L’Atelier d’Alexis revisite l’art de la tapisserie
C’est avec une passion communicative et un sens de la créativité pointu qu’Alexis Tibaux nous a ouvert les portes de sa boutique, rue du Quai à Lille. À seulement 21 ans, ce jeune tapissier designer, meilleur apprenti de France 2011, a ouvert début avril son atelier de réfection, confection, vente et créations textiles.
Certes, la boutique est plutôt petite, mais c’est ce qui en fait tout le charme. Un atelier d’artisan comme on n’en voit malheureusement plus assez souvent. À la jonction du centre-ville et du Vieux-Lille, Alexis Tibaux a craqué sur cet ancien salon de coiffure. Aujourd’hui, la boutique recèle de créations uniques et originales du tapissier-décorateur qui, malgré son jeune âge, a déjà acquis une belle expérience. «Je ne me retrouvais pas dans le cursus classique. J’ai suivi un apprentissage dès la troisième d’abord à Aire-sur-la Lys, puis à l’école d’ameublement La Bonne Graine à Paris. Ça m’a sorti la tête de l’eau», explique-t-il. Après plusieurs stages, il découvre le métier de tapissier chez Jacques Fayolle, meilleur ouvrier de France à Cassel, une révélation pour le jeune homme. «J’y suis resté six ans. J’ai passé un CAP tapisserie d’ameublement en siège, en tapisserie d’ameublement en décor, mais aussi un titre ‘entrepreneur de petite entreprise’, proposé par la Chambre de métiers et d’artisanat.» Ces années de formation lui permettront d’apprendre le métier sur le bout des doigts.
Objectif zéro déchet
De fil en aiguille, l’idée d’ouvrir sa propre boutique commence à germer dans l’esprit d’Alexis Tibaux. Et puisqu’à Lille, il n’y a qu’une poignée de tapissiers en exercice, la localisation était toute trouvée. «Je réalise tous les projets liés à la déformation du textile dans l’habitat : assises, coussins, abat-jour ou rideaux. Ce qui me différencie ? Le client peut apporter son tissu s’il le souhaite, même si je travaille aussi avec un fournisseur pour des tissus design ou de créateur (Alexis Tibaut travaille notamment avec Casamance, un fournisseur français grossiste en tissu, ndlr).» Sans oublier un lin récolté et tissé en Hauts-de-France. Sensible aux questions environnementales et à la production locale, il utilise les chutes de tissu en confectionnant nœuds papillons, headbands assortis ou peluches uniques. «J’ai à peine un sac de déchet par semaine, ce qui est peu par rapport à une activité classique de tapissier, se félicite-t-il. J’adore chiner et je trouve souvent des idées pour réaliser des choses à moindre coût ! Je suis parti sur le principe que l’on n’est pas obligés de tout changer, ce n’est pas du tout réservé à une clientèle aisée», poursuit Alexis Tibaux. En témoigne, en fond de boutique, ce «canapé à 100 balles», dont il a lui-même récupéré les matériaux de conception et qu’il continue d’agrémenter pour en faire un canapé unique, personnalisé par le client qui peut choisir le tissu ou les pieds mais à un prix accessible, lui permettant ainsi de sensibiliser une autre clientèle.
«Je suis parti sur le principe que l’on n’est pas obligés de tout changer, ce n’est pas du tout réservé à une clientèle aisée»
En collaboration avec le client
Le client peut amener lui-même son fauteuil, mais Alexis Tibaux se déplace aussi à domicile pour s’imprégner de l’ambiance du lieu de vie. Actuellement, le jeune créateur participe au concours Créa’Sup 2018, à destination des apprentis de l’enseignement supérieur en Hauts-de-France qui ont un projet de création, de reprise d’entreprise ou l’envie de développer un nouveau produit ou service dans une entreprise existante. La remise des prix aura lieu lors du salon Business Power (ex-salon Créer), à Lille Grand Palais, en septembre prochain. «J’ai présenté mon parcours personnel et professionnel devant un jury. Si je gagne ? J’achèterais des machines à coudre», s’enthousiasme Alexis Tibaux. Au mois de septembre il accueillera également une stagiaire, avec une envie de transmettre son métier mais aussi ses valeurs.