L'international, un eldorado pour les étudiants malgré la crise
Véritable cataclysme pour les étudiants – tant au niveau de l'apprentissage que de la vie quotidienne –, la Covid a bouleversé le monde de l'éducation et de la formation. Même s'il est encore difficile de se projeter sur l'international, les étudiants ne semblent pas avoir boudé leur envie de voyager. Bien au contraire.
Pour la rentrée 2020-2021, bon nombre d'établissements ont travaillé au cas par cas pour les échanges avec les universités partenaires. «Depuis septembre dernier, les échanges ont repris pour 80% de nos étudiants, sauf dans les pays qui restent encore fermés», explique Richard Perrin, directeur international de l'EDHEC Business School, qui compte 35% d'étudiants d'origine étrangère sur un effectif de 9 000 élèves. L'école a signé environ 250 accords d'échange et de double diplôme avec les plus grandes institutions universitaires dans plus d'une trentaine de pays. D'ailleurs, 30% des étudiants trouvent leur premier job à l'étranger, notamment à Londres.
Autre
constat du côté de l'Université catholique de Lille qui recense –
tous campus confondus – 5 590 étudiants internationaux sur un
effectif total de 38 500 élèves : «Le
nombre d'étudiants internationaux a très peu évolué dans nos
universités. En 2019-2020, ils étaient 6 242. Le constat est le
même à l'échelle nationale et aujourd'hui, la France est revenue à
son niveau d'accueil pré-Covid», constate Anne-Marie Michel, directrice des relations internationales.
Une
très légère baisse du nombre d'étudiants étrangers donc, mais
surtout un recentrage des mobilités en Europe pour les étudiants de
l'Université catholique de Lille. «La
période a renforcé la coopération
européenne.
Cependant, on constate une place grandissante des pays asiatiques
avec des effectifs qui ont explosé. Je pense à l'Inde, au
Vietnam.... des pays qui sont devenus des acteurs majeurs de
l'économie.»
Multiplier
les approches
Si
les échanges sont maintenus quand ils le peuvent, la pédagogie a,
de son côté, dû être adaptée au sein de l'Université catholique,
avec par exemple «l'internationalisation
à domicile»
avec des cours en ligne ou la participation de professeurs étrangers
qu'il est souvent plus simple d'inviter en ligne qu'en présentiel.
«On
propose ce qu'on appelle le 'collaborative on line learning' :
permettre aux étudiants de suivre des cours en ligne avec des
étudiants étrangers. On le faisait à petite échelle et désormais
on le développe de plus en plus», poursuit Anne-Marie Michel.
S'il
est encore trop tôt pour mesurer l'impact de la crise sur les
carrières des étudiants, Richard Perrin, directeur de l'international à l'Edhec Business School, constate que les
perspectives restent «fortes» à l'international : «Nous
ne sommes pas du tout inquiets pour les étudiants,
même si des questions demeurent sur des pays comme la
Chine. La volonté des étudiants de s'ouvrir à l'international est
toujours forte et il n'y a pas non plus de réticence vis-à-vis des
entreprises à accueillir les jeunes.»
Seul
effet négatif qu'il serait possible de ressentir pour le directeur
international à l'EDHEC Business School : une stagnation des
salaires. Si les étudiants ont dû revoir pour certains leurs plans
de carrière, ils ont aussi choisi de se tourner davantage vers la
création d'entreprise (entre 8 et 10% des étudiants à l'EDHEC). En
témoigne la présence d'incubateurs EDHEC à Lille, Nice et à
Station F, qui accueillent à eux trois une centaine d'étudiants.