La mythique verrerie française Duralex reprise par les salariés sous forme de Scop

Les 226 emplois de Duralex sont sauvés: le tribunal de commerce d'Orléans a validé vendredi le projet de Scop des salariés pour poursuivre l'activité de cette verrerie française connue dans le...

De la vaisselle Duralex présentée dans un showroom à La Chapelle-Saint-Mesminon le 26 novembre 2012 © Martin BUREAU
De la vaisselle Duralex présentée dans un showroom à La Chapelle-Saint-Mesminon le 26 novembre 2012 © Martin BUREAU

Les 226 emplois de Duralex sont sauvés: le tribunal de commerce d'Orléans a validé vendredi le projet de Scop des salariés pour poursuivre l'activité de cette verrerie française connue dans le monde entier pour sa vaisselle réputée incassable.

Le tribunal a considéré la Scop comme un "projet marketing et commercial cohérent et sérieux" avec des "garanties fortes", estimant qu'elle apparaît en mesure de maintenir les "activités des salariés dans des conditions réalisables".

Après plusieurs mois d'incertitude depuis le placement en redressement judiciaire de l'entreprise fin avril, le projet de coopérative, soutenu par 60% du personnel et porté par la direction du site, doit permettre le maintien de la totalité des emplois.

L'entreprise comptait encore récemment 228 salariés mais une démission et un départ à la retraite ont porté ce chiffre à 226, a précisé Vasco Da Silva, le secrétaire du CSE, élu CFDT.

"On est soulagé pour l'ensemble des salariés de Duralex qui se sont battus. Tout le monde est venu à nos côtés pour gagner. Les salariés sont plus que motivés, on invite tous les Français à acheter Duralex !", a lancé François Marciano, le directeur de l'usine, qui a donné rendez-vous à la presse le 2 septembre "pour présenter le plan stratégique et un projet national inédit".

"C'est une belle victoire pour une entreprise française emblématique et connue de toutes et tous !", s'est de son côté félicité le ministre démissionnaire de l'Industrie Roland Lescure, joint par l'AFP. 

"C'est grâce à la grande détermination des salariés, qui ont construit ce projet de Scop depuis de longs mois, que la reprise de Duralex a pu être rendue possible et l'Etat a répondu favorablement à leur demande de soutien financier. Ce projet devrait permettre de pérenniser l'activité de Duralex et maintenir l’ensemble des emplois", a-t-il ajouté.

"Il y a eu une explosion de joie au tribunal", a raconté Laure Cerandon, responsable atelier chez Duralex, indiquant avoir "déjà reçu le nouvel organigramme" de la Scop.

Michael Ramos, salarié depuis 29 ans de la verrerie, s'est félicité que "tous les emplois soient sauvegardés", après avoir "subi les conséquences de ce qu’il se passe en coulisses".

Pour le délégué syndical CFDT Suliman El Moussaoui, "le plus dur commence, mais c'est une victoire".

La semaine dernière, le tribunal de commerce a étudié pendant six longues heures les trois dossiers de reprise déposés pour relancer Duralex, fleuron de l'industrie française situé à La Chapelle-Saint-Mesmin (Loiret), commune de l'agglomération d'Orléans.

Et c'est le projet de Scop qui a, depuis le début, réuni le plus de soutiens: cent-cinquante salariés de l'entreprise y ont déjà investi "500 euros de leur poche", selon la CFDT, syndicat majoritaire.

Il avait aussi reçu l'appui des élus locaux, dont celui de la région, qui a promis son soutien sous forme de garantie bancaire.

Le président de la région Centre-Val de Loire, François Bonneau, a évoqué "un succès pour les salariés" et "une vraie victoire sociale" pour "une entreprise emblématique", dans un communiqué.

La métropole d'Orléans a proposé de racheter le site de la verrerie, pour une somme évaluée entre 5 et 8 millions d'euros. Son président, Serge Grouard, a loué un projet industriel "très robuste", permettant "de porter une dynamique de redévoloppement intéressante".

Marque emblématique

Deux autres offres de reprise étaient en lice: celle de la SARL Tourres et Cie, détenue par Stéphanie et Adrien Tourres, qui prévoyait de conserver 183 salariés. Ce projet avait les faveurs de la CGT, qui considérait la Scop "comme un plan B".

Une offre émanait de Carlesimo Investissements/GCB Investissements qui ne reprenait que 125 emplois.

Cette décision de la juridiction d'Orléans doit être l'épilogue d'une énième crise connue par Duralex, régulièrement confrontée à des difficultés financières depuis une vingtaine d'années.

Après une nouvelle procédure de redressement judiciaire il y a trois ans, l'entreprise a subi la flambée des prix de l'énergie après l'invasion de l'Ukraine par la Russie en 2022, sauvée temporairement par un prêt de 15 millions d'euros de l'Etat.

En 2023, son chiffre d'affaires est tombé à 24,6 millions d'euros, contre plus de 31 millions en 2022.

Duralex, qui fut la fierté de la production industrielle française, qualifiée de "tour Eiffel de la vaisselle", est actuellement aux mains de la Compagnie française du verre, également propriétaire de Pyrex, qui l'avait reprise à la barre de ce même tribunal en 2021.

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