Hervé Diers, dirigeant d'Hedimag, élu Autodidacte de l’année

Imaginées il y a 25 ans, les Victoires des autodidactes récompensent chaque année des dirigeants d’entreprise qui n’ont pas suivi d’études. Après Pierre Riou (Riou Glass), lauréat en 2014, c’est Hervé Diers, dirigeant d’Hedimag, entreprise fabricante de véhicules-magasins, qui s’est vu remettre cette année la distinction et qui tentera sa chance pour la victoire nationale, décernée le 13 avril prochain à l'Assemblée nationale.

Les célèbres "baraques à frites" d'Hedimag, rendues célèbres grâce à Bienvenue chez les Ch'tis, s'exportent à Paris.
Les célèbres "baraques à frites" d'Hedimag, rendues célèbres grâce à Bienvenue chez les Ch'tis, s'exportent à Paris.
Hervé Diers a tenu à remercier ses collaborateurs, sa famille et Bernard Debaecker, maire d'Hazebrouck.

Hervé Diers a tenu à remercier ses collaborateurs, sa famille et Bernard Debaecker, maire d'Hazebrouck.

Valoriser une entreprise mais aussi un homme et une passion. Les Victoires des autodidactes distinguent, depuis plus de 20 ans, des parcours professionnels et personnels hors du commun, et honorent des hommes qui, a priori, n’étaient pas destinés à diriger un jour une entreprise. Et pourtant, ils ont fait la démonstration, ce jeudi 21 janvier, que les études ne sont pas indispensables pour exercer ce métier et être à la tête d’une affaire florissante. C’est le cas – entre autres – de Georges Gaspard (groupe Lyreco), lauréat 2012, Jean-Louis Louvel (PGS Groupe), lauréat 2013, Pierre Riou (Riou Glass), lauréat 2014, et d’Hervé Diers (Hedimag). «Les participants font rarement la démarche eux-mêmes, en général ils sont envoyés par leurs familles !» explique Matthieu Leclercq, président du conseil d’administration de Decathlon. Et Jean-Michel Hiolle (lauréat en 2006) de compléter : «Ce prix a sans nul doute contribué à la réussite de l’entreprise. J’ai pu être repéré pour d’autres prix et avoir des contacts pour lever plus de 20 millions d’euros.» Franck François, à la tête du groupe de coiffure VOG, lauréat en 2007, revient lui aussi sur son parcours : «Je ne suis jamais allé à l’école. A 14 ans, je voulais avoir une boîte de nuit, mais on m’a fait comprendre que ce n’était pas de mon âge. Donc j’ai vendu des commodes. J’ai appris le bon sens et la rapidité et aujourd’hui, le groupe VOG détient 1 000 salons (contre 600 en 2007, ndlr). Nous ouvrons une affaire par semaine en Asie. Je dis aux jeunes de l’Ecole de la deuxième chance Grand-Lille, que je rencontre souvent : ‘Osez !’ Aujourd’hui, j’ai à gérer la génération Y, voire Z, et le management n’est pas toujours facile. Pour apprendre cela, j’ai dû retourner à l’école !»

Les célèbres "baraques à frites" d'Hedimag, rendues célèbres grâce à Bienvenue chez les Ch'tis, s'exportent à Paris.

Les célèbres "baraques à frites" d'Hedimag, rendues célèbres grâce à Bienvenue chez les Ch'tis, s'exportent à Paris.

Trois prix pour trois parcours d’exception. Étaient en lice cette année Hervé Diers (Hedimag à Hazebrouck), Yves Mariot (Mariot voyages à La Bassée) et Didier Roth (Groupe Roth à Petite-Forêt). Le prix de la croissance a été décerné à ce dernier, à la tête de l’entreprise familiale spécialisée dans la peinture industrielle et le bâtiment. Aujourd’hui, le groupe compte 140 salariés et six entreprises, dont la dernière, Dheedene à Seclin, reprise en automne dernier. «Mon père m’a donné les tripes pour réussir. En 2011, nous avons connu, comme de nombreux entrepreneurs, un moment de peur et de crainte. Mais les collaborateurs sont restés fidèles et tout le monde s’y est mis. Aujourd’hui, nous venons de reprendre une entreprise et on regarde déjà la prochaine…» ambitionne Didier Roth. C’est Yves Mariot qui a reçu le prix coup de cœur : «Pour servir les gens, il faut les aimer et je fais en sorte que les collaborateurs les aiment aussi pour mieux les servir. Je privilégie l’humain plutôt que le profit immédiat», explique cet autodidacte à la tête de 250 salariés. Le grand prix a donc été décerné à Hervé Diers, «un timide qui bouscule son territoire», dirigeant d’Hedimag, PME de 50 salariés qui produit plus de 350 véhicules-magasins par an. «Déjà tout petit, je bricolais des vélos et des mobylettes. Mon seul problème, c’était l’école ! J’étais fait pour avoir mon entreprise et non pas pour travailler pour quelqu’un. Chez Hedimag, le costume-cravate est banni et on a un vrai esprit de famille», a-t-il expliqué, très ému, à l’assemblée. Gérard Mulliez, fondateur d’Auchan et invité d’honneur de la soirée – avec Michel Leclercq, fondateur de Decathlon –, dira même de lui : «Dommage que ce mec-là ne soit pas rentré chez Auchan, mais il n’est jamais trop tard ! Il a tout compris. Bravo à lui !»