L’apprentissage stabilise ses effectifs mais cherche toujours à séduire

Ce n’est plus à prouver : l’apprentissage est une filière d’excellence qui forme et recrute des jeunes à des métiers d’avenir. Fondamental pour les métiers de l’artisanat, l’apprentissage connaît un regain d’intérêt de la part des jeunes, même si certaines filières peinent encore à recruter les talents de demain.

Clotilde Vermon, MAAF Assurances, Gabriel Hollander, CMA, Pierre de Saintignon et Alain Denizot, CENFE.
Clotilde Vermon, MAAF Assurances, Gabriel Hollander, CMA, Pierre de Saintignon et Alain Denizot, CENFE.
  1. D.R.

    Clotilde Vermon, MAAF assurances, Gabriel Hollander, CMA, Pierre de Saintignon et Alain Denizot, CENFE.

    La chambre de métiers et de l’artisanat (CMA) Nord-Pas-de-Calais gère le plus important centre de formation par alternance : l’URMA (Université régionale des métiers et de l’artisanat) compte 14 antennes réparties sur la région1, formant plus de 4 600 apprentis, qu’ils soient jeunes, chefs d’entreprise ou encore demandeurs d’emploi. Après deux années de repli, les chiffres sont encourageants : +31% à l’école de coiffure Lille Mairesse ou encore +24% à Caudry, soit une augmentation – tous effectifs confondus –, de 0,24% du nombre d’apprentis formés à l’URMA par rapport à 2014. “Nous avons un rôle à jouer pour changer l’image de l’apprentissage. Dans la diversité des métiers, du CAP au bac +3, chaque jeune peut trouver sa voie et il reste des places dans les centres de formation“, rappelle Gabriel Hollander, premier vice-président de la CMA régionale et maître artisan boucher-charcutier à Chocques, près de Béthune. Les jeunes restent à convaincre, mais aussi les parents et les professeurs…

    Un artisan sur deux vient de l’apprentissage. Si certains métiers souffrent d’un manque d’attractivité (cuisinier, fleuriste, photographe, cordonnier, glacier, froid et climatisation, assistant de vie aux familles…), d’autres restent stables (boulanger, boucher, restauration, coiffure et esthétique) ou sont en hausse comme les charcutiers, les mécaniciens automobiles, les carrossiers, les prothésistes dentaires ou les pâtissiers. “Deux dispositifs ont aidé à l’augmentation des effectifs : l’IEJ (Initiative emploi jeunes), promu et financé par le Conseil régional et l’Union européenne, qui permet aux jeunes sans formation d’intégrer le monde de l’entreprise ; et Direct artisanat, une plate-forme du Conseil régional qui met en relation les jeunes et les entreprises“, détaille Gabriel Hollander. Et Pierre de Saintignon de rappeler que le partenariat avec la CMA, “long, confiant et exigeant“, a aussi été renforcé par le Plan régional de développement de l’artisanat (PRDA) : “On comptait moins de 40 000 entreprises artisanales avant le PRDA et on en est à 50 000 aujourd’hui. En dix ans, nous sommes passés de 16 000 à 23 000 apprentis. Ce n’est pas encore assez, même si on note une croissance.” Et 60% des apprentis intègrent l’entreprise à la sortie de leur formation, un chiffre qui s’élève à 85% six mois après le diplôme. Mais alors, pourquoi l’apprentissage peine-t-il encore à séduire ? Manque de moyens ? De jeunes ? Difficile à dire tant les efforts des institutions et des acteurs locaux sont à souligner : chaque année, la Région consacre plus de 170 millions d’euros à l’apprentissage (également financés par l’État). Des soutiens aux entreprises, allant jusqu’à 2 500 € par poste pour une aide contributive au coût du travail, ou un chèque équipement de 200 € pour la contribution au transport ou à la restauration des jeunes sont des évolutions en cours. Mais aussi la mise en place des “développeurs” qui démarchent les entreprises ou les “conciliateurs” qui se penchent sur les parcours des jeunes. “Une entreprise est obligée de garder un apprenti pendant deux ans. Mais parfois il peut y avoir une erreur, que ce soit du côté du jeune ou de l’entreprise. Le conciliateur réoriente le jeune et l’entreprise“, explique Pierre de Saintignon, rappelant aussi que l’artisanat assure la plus importante croissance régionale avec un stock d’entreprises créées supérieur à 2 000 depuis les douze derniers mois. Une étape supplémentaire sera sans doute franchie avec la création du pôle Eurartisanat fin 2017. Inauguré en mai dernier, le nouvel équipement abritera le siège de la direction générale de la CMA, mais aussi plusieurs bâtiments uniquement dédiés aux apprentis, dont l’URMA, actuellement basée à Wattignies et dont l’offre de formation en matière de cuisine/restauration sera élargie, pouvant accueillir plus de 400 apprentis supplémentaires.

     Arras, Béthune, Boulogne-sur-Mer, Calais, Cappelle-la-Grande, Caudry, Dunkerque, Lille (deux sites), Prouvy-Rouvignies, Solesmes, Tourcoing (deux sites) et Wattignies.