UMIH 80
L'année 2024 "très délicate" de l'hôtellerie - restauration
Bruno Asnar a présidé sa troisième assemblée générale de l'UMIH 80 (Union des métiers et des industries de l'hôtellerie de la Somme) devant 150 personnes réunies au centre Fernand Duchaussoy d'Amiens. Avec Eric Abihssira, vice-président confédéral de l'UMIH, ils s'entendent pour qualifier l'année 2024 de « très délicate, avec ses aléas politiques, un contexte économique difficile et un environnement social tendu ».
Pour ne rien arranger au contexte difficile : « Nous
n'avons pas été épargnés par le climat, souligne Bruno Asnar,
nous n'avons connu que huit semaines de beau temps », quand on
sait l'importance de la météo dans les métiers de l'hôtellerie.
Lui-même gérant depuis 15 ans du restaurant Le Port Saint Leu, il
avoue « ne jamais avoir vu ça, ce fut une année très
désagréable à attendre le soleil tous les jours ». Et quand
une forte activité se présente ? La profession doit faire face
à la problématique du manque de main d’œuvre : « Des
établissements ont été obligés de fermer ponctuellement car ils
manquaient de bras pour ouvrir 7 jours sur 7. »
Bref, une année 2024 morose, comme le temps, compte tenu d'une rentabilité déjà en baisse l'an dernier, des factures d'énergies qui grimpent et des remboursements d'emprunts ou de PGE qui parfois même ne permettent plus au professionnel de se payer. « L'hiver va être dur, reconnaît le président de l'UMIH 80, et nous ne sommes qu'au début de la basse saison, il va falloir aller jusqu'au printemps. »
Un président soucieux mais pas
défaitiste, en premier lieu grâce à la bonne tenue du syndicat :
« Avec une gestion en bon père de famille, l'UMIH se place un
peu comme un garde-fou et nous enregistrons aussi des résultats
économiques rassurants. Nous travaillons également avec un réseau
important d'entreprises partenaires et nous ne perdons aucun de nos
400 adhérents issus de tout le secteur CHRD du département, à
savoir les cafés, hôtels, restaurants, discothèques. »
Voir le métier autrement
Bruno Asnar analyse avant tout la situation comme étant une période de transition, celle de l'après covid, quand les gens ont fait d'autres choix que l'hôtellerie – restauration. La filière s'est remise en question pour attirer à nouveau les jeunes actifs notamment : « Il est en effet important de parler du métier différemment. On ne peut pas dire que notre profession est uniquement celle où on se lève tôt et on finit tard. Nos métiers peuvent plaire également, des gens aiment le service, il apprécient aussi les coupures qui leur permettent de s'organiser dans leur quotidien. On ne doit pas pointer du doigt que les contraintes, d'ailleurs tous les métiers ont des contraintes. »
Le président de l'UMIH 80 confirme que la direction du personnel n'est plus celle d'il y a 20 ans : « La façon de manager a changé, elle est plus fine, plus pertinente et plus humaine. Nos corps de métiers ont subi une pénurie de main d’œuvre ? Oui, nous travaillons justement sur cette situation et nous allons la régler. Les palettes de formations sont déjà en cours d'évolution, la dynamique est mise sur la valorisation humaine du travail, le développement des compétences, avec un système de promotion verticale en interne. »
La filière CHRD entrevoit donc un rayon de soleil à travers les nuages, « il faudra qu'il soit avec nous pour sortir de 2024 », confie Bruno Asnar avant d'ajouter : « Dans tous les cas, notre juge de paix, c'est le client. Et lui aussi évolue, nous nous devons d'être très réactifs en lui proposant des bars à concepts par exemple. C'est ce que nous mettons en place ou que nous avons déjà dans la Somme : des établissements à forte identité. »
« Gérer des entreprises, c'est du sport »
En cette année olympique, l'UMIH 80 a placé son assemblée générale sur la thématique du sport, du management et du développement personnel. Plusieurs sportifs samariens de haut niveau sont venus apporter leurs témoignages et partager leurs expériences : Erika Sauzeau, athlète paralympique médaillée de bronze d'aviron à Tokyo 2021 ; Jérémy Stravius, champion olympique de natation ; Patrice Descamps et Lou Alexandre, respectivement directeur et apprenti du centre de formation de l'Amiens SC, Luka Lomidze, champion de France et 5e au championnat du monde junior de judo ; Guillaume Debart, arbitre international et manager en charge des arbitres féminins.
« Le retour de l'assemblée a été très positif, souligne le président Bruno Asnar. Leurs discours ont été rassurants, ils ont exprimé leurs facultés à se remettre en question et à ne pas rester longtemps à se morfondre en cas de passage à vide. Avec ces sportifs de haut niveau, le département démontre aussi qu'il est capable de créer des pépites et des futures pépites. »