Accompagnement

La DGFIP 80 et le tribunal de commerce d’Amiens main dans la main pour prévenir les difficultés des entreprises

À travers une convention, signée ce 12 septembre, la DGFIP 80 et le tribunal de commerce d'Amiens  entendent travailler ensemble pour une meilleure détection et un accompagnement renforcé des entreprises en difficulté.

Nathalie Biquard et Jean-Jacques Leroux ont signé une convention mi-septembre. @Aletheia Press/ DLP
Nathalie Biquard et Jean-Jacques Leroux ont signé une convention mi-septembre. @Aletheia Press/ DLP

« Il ne faut pas voir nos services uniquement à travers l’impôt et le contrôle fiscal, nous menons des missions plurielles où l’accompagnement des chefs d’entreprise, que nous effectuons de façon confidentielle est très important », assure Nathalie Biquard, directrice départementale des finances publiques de la Somme.

Partageant le goût de la prévention avec Jean-Jacques Leroux, président du tribunal de commerce d’Amiens, elle lui a tout naturellement proposé de signer une convention de coopération, ce 12 septembre, pour officialiser un dialogue déjà existant. « Il s’agit d’agir dans un cadre juridique sécurisé, il n’y a rien d’inquiétant pour les entreprises, sourit Jean-Jacques Leroux, avant d’ajouter : Nous sommes engagés de longue date dans la prévention mais beaucoup de dirigeants n’osent pas venir nous voir. »

Anticiper

Dès qu’une structure connaît des difficultés de trésorerie, un conflit entre associés ou une tension avec son organisme bancaire, l’entrepreneur est d’ailleurs encouragé à se rapprocher du tribunal de commerce pour une procédure de conciliation. Confidentielle, celle-ci permet aux chefs d’entreprises de bénéficier de précieux conseils. D’ailleurs, 75% des conciliation engagées à Amiens trouvent une issue positive alors que dans le cadre de redressement, les plans qui vont à leur terme sont de l’ordre de 10 à 12%. « L’anticipation est la clé : beaucoup plus de solutions peuvent être trouvées si le dirigeant ne reste pas isolé et vient nous trouver », assure Jean-Jacques Leroux.

Être bien accompagné

Une vision pleinement partagée par la DGFIP 80. « L’écoute est également absolument primordiale pour nos services. Il m’arrive régulièrement de recevoir des dirigeants, de prendre le temps de faire un point sur leur situation », confirme Nathalie Biquard. Elle évoque le rôle central de Christen Assih, conseillère départementale aux entreprises en difficulté mais aussi les nombreux leviers existants comme la commission des chefs de services financiers ou le comité départemental d’examen des problèmes de financement des entreprises en difficulté.

« Le chef d’entreprise peut aussi faire le choix du mandat Adhoc et l’accompagnement d’un administrateur qui sait parfaitement à qui s’adresser. Il est là pour aider le dirigeant, autant sur le volet économique que juridique, sans toutefois prendre sa place. Le chef d’entreprise reste le décideur », détaille Jean-Jacques Leroux. Lequel précise que le tribunal suit régulièrement l’avancée des dossiers en cours. « Ce qu’il faut retenir, c’est que nos deux portes sont grandes ouvertes », conclut Nathalie Biquard.

Une absence totale de visibilité

Cette prise de parole commune intervient alors même que les procédures collectives dans la Somme ont connu, au premier trimestre 2023, une hausse de +33,33% par rapport à 2022. Un chiffre légèrement en deçà de la moyenne nationale qui s’établit à +39,10%. « Nous sommes frappés par l’état d’esprit des chefs d’entreprises, ils sont découragés, ils jettent l’éponge alors que parfois, à notre sens, ils pourraient opter pour un redressement. Mais nous constatons une hausse importante des liquidations d’entreprises », observe Jean-Jacques Leroux qui note l’absence de visibilité des dirigeants.

Dans la Somme les secteurs de la restauration, de l’habillement et des travaux publics sont particulièrement impactés par les difficultés. « Les chiffres sont là, mais il ne faut pas oublier qu’il y a eu un arrêt des procédures collectives au moment du Covid. Nous vivons, aujourd’hui, un retour à la normale », temporise Nathalie Biquard qui indique que l’activité économique dans le département reste est forte, avec un chiffre d’affaires déclaré en hausse de +10% en juin dernier.