Artisanat
L'Hérberie, tisanes et plantes aromatiques bio à Candas
C’est à une vingtaine de kilomètres d’Amiens, dans le hameau de Valheureux (Candas), que Louise Dalle produit ses plantes aromatiques et médicinales. Elle s’est installée sur l’exploitation familiale, dans une pâture de deux hectares où elle cultive mélisse, ortie, romarin, menthe nanah…
Après une formation agricole dans le Jura et un service effectué au Conservatoire des espaces naturels de Picardie, Louise Dalle crée en 2018 L’Hérberie, champ de mauvaises herbes en picard. Mais dans sa pâture labellisée bio, tout se consomme…
« Je voulais revenir sur l’exploitation familiale, pour me lancer dans une culture à valeur ajoutée. Il y a eu une période où je ne savais plus vers quelle activité agricole m’orienter, ma mère m’a prêté un livre sur les plantes, je me suis plongée dedans, et j’ai construit mon projet. La tisane, c’est le produit fini à base de plantes avec lequel j’ai le plus d’affinités », explique la jeune femme qui reprend pendant un an ses études, en plantes aromatiques, et se lance, en créant sa ferme aromatique l’Hérberie, labellisée bio. « Ici, on avait il y a plusieurs années un élevage de doubles poneys Haflinger, la pâture n’était pas entretenue, mais saine. »
Des plantes aux vertus reconnues
« J’utilise des plantes sur lesquelles on a beaucoup de recul, dont on reconnaît les vertus depuis des millénaires et qui sont pour la plupart pérennes, elles restent en terre trois ou quatre ans », poursuit Louise Dalle. Réparties sur plusieurs rangées, au milieu des pommiers et noyers, souvenirs de l’ancien verger, poussent une trentaine de plantes : romarin, thym, thym citron, fenouil, coriandre, hysope (reconnue pour ses propriétés expectorantes notamment et très mellifère), sarriette, lavande vraie, mélisse….
« On peut quasiment tout faire pousser, mais ma menthe nanah par exemple n’aura pas le même goût que si elle est cultivée au Maroc, tout dépend de la terre, de l’ensoleillement… », reprend l’agricultrice qui fait elle-même ses plants, semis et boutures. « On ne dispose pas de données sur les rendements lorsqu’on s’installe, j’ai dû ajuster mes productions au fil des ans. »
Neuf mélanges de tisanes
Ici, tout est en circuit ultra court, les cultures poussent à quelques mètres de l’atelier de séchage, de conditionnement et de la salle de tri. Avant de sécher les plantes, Louise Dalle les passe au hache-paille, un outil ancestral utilisé pour les couper. « Avant la récolte, il faut systématiquement pratiquer un désherbage, pour être sûr qu’il ne reste pas de mauvaises herbes. Il faut être vigilant à chaque étape, que ce soit lors de la mise en séchage, en sacs… », précise-t-elle.
Louise Dalle a rejoint l’Amap du Potager, à Amiens, et vend ses plantes simples (thym, coriandre, origan…) et ses tisanes dans certaines fermes et dans plusieurs épiceries et magasins bio ou de producteurs (à Corbie) avoisinants. Elle a imaginé neuf mélanges de tisanes, déclinés en trois grammages différents (15, 25 et 35 grammes).
Parmi les tisanes qui rencontrent le plus de succès : La fée dodo pour passer de bonnes nuits et la Détente. « J’ai aussi des mélanges plus décalés, comme Le lendemain d’hier, pour les lendemains de fête, à base de menthe poivrée, romarin, achillée millefeuille, ortie, mélisse, camomille, bleuet et calendula, je rajoute toujours des fleurs dans mes tisanes », complète Louise Dalle qui pense étoffer prochainement sa gamme, avec par exemple une tisane pour les articulations, à base d’ortie, de reine des prés, de prêle, des feuilles de cassis. Et s'imagine pourquoi pas travailler dans quelques temps avec sa sœur et un de ses frères, qui veulent eux aussi se lancer dans l'agriculture. « Regrouper nos différentes activités sur un même lieu, cela permettrait de nous aider, de nous diversifier, de nous compléter », sourit-elle.