La moutarde de Dijon… de Boulogne

À Saint-Étienne-au-Mont, l’Atelier des épices et condiments produit 10 tonnes de moutarde par jour sous l'appellation «moutarde de Dijon» ; 70% de cette production part à l’étranger. En 2021, l'entreprise a lancé la gamme Crown's qui a intégré les rayons des supermarchés.

Nicolas Royer présente la gamme de produits fabriqués à Saint-Etienne-au-Mont. © Aletheia Press/O. Prud’homme
Nicolas Royer présente la gamme de produits fabriqués à Saint-Etienne-au-Mont. © Aletheia Press/O. Prud’homme

Certains diront qu’il ne faut pas être de Cambrai pour faire des bêtises. En ce qui concerne la moutarde, c’est pareil, il ne faut pas forcément être de Dijon pour en fabriquer. En effet, la moutarde de Dijon n’est pas une appellation d’origine contrôlée et elle peut être fabriquée n’importe où sur le Continent. Preuve en est, l’Atelier des épices et des condiments de Saint-Étienne-au-Mont, situé à quelques kilomètres de Boulogne-sur-Mer, s’est fait une place sur ce marché. C’est rue de la Gare, dans la petite ville de 5 000 habitants, qu’est installée l’usine de conditionnement sur environ 4 000 m².

«Ici, les 11 salariés, fabriquent quotidiennement 10 tonnes de produits finis. Il y a la moutarde à l’ancienne avec les graines brunes ou la traditionnelle et ses dérivés. De plus, une gamme de vinaigrettes ou de Piccalilli, cette sauce prisée des Anglais, renforcent le panel d’offre commerciale», introduit Nicolas Royer, le directeur. Par pot de 180 grammes jusqu’au bac d’une tonne, la production est conditionnée pour une expédition aux quatre coins du monde. «Nous exportons vers divers pays européens, mais aussi en Israël, en Angleterre ou encore en Chine. Notre marque Crown’s, quant à elle, est vendue dans les supermarchés de la région. Nous avons d’ailleurs élaboré une gamme sans sulfites et une déclinaison bio avec des composants naturels comme le miel, pour satisfaire tous nos clients.» Ainsi, ce sont des tonnes de produits finis qui quittent quotidiennement le site de Saint-Étienne-au-Mont.

Quel avenir entre Brexit, pénurie et hausses diverses ?

La moutarde qui accompagne le barbecue l’été sera-t-elle plus chère ? Nicolas Royer sourit et pense que oui. La flambée des matières premières, une récolte catastrophique des graines de moutarde en 2021, l’augmentation des coûts de packaging, couplé à l’augmentation des prix de l’énergie pour la fabrication et le transport, sont autant de facteurs qu’il va falloir prendre en compte dans le prix du condiment. La guerre en Ukraine n’a fait qu’accentuer ces points noirs puisque une majeure partie des matières premières vient d’Ukraine et de Russie.

Autre inquiétude pour la société : le Brexit. Aujourd’hui, pour expédier les produits en Angleterre, un marché non négligeable, 70% du transport se fait par bateau. Mais les récents soucis avec le transmanche orientent le fret vers le tunnel, ce qui engendre un surcoût. Certaines sociétés de transport rechignent à prendre en charge les palettes à livrer outre-Manche à cause des nouvelles réglementations et dédouanements. Malgré toutes ces difficultés, la moutarde a encore de beaux jours devant elle : elle est considérée comme le condiment préféré des Français. Chaque habitant en consommerait 1 kilo par an.