 mètres de haut mais sont plus hauts à l’étranger, ce qui demandera au robot de monter à plus de 10 mètres. «Nous ambitionnons d’être une ETI régionale. Il y a toutes les ressources en Hauts-de-France pour monter un empire industriel, notamment grâce à un très bon réseau logistique et commercial.» Prochaine étape pour l’entreprise, l’étendue de ses bureaux à quelques centaines de mètres, sur un bâtiment qui sortira de terre l’an prochain, sur une surface de 1 500 m2. Une nouvelle étape dans la croissance de l’entreprise, vers un développement qui s’annonce prometteur.