L’état de santé des habitants du Nord-Pas-de-Calais progresse

L’Observatoire régional de la santé (ORS) du Nord-Pas-de-Calais veut tordre le cou aux idées reçues sur l’état de santé des habitants de la région. En créant l’Indicateur synthétique du développement et d’évolution de la santé (ISDES), l’ORS montre que la région est bien placée au niveau de l’offre de santé et progresse en termes sociodémographiques.

Les campagnes de prévention portent leurs fruits pour 60% des enquêtés. En termes de contenu, le cancer arrive comme le sujet le plus important.
Les campagnes de prévention portent leurs fruits pour 60% des enquêtés. En termes de contenu, le cancer arrive comme le sujet le plus important.
  1. Région Nord-Pas-de-Calais

    Les campagnes de prévention portent leurs fruits pour 60% des enquêtés. En termes de contenu, le cancer arrive comme le sujet le plus important.

    Publié pour la première fois cette année mais voué à être présenté tous les ans, l’ISDES, nouvel outil de mesures des dynamiques régionales, prend en compte des dimensions jusqu’alors oubliées pour mesurer la santé des habitants : état de santé, facteurs sociodémographiques, offre de santé, perception de la population sur l’offre de soins et environnement. Des données jusqu’alors peu prises en compte et qui, pourtant, ont leur importance, puisqu’elles permettent de tirer des conclusions moins alarmantes pour la région qu’on sait mal placée sur les questions de santé publique.

    L’état de santé. Ce critère repose sur l’analyse des statistiques de mortalité et, bonne nouvelle, le Nord-Pas-de-Calais a quitté la dernière place du classement national, désormais occupée par la Picardie (doit-on en déduire que nous risquons d’être derniers du classement l’an prochain ?). Encourageant également, la moitié des territoires régionaux progresse plus rapidement que le reste de la France : Douai, au 58e rang français (sur 304) est la zone où l’état de santé s’est le plus amélioré entre 2006 et 2010. Suivent ensuite Saint-Omer (66e), Lille (67e) et Roubaix-Tourcoing (69e). En queue de peloton, Maubeuge (208e), Flandre-Lys (255e) et Berck/Montreuil (277e).

    L’offre de santé. Elle est mesurée par le rapport du nombre d’habitants par professionnels de santé1 sur une zone d’emploi donnée. L’ORS observe une évolution significative sur Lille (33e) et Maubeuge (70e) avec une belle densité de professionnels, mais aussi à Cambrai (79e), Dunkerque (85e) et Valenciennes (124e), qui se situent toutes dans la première moitié des zones d’emploi de France. Flandre-Lys, Béthune-Bruay et Douai présentent des progressions légèrement inférieures à la moyenne nationale et six autres restent en fin de classement : Roubaix-Tourcoing, Boulogne-sur-Mer, Berck-Montreuil, Lens-Hénin, Arras et Saint-Omer. Finalement, la région Nord-Pas-de-Calais se classe au 10e rang sur 22 en termes d’amélioration, entre le Centre et l’Ile-de-France, un score qui devrait malheureusement diminuer avec la grande Région, la Picardie étant en avant-dernière place…

    Les déterminants sociodémographiques. Sont pris en compte le taux de chômage, le taux d’activité féminine et le niveau d’études des plus de 15 ans. Malgré notre triste 19e place sur 22, il est à noter que des territoires évoluent, comme Berck-Montreuil (20e) – ce qui s’explique notamment par une part importante des emplois féminins dans le médical et les universités, et avec un bon niveau d’éducation sur les communes d’Hardelot et du Touquet qui tirent les chiffres à la hausse –, mais aussi Béthune-Bruay (24e) et Flandre-Lys au 33e rang. Un bel espoir, donc, pour des zones qui enregistrent de mauvais scores sur d’autres critères comme vu précédemment. Les zones régionales sont dans la première moitié des territoires français, sauf pour Arras et Cambrai dont les progressions sont moindres (respectivement 121e et 201e). Alors qu’en 2011, le Nord-Pas-de-Calais était dernier, la région se place au 19e rang sur 22, devant le Languedoc-Roussillon, la Champagne-Ardenne et la Picardie.

    La perception du système de soins. L’ORS a mené une enquête auprès de 116 000 habitants ; 1 900 ont répondu à une quarantaine de questions sur la prévention, le dépistage, l’accès à l’offre de soins, les pratiques et la qualité des soins. Bonne nouvelle : 60% des enquêtés ont en mémoire au moins une campagne de prévention, notamment chez les femmes et les plus diplômés. Les médias constituent le relais le plus cité, loin devant le médecin généraliste, les pharmaciens et les centres de santé. Le cancer arrive comme le sujet le plus important, suivi du repérage précoce des accidents vasculaires cérébraux, le tabac, l’alcool et enfin l’alimentation. Près de trois quarts des interrogés se disent concernés et la moitié d’entre eux affirme avoir modifié ses comportements. De plus, 84% des plus de 60 ans se sentent concernés par les campagnes de dépistage, contre 31% pour les 18-29 ans. Concernant l’accès à l’offre de soins, il n’y aurait aucune progression dans l’obtention d’un rendez-vous pour 70% des interrogés. Autre phénomène plus inquiétant : seuls 60% des enquêtés disent consulter, avec une forte proportion à Roubaix-Tourcoing (71%) ou encore 65,3% en Sambre-Avesnois. Les causes principales restent des avancées de frais trop importantes ou des remboursements insuffisants. Concernant les pratiques et la qualité des soins, les enquêtés se disent néanmoins satisfaits à 83% de la prise en charge des professionnels de santé qu’ils consultent et la satisfaction se renforce avec l’âge : 89% pour les 60 ans contre 78% chez les 30-59 ans.

    Olivier Lacoste, directeur de l’ORS Nord-Pas-de-Calais, conclut la présentation de l’ISDES sur une note positive : «Il y a des progrès locaux à réaliser, mais ce qui est important de noter, c’est que la région n’est plus un repoussoir pour les professionnels de santé, malgré quelques zones vides (Sambre-Avesnois, Béthune-Bruay…). Quant au mauvais classement de la Picardie, elle souffre de la proximité parisienne qui attire de nombreux spécialistes et d’un manque d’hôpitaux comme il peut y en avoir chez nous.» Et augure, de ce fait, une baisse de classement de la grande Région pour l’année prochaine…

    1. Médecins généralistes, chirurgiens-dentistes, pharmaciens, infirmiers, masseurs-kinésithérapeutes, pédicures-podologues et opticiens-lunetiers.