La création d'entreprise vue de l'Afrique subsaharienne

À 28 ans, Alexandre Castel est à la tête de l'entreprise Station Energy qui développe des solutions innovantes d'accès à l'énergie dans les zones rurales d'Afrique subsaharienne. Il interviendra lundi 16 septembre lors de la conférence plénière «Se financer en 2014».

D.R.

75% des Africains ne sont pas connectés au réseau électrique.

Après un diplôme d’ingénieur à l’Ecole des mines de Douai, Alexandre Castel a complété sa formation par un cursus à HEC Paris en développement durable et entrepreneuriat social. Un solide bagage venu compléter son intérêt déjà prononcé pour les problématiques Nord/Sud. Après quelques stages au Burkina Faso, il planche sur son idée de création en août 2010, à la sortie des études. Station Energy naît un an et demi après, en février 2012. «Nous avons deux activités : la vente de produits comme des kits solaires prêts à l’emploi, du pompage solaire, des frigos solaires, des installations autonomes ou encore de l’éclairage public. Nous travaillons via un réseau de distribution de 13 boutiques franchisées au Sénégal et autant en Côte-d’Ivoire», explique le créateur. L’autre activité de Station Energy, c’est de proposer des services énergétiques. Dans ce continent où seulement 20% de la population est équipée, autant dire que la tâche est rude ! «Dans nos boutiques, on loue et on recharge des batteries comme on le fait pour des bouteilles de gaz. Nous voulons toucher des personnes qui n’ont pas la chance d’avoir du matériel» poursuit-il. Alexandre Castel a aussi installé des cybercafés ainsi qu’un service de réfrigération où il loue des espaces individuels destinés à stocker les denrées des habitants. «C’est difficile de s’implanter dans ces pays. Le cadre administratif est complexe, il y a clairement un manque de capitaux. Les crédits sont très chers, trois fois plus qu’en France ! Les populations sont dispersées, ce qui rend la logistique difficile, il y a donc beaucoup à faire.» Et peu d’acteurs ! Alors certes, trop de concurrence est néfaste pour une société mais en avoir permet aussi de démocratiser une activité et de la faire connaître.

Crowdfounding. En complément des prêts d’honneur (Douaisis initiative), de l’appui de LMI et d’une avance remboursable d’Oséo innovation, Alexandre Castel a fait le choix du crowdfounding – ou financement participatif – pour lever des fonds. Aujourd’hui, 25 actionnaires lui ont fait confiance. Et ont permis, en complément des prêts «classiques», de lever 450 000 € nécessaires à la bonne marche de la société. «Nous sommes actuellement en levée de fonds européens pour renforcer l’expertise de la filiale, investir en véhicules et avoir un local visible à Dakar» explique le jeune créateur.

Intervenant, une première ! Après avoir participé à son organisation – il a travaillé à Lille Grand-Palais en tant que stagiaire –, visité le salon, Alexandre Castel passe à l’étape supérieure et témoignera à l’occasion de la conférence plénière, «Se financer en 2014», lundi 16 septembre (11h-12h30). «Je vais être réaliste par rapport aux difficultés et aux avantages de l’entrepreneuriat. Quand on est entrepreneur, c’est qu’on aime ça !» avance-t-il. Cette année, le salon a pris le parti de placer le financement au cœur de sa programmation. En plus du témoignage d’Alexandre Castel, deux autres chefs d’entreprise apporteront leur éclairage : Zahir Haddad qui, parti de rien, a créé une entreprise spécialisée dans les équipements sanitaires et Augustin Outters qui a repris l’entreprise familiale avec son frère, un groupe régional composé de six sociétés intervenant dans le domaine de la construction et spécialisé dans l’habitat. Cette première journée sera entièrement consacrée à cette thématique. Des zooms sur les solutions de financement seront aussi organisés tout au long des trois jours.