L’activité des salons menacée par l'inflation ?
L'activité du secteur de l'événementiel a repris après la pandémie, mais il n'a pas encore retrouvé son niveau d'avant-crise. Et si visiteurs et exposants internationaux veulent revenir sur les salons, ils redoutent les hausses de coûts, dévoile Unimev, qui regroupe les professionnels du secteur.
Sur les salons, l'inflation pourrait casser l'ambiance. Ce mois de janvier, Unimev, l’Union française des métiers de l'événement a publié l’édition 2023-2024 de son Event Data Book. Celui-ci compile plusieurs études sur l'activité du secteur en 2022, année qualifiée de « tournant majeur pour l’industrie événementielle française ». Durement frappée par la crise sanitaire, elle a connu une reprise dynamique, mais s'est aussi trouvée confrontée à de nouveaux défis.
Le constat principal de l'étude ? Le grand retour de la rencontre physique pour les événements professionnels. En 2022, dans le monde, le tourisme à l'international a repris pour atteindre 900 millions de voyageurs, soit 63% du niveau de 2019. La France a été particulièrement concerné par le phénomène, puisque, avec 116 millions de passagers internationaux, elle a retrouvé 81% du niveau de 2019. Dans le même sens, l'étude révèle que les dépenses des entreprises françaises dans les médias foires, salons et relations publiques ont augmenté au global, mais sans retrouver le niveau de 2019. Et les évolutions diffèrent selon les segments. Les entreprises ont dépensé 1,1 milliard d'euros dans les foires et les salons, soit 27,9% de moins comparé à 2019.
A contrario, elles ont engagé 9 milliards d'euros en digital , soit 32,5% de plus qu'en 2019. Pour autant, la substitution du physique par le numérique n'est pas pour demain, à en suivre un sondage présenté par Unimev. En effet, en 2022, 88% des sondés estiment que le Covid a confirmé la valeur des événements de visu. Dans le même sens, 57% d'entre eux seulement indiquent qu'il faut s'attendre à plus d'événements hybrides ou plus d'événements numériques au sein de ceux en présentiel. L'année précédente, ils étaient près des trois quarts... Quant à ceux qui pensent que les événements virtuels vont aller jusqu'à remplacer ceux physiques, ils ne sont plus que 6%, contre près du double l'année précédente.
L'inflation et le recrutement
L'épisode du Covid a toutefois laissé des traces. En particulier, les défis liés à l'impact de la digitalisation ont pris de l'importance aux yeux des professionnels de l'événementiel. Néanmoins, d'autres priorités sont aussi apparues, en particulier celles liées à la gestion interne des entreprises et aux enjeux de management. Car le secteur a dû faire face à de fortes difficultés de recrutement après les départs pendant la crise sanitaire. Par exemple, en 2022, 72% des agences font face à des problèmes de ce type, principalement sur des postes clés, comme chef de projet ou responsable commercial, selon l’Observatoire des agences de design de la rencontre & stand, cité dans l'étude.
Autre défi fondamental de la filière, celui des enjeux RSE. Unimev promeut ainsi l'adoption de la certification ISO 20121 qui garantit des « événements durables », afin de se démarquer sur un marché de plus en plus compétitif. Aux yeux de la clientèle internationale des salons, toutefois, cet enjeu est encore loin d'être prégnant : 5% seulement de cette population considère l’empreinte environnementale comme un critère décisif de participation à un salon en France. Et plus de 80% indiquent ne pas avoir modifié ses critères par rapport à avant la crise du Covid.
Plus largement, pour 2023 et 2024, 98% de la clientèle internationale déclare préférer les salons en présentiel, et vouloir s'y rendre. C'est aussi le cas des trois quarts des exposants. Mais eux se déclarent préoccupés par l'augmentation générale des coûts. Ils pourraient ainsi, par exemple, diminuer la surface de leur stands.