«J'ai envie de trouver du sens à mes investissements financiers»
Et si les femmes prenaient elles aussi leur place dans l'écosystème économique en investissant dans des projets d'entreprises ? Aujourd'hui, elles ne sont que 12% à investir, dans un milieu qui reste très majoritairement masculin. Le réseau Femmes Business Angels, récemment implanté à Lille, veut les inciter à sauter le pas. Rencontre avec Armelle Blanchard, directrice de cette délégation.
Premier réseau féminin de business
angels en France et en Europe, créé en 2004 à Paris, Femmes
Business Angels (FBA) réunit 170 femmes partout sur le territoire,
qui ont déjà participé à plus de 250 opérations d'investissement
(pour un montant de 20 millions d'euros) et près de 200 start-ups soutenues.
Après Marseille, Bordeaux, Caen et Rennes, c'est à Lille qu'une
nouvelle délégation a vu le jour en mai dernier, avec à sa tête,
la dynamique Armelle Blanchard.
Son ambition est claire : inciter
davantage de femmes à sauter le pas et déjà, dans un premier
temps, faire connaître le monde de l'investissement. Ingénieure de
formation et jusqu'il y a encore un an, totalement novice dans ce
milieu, Armelle Blanchard a depuis sauté le pas en investissant dans
deux medtech. «Je
voulais investir pour mon indépendance financière mais aussi parce
que c'est important pour les femmes de faire partie du monde
économique. Malheureusement, les statistiques montrent toute la
difficulté d'être business angel en tant que femme : les livres
blancs publiés par FBA ont montré que si 60% des femmes épargnent
pour se prémunir des aléas de la vie, moins de 20% s'engagent dans
des investissement plus risqués», détaille-t-elle.
Se
former pour oser prendre des risques
Armelle Blanchard était pourtant loin d'être familiarisée avec l'investissement : «Je n'ai pas reçu cette culture. Néanmoins, de par mon métier, je développe des projets capitalistiques dans l'énergie et donc, je maîtrise le montage de projet, le business plan, la construction d'infrastructures et la recherche de rentabilité. Mais pour moi, le monde de l'investissement était un peu flou. Certes, c'est un apport indéniable en capital financier mais ça l'est aussi du point de vue humain : on soutient une équipe, un projet et on les accompagne. Je voulais avoir un impact avec mon argent». Après plusieurs recherches, elle se tourne rapidement vers FBA.
«Il n'y a que 12% de femmes qui investissent»
Toute
la force du réseau, c'est d'effectuer un travail minutieux en amont
: chaque année, près de 1 000 dossiers par an sont étudiés pour
déboucher sur une short list de 200 projets, présentés en
plénière. «On
investit dans 2% des projets donc la sélection est rude. C'est toute
la différence entre un fonds d'investissement et un club de business
angel : quand on est business angel, on est acteur de son
investissement. Chez FBA, on prend l'engagement moral
d'un ticket de 10 000 euros par investissement, c'est donc beaucoup
d'argent. Alors on choisit le projet de façon précautionneuse et
surtout, on a vraiment envie de l'accompagner. Chaque femme reste
maître de son investissement», témoigne Armelle Blanchard.
Des
événements en Hauts-de-France
Tout
cet accompagnement, FBA a voulu l'ancrer en région. En
Hauts-de-France, la délégation a vu le jour en mai dernier, avec
l'ambition de monter en puissance autour de différents événements,
tous en partenariat avec EuraTechnologies : le 23 janvier, «Femmes
investisseuses : et si vous osiez l'investissement en start-ups ?»,
le 18 mars, «Développer
un thème spécifique de l'investissement en start-up»
et le 12 juin, le pitch de
trois start-ups candidates à une levée de fonds.
«On
peut venir sans aucune connaissance. Chez FBA, on a coutume de dire
que la seule compétence que l'on doit avoir quand on est business
angel, c'est le GBS : le Gros Bon Sens ! On investit en phase
d'amorçage et lors de cette phase, il y a un début de produit, peut-être un intérêt commercial, mais on investit avant tout sur une
équipe. Si on s'installe en Hauts-de-France, c'est parce que la
majorité des business angels sont à Paris, il faut faire évoluer
cela. Aujourd'hui, on peut commencer à investir à partir de 100euros par projet sur des plateformes d'investissement participatif. Chacun
peut trouver l'investissement à la hauteur de ses moyens».
Si Armelle Blanchard devait donner un conseil à de futures investisseuses ? «Nous ne sommes pas non plus des philanthropes ! On met notre argent à risque mais évidemment, comme tout investisseur, l'enjeu est de ne pas perdre d'argent, voire d'en gagner en investissant dans les meilleurs projets. C'est passionnant !».