La création d’entreprise, tremplin vers un nouvel avenir
Depuis plus de 30 ans, l’Association pour le droit à l’initiative (Adie) donne un coup de pouce aux projets qui permettent à des personnes éloignées de l’emploi de s’insérer par la création d’entreprise. Sur l’ensemble des Hauts-de-France, l’Adie a financé près de 1 200 personnes en 2017, en participant à la création de 516 entreprises.
Spécialisée dans le microcrédit et l’accompagnement de porteurs de projet qui n’ont pas accès aux crédits bancaires «classiques» ou avec une capacité de remboursement limitée, l’Adie offre avant tout une insertion économique et sociale pour des personnes éloignées de l’emploi. Parmi les plateformes historiques de ce réseau national – et aussi en DOM TOM – lancé en 1989 par l’économiste Maria Nowak, celle des Hauts-de-France, est dotée de six antennes (Calais, Lille, Lens, Valenciennes, Amiens, Nogent-sur-Oise). «Nous avons également une trentaine de lieux de permanence chez des partenaires de la création d’entreprise (banques, CCI…), pour apporter une réponse à moins de 30 minutes de distance du domicile du porteur de projet», explique Abderrahmane Salhi, directeur régional Hauts-de-France, qui ajoute : «Le canal phare, c’est le bouche à oreille !» La moitié des contacts sont d’ailleurs issus de ce canal.
Pédagogie et confiance
61% des micro-entrepreneurs suivis par l’Adie bénéficient des minima sociaux et 47% étaient sans emploi avant d’être soutenus par l’organisme, pour un montant moyen de prêt accordé à 3 000 €. L’association propose deux produits : le microcrédit professionnel pour un souhait de création ou de développement d’une entreprise (avec un plafond de 10 000 €) et le microcrédit mobilité (25% des demandes), destiné à financer l’accès ou le maintien de l’emploi par l’octroi d’un véhicule ou d’une aide au permis de conduire. En 2017, ce ne sont pas moins de 1 158 microcrédits qui ont été octroyés en région : 79 dans l’Aisne, 555 dans le Nord, 241 dans l’Oise, 183 dans le Pas-de-Calais et 100 dans la Somme (1458). Abderrahmane Salhi tempère : «Nous ne pouvons pas financer 100% des personnes. Nous avons défini quatre critères : la ‘confiance personne’, la ‘confiance activité’, la ‘confiance remboursement’ et la ‘confiance garant’. Nous ne venons pas surendetter la personne en lui ajoutant un crédit supplémentaire.» En 2017, le taux de remboursement s’affichait à 97,72%. «Nous sommes organisé pour prévenir plutôt que guérir. Il y a toute une éducation à faire, avec une réelle relation entre le conseiller et le client. Oui, on aide, mais un prêt, ça se rembourse.» Pédagogie et bienveillance : l’accompagnement de l’Adie va bien au-delà de l’aspect financier. La dernière étude, menée en 2017, montre que 74% des entreprises financées sont pérennes à deux ans (63% à trois ans), mais, surtout, le taux d’insertion est de 84% à trois ans.
Accompagner pour pérenniser l’activité
L’Adie met à disposition des porteurs de projet une trentaine de bénévoles en Hauts-de-France. Retraités des banques, experts-comptables, commerciaux, salariés… ils distillent leurs conseils avisés, tout aussi précieux qu’un accompagnement financier : «L’Adie lance un appel ! Sans bénévole, difficile de faire un accompagnement optimal. Nous ne sommes pas juste une structure de financement», rappelle Abderrahmane Salhi.
L’Adie sort le mégaphone
Lancé en janvier 2018, le «Mégaphone de l’Adie» regroupe les propositions de 40 000 micro-entreprises autour de 15 thématiques, remises au ministre de l’Economie Bruno Le Maire, lors des 30 ans de l’Adie en mars dernier. Le but ? Améliorer l’environnement de la création d’entreprise et la réglementation pour lever des barrières. «Nous voulons aller plus loin que la loi Pacte, avec, par exemple, la non-obligation d’ouvrir un compte professionnel en tant qu’indépendant, l’ouverture des droits à l’assurance chômage en cas de cessation d’activité ou encore une allocation pour un salarié démissionnaire et qui souhaite créer son entreprise. Bruno Le Maire a reçu très favorablement nos propositions et a notamment validé la suppression de la limite d’âge pour les entreprises pouvant avoir accès au microcrédit pour tous. On espère que ce point de vue sera considéré !» s’enthousiasme Abderrahmane Salhi.
«La création d’entreprise peut s’ouvrir à tous»
Elle l’avoue d’entrée de jeu : a priori, la création d’entreprise n’était pas faite pour elle. «Je suis allée à l’école jusqu’en CM2, puis j’ai suivi des cours par correspondance. Issue de la communauté des gens du voyage, je suivais mes parents sur les marchés», explique Sylvana Blondel. Et pourtant, il y a deux ans, elle crée SB secrétariat et aide aujourd’hui une centaine d’artisans et commerçants dans leurs démarches administratives : déclarations, immatriculations, RSA, etc. Après une formation compta/gestion/commercial à la BGE, doublée d’une formation en bureautique et en expression écrite, elle frappe à l’antenne de l’Adie à Nogent-sur-Oise : «J’y ai rencontré M. Henault, je lui ai tellement cassé les pieds qu’il a fini par accepter. C’est même devenu un ami», sourit Sylvana Blondel. Le prêt de 2 000 € lui permettra de démarrer l’entreprise et d’acquérir du matériel. Elle dispose aujourd’hui d’un bureau à Mogneville, dans l’Oise. «Aujourd’hui, j’oriente même certains de mes clients auto-entrepreneurs vers l’Adie. Ce prêt a tout changé dans ma vie. L’Adie écoute tout le monde.»