L’aventure discrète de l’entreprise Brunel…
Si l’entretien de votre maison n’a pas de secrets pour vous, vous devez certainement connaître les produits Starwax et Kapo. Mais pour autant, saviez-vous qu’ils étaient fabriqués à Hellemmes ? A l’origine de ces produits, l’entreprise Brunel. Plutôt méconnue du grand public sous ce nom, elle est pourtant leader sur le marché des produits d’entretien. Et sort de son silence ! Découverte.
Avec ses 170 salariés et son chiffre d’affaires avoisinant les 55 millions d’euros en 2013, Brunel est la société la plus importante du groupe Altaïr (voir encadré). Plutôt discrète, Brunel a pourtant une histoire passionnante et… régionale ! Les deux frères Brunel, l’un commercial, l’autre chimiste, imaginent après-guerre une cire pour entretenir les parquets et les meubles, abîmés pendant le conflit. L’aventure commence dans leur garage… Et comme la mode de l’époque porte sur les noms à consonance américaine, ils décident d’appeler leur produit Starwax – wax voulant dire «cire». C’est dans une usine d’Hellemmes que naît la première gamme, rapidement étendue aux insecticides dans les années 1960 : la marque Kapo voit le jour. Avec une dimension visionnaire : «dès le départ, les frères Brunel ont voulu trouver des produits moins nocifs, en utilisant du pyrèthre1 venant du Kenya», explique Frédéric Mangé, directeur marketing et développement international. Une véritable révolution à l’époque où le combat contre les insectes allait souvent de pair avec les produits chimiques ! Quant à la marque Sinto, elle apparaît dans le groupe en 2005, après le rachat par Brunel de l’entreprise basée à Aubagne et spécialisée dans le mastic de réparation. La dernière marque du groupe, Dylon, se positionne sur le marché des teintures, pré-teintures et soins du linge. «Notre objectif, c’est d’apporter des solutions professionnelles aux consommateurs. Nous avons une vraie volonté de ne pas être présents dans les grandes surfaces mais dans les drogueries traditionnelles ou les enseignes de bricolage», poursuit Frédéric Mangé. Soit 80% des enseignes françaises pour un total de 3 300 clients partout en France, livrés en direct. Le groupe commence sa distribution dans les LISA (libre-service agricole) et les jardineries.
Un produit pour chaque utilisation. La majorité des produits Starwax – 400 références sur cinq familles : hygiène, propreté, sols, soin de la maison et extérieur – sont encore fabriqués dans l’usine d’origine d’Hellemmes où travaille une soixantaine de salariés. Mais plus pour très longtemps. «Nous venons d’acquérir un site industriel de 60 000 m2 à Noyelles-lès-Seclin. Il va regrouper le site industriel et la logistique. C’était un travail de longue haleine car notre métier est soumis à de nombreuses réglementations, trouver un site n’a pas été facile. Ce regroupement permettra un échange plus fluide pour les livraisons mais aussi entre les salariés», explique Frédéric Mangé. Le déménagement est prévu pour cet été. Réglementation oblige, la gamme Starwax se renouvelle en permanence : «On essaie d’anticiper pour que les produits soient le moins nocifs possible, même si nous avons des produits dangereux car nous ne pouvons pas faire autrement. Notre laboratoire de recherche et développement (dix salariés) travaille constamment sur la mise aux normes.» Mais aussi parce que les habitudes des consommateurs changent : développement des sols stratifiés, des parquets huilés, l’apparition des bétons cirés… Et donc, arrivée de nouvelles problématiques de nettoyage et d’entretien !
Avec les trois marques Starwax, Sinto et Kapo, Brunel réalise la majorité de son chiffre d’affaires en France, même si l’export est une volonté forte du groupe. «Notre chiffre d’affaires à l’export s’affiche à 10%, notamment en Espagne, Portugal, Italie, Pologne, Belgique et Russie», ajoute Frédéric Mangé, sans cacher une ambition forte à l’export. Le groupe est déjà présent dans 30 pays et lance chaque année cinq produits. En 2014, cap sur un nouveau business : les lavettes et serpillières. Certes, pas très attirantes au premier abord mais nécessaires ! «Nous travaillons avec une société française et une belge pour obtenir un standard de qualité équivalent à celui de nos produits d’entretien. Nous allons aussi proposer des tailles de balais plus importantes, avec des fibres résistantes pour les professionnels. Le packaging sera proche de celui de nos produits pour aider le consommateur à choisir», détaille le directeur marketing et développement international. Il va donc falloir jouer des coudes pour placer au mieux les nouveautés dans un marché plutôt concurrencé…
Vintage. En 2011 et pour fêter ses 65 ans, le groupe a lancé une extension de sa gamme «Starwax Fabulous». Le principe ? Réinventer les produits des frères Brunel à la sauce vintage, avec les couleurs et le style des années cinquante. Ç’a été un gros succès, plutôt inattendu : «on était partis sur une série limitée mais on a étendu la gamme pour arriver à 40 produits», se réjouit Frédéric Mangé. Savon noir, au fiel de bœuf, bicarbonate, etc., de quoi réaliser soi-même ses solutions, avec un livre de recettes à l’humour… décapant. Silencieuse, efficace et innovante, ce sont très certainement les forces de cette entreprise nordiste qui, malgré sa discrétion, fait partie des fleurons de l’industrie régionale.
1. Une plante herbacée vivace de la famille des Asteraceae, cultivée pour ses fleurs dont on tire une poudre insecticide.
Altaïr, la holding du groupe Brunel
Créée fin 2010 dans le Nord-Pas-de-Calais, Altaïr compte quatre sociétés : Brunel, Sinto (siège à Aubagne), Eurochemia (Pologne) et Sinto Chim (Roumanie). 270 salariés au total − dont 170 pour Brunel à Wasquehal et Hellemmes – et un chiffre d’affaires de 67 millions d’euros. Il est dirigé par Jean-Pierre Dano, arrivé dans le groupe en 2001.