L'emploi salarié régional continue de croître mais plus faiblement
Au premier trimestre 2022, les
effectifs salariés privés continuent de croître mais dans une
moindre mesure : c'est le constat observé par l'Urssaf Nord –
Pas-de-Calais dans ses toutes dernières statistiques. S'il est
encore trop tôt pour imputer ce phénomène à la crise en Ukraine,
il reste que la hausse des matières premières, l'inflation mais
aussi les incertitudes persistantes liées au Covid freinent encore
la visibilité des entreprises.
Au 31 mars 2022, les Hauts-de-France comptaient 1 483 600 salariés privés, un niveau d'emplois supérieur de 2,7% à celui enregistré fin 2019, avant le début de la crise sanitaire. Néanmoins, la croissance est plus faible ce trimestre, comparé au premier trimestre 2021 : +0,2% contre +0,7% au 4e trimestre 2021. Si la tendance est similaire sur le territoire national, elle est accentuée dans les Hauts-de-France, malgré les 37 220 postes créés en un an dans la région.
«Certains
secteurs ont mieux résisté qu'ailleurs, notamment l'industrie, même
si elle continue de perdre des emplois depuis des dizaines d'années», analyse Laury Ducombs, directeur Urssaf Nord – Pas-de-Calais. En
cause, notamment, des projets industriels, certes, mais qui ne se
traduisent pas dans l'immédiat à des créations d'emplois.
D'ailleurs l'industrie reste le dernier grand secteur à ne pas avoir
retrouvé son niveau d'emploi d'avant la crise.
Plus
spécifiquement, 4 700 postes ont ainsi été perdus depuis la fin de
l'année 2019 avec de vraies difficultés dans la fabrication de
matériels de transports (-3,0% sur un an), l'industrie des
plastiques et autres produits non minéraux (-2,7) et la métallurgie,
secteur qui enregistre la plus importante baisse en un an, à -4,2%.
Belle progression par contre du côté de la construction (+0,3%) et
de l'hébergement/restauration (+4%), avec un niveau d'emploi qui
reste bien au-dessus des niveaux de fin 2019.
Les
services, toujours une locomotive pour la région
C'est
l'un des secteurs qui ne semble pas éprouver trop de difficultés :
les services (hors intérim) ont progressé de +2,4% en un an, avec
des créations d'emplois dans les activités récréatives, sportives
et de loisirs (+ 1 070 postes), les activités informatiques (+640)
et le transport (+ 400).
Une évolution particulièrement marquée dans le département du Nord, qui compte 377 700 salariés hors intérim dans ce secteur, en hausse de 0,8% depuis le précédent trimestre et de +3,0% sur un an.
Sur les trois derniers mois et sur
l'ensemble des effectifs salariés privés, seul le département de
l'Oise est en ralentissement (-0,4%, - 800 emplois) alors que celui
de l'Aisne est stable et les trois autres départements créent des
emplois (+2 090 postes pour le Nord, + 900 pour le Pas-de-Calais, +
630 pour la Somme et + 20 pour l'Aisne). «Tous
les départements ont dépassé leur volume d'emploi de fin 2019. La
Somme s'en tire particulièrement bien entre le 4e
trimestre 2021 et le 1er
trimestre 2022, en hausse de +0,5%, la plus importante des cinq
départements»,
poursuit Laury Ducombs.
Plus globalement, dans 16 des 24 zones
d'emplois de la région, l'emploi est en croissance par rapport au
4e trimestre, mais à un niveau plus mesuré que lors
des trimestres précédents. Les zones d'emplois de Lille (+ 1 620
emplois), Roubaix-Tourcoing (+ 780), Amiens (+ 710) et Arras (+ 590)
tirent particulièrement leur épingle du jeu. Reste les zones en net
repli, principalement à Creil (- 1 030) et Maubeuge (- 860). Seule
la zone d'emploi de Laon n'a pas retrouvé son niveau d'emploi de
fin 2019.
Les déclarations d'embauche encore timides
Cet indicateur avant coureur – toute entreprise qui envisage d'embaucher doit rédiger une déclaration préalable d'embauche auprès de l'Urssaf – ne reflète pas à la lettre le climat économique mais il permet en tout cas d'en dessiner une tendance. Et en avril 2022, ce sont les contrats en CDI qui en font les principaux frais puisqu'ils chutent de - 2,8% et ne sont pas compensés par la hausse des embauches en CDD de plus d'un mois (+ 1,9%).
Au 1er trimestre 2022, les effectifs intérimaires baissent fortement en région (- 2,6%, soit 2 000 postes en moins) alors qu'au trimestre précédent, les arrêts maladie dû à la reprise de l'épidémie avaient engendré un recours important à l'intérim. Et même si la région enregistre une diminution trimestrielle plus forte qu'en France (- 1,7%), l'intérim demeure à un niveau nettement supérieur à celui d'il y a un an (+ 4,1%) et de fin 2019 avant la crise (+ 6,2%).
«La conjoncture peu favorable explique cette baisse des CDI même si les niveaux d'embauche sont supérieurs à l'avant-crise. L'arbitrage entre le recours à l'intérim ou au CDI reste difficile pour les chefs d'entreprise, qui subissent de plein fouet l'inflation, la hausse des matières premières mais aussi les difficultés d'approvisionnement qui perdurent.»
«On a fait le pari de la confiance et il est réussi»
Dès
mars 2020, l'Urssaf Nord – Pas-de-Calais a proposé des plans
échelonnés en matière de recouvrement des cotisations sociales
avec possibilité de report pouvant aller jusqu' à trois ans, avec négociation éventuelle. Force est de constater que cette
confiance a porté ses fruits : «Le
bilan est positif. Les dettes ont été réglées grâce aux PGE et
aux trésoreries reconstituées. A juin 2022, l'Urssaf fait état de
417 M€ de dettes sur le Nord et le Pas-de-Calais (contre 762 M€
au plus fort de la crise). Nous souhaitons que les entreprises nous
contactent pour trouver un échéancier en rapport avec leur
trésorerie, nous sommes là pour les aider», détaille Laury Ducomb.
A
noter également que l'Urssaf lancera en septembre prochain une
toute nouvelle offre à destination des créateurs d'entreprise –
«Urssaf première embauche» – pour les accompagner dans
l'embauche du premier salarié, avec un numéro de téléphone dédié,
des RDV, des webinaires, un suivi préventif...