Hauts-de-France : le recrutement des cadres légèrement moins dynamique en 2023
Après une année record en 2022 avec des recrutements de cadres en hausse de 16% dans la région, 2023 s'annonce un peu plus atone. Sur fond de crise géopolitique, d'instabilité bancaire mais aussi de conflits sociaux, l'Apec (Association pour l'Emploi des Cadres) Hauts-de-France reste prudente sur les perspectives à venir.
C'est un record historique, témoin de la résistance de l'économie
française : sur le territoire national, plus de 300 000 embauches de
cadres ont été recensées en 2022, soit une augmentation de 15% par
rapport à 2021. Un vrai rebond après le creux de la pandémie (228 700 en
2020) et qui concerne l'ensemble des secteurs d'activité.
Les Hauts-de-France -6% de l'emploi cadre en France – suivent la tendance, en arrivant à la 4ème
place des régions les plus dynamiques, après l'Ile-de-France,
Auvergne-Rhône-Alpes et Provence-Alpes-Côte d'Azur, qui a tiré son
épingle du jeu en 2022 et qui a volé la troisième place acquise aux
Hauts-de-France, attirant probablement de nombreux emplois pour son
cadre ensoleillé après plusieurs mois de confinement...
Recruter en interne pour pallier aux difficultés de recrutement
« En 2022, on a recensé 18 800 recrutements de cadres, en
hausse de 16%. Si on a eu un peu plus de difficultés que d'autres
régions à remonter la pente après le Covid, on constate que certains
secteurs ont bien performé comme l'automobile, la fabrication de
matériels, les services...», détaille Valérie Fenaux, déléguée
régionale Apec Hauts-de-France. Parmi les métiers les plus dynamiques :
le développement informatique, l'audit et l'expertise comptable, la
comptabilité, l'ingénierie d'affaires...
3 360 postes ont été créés (+49%) et 5 200
promotions internes ont été recensées (soit +38% alors que la tendance
nationale est à +14%). Preuve que les entreprises, qui souffrent de
difficultés de recrutement, trouvent en interne ce qu'elles n'arrivent
pas à dénicher en externe. «En 2022, nous avons procédé à plus de 50
mobilités internes. Il faut répondre aujourd'hui à des aspirations
nouvelles, les candidats ont de nombreuses attentes et sont souvent sur
plusieurs process de recrutement à la fois », constate Élise Bleusez, responsable recrutement chez L'Olivier Assurances.
Un léger recul pour 2023
Néanmoins, la région souffre de disparités territoriales : 63% de
l'emploi cadre est porté par le Département du Nord, 12% par le
Pas-de-Calais et le reste en Picardie. Avec 14 150 recrutements prévus en 2023,
le Nord Pas-de-Calais devance de loin son homologue picard (3 590
recrutements). Sur les deux territoires, l'industrie et le commerce
représentent près d'un tiers des offres : « c'est une des
particularités des Hauts-de-France. De façon générale, les services à
forte valeur ajoutée tirent l'emploi cadre (banque/assurance, conseil,
R&D, ingénierie, etc.). Mais nous en avons une part plus faible qu'à
la valeur nationale. Pour les Hauts-de-France, les prévisions sont donc
à la baisse pour 2023, à -6%, alors que la tendance nationale est
plutôt à la stabilité ».
En cause notamment, le recul de la sphère industrielle : les
industries agroalimentaires (-10%), la chimie (-3%), l'industrie textile
(-6%), la distribution généraliste (-9%) et spécialisée (-12%). Pour
2023, le top 3 des fonctions les plus créatrices d'emploi restent les
mêmes : commercial/marketing, études/R&D et informatique.
L'emploi senior encore à la peine
À noter également qu'un tiers des recrutements concernerait des cadres de un à cinq ans d'expérience avec « une inflexion sur le recrutement des seniors (24% des recrutements prévus) », regrette la déléguée régionale qui prône une politique volontariste sur
les plus de 55 ans. C'est l'une des priorités de l'Apec pour 2023,
notamment avec l'opération « Talent Senior »,
un dispositif de mentoring qui met en relation des chefs d'entreprise,
cadres dirigeants, décideurs institutionnels, élus et cadres seniors
demandeurs d'emploi.
« Un certain nombre de seniors n'ont jamais cherché d'emplois car les carrières étaient construites différemment qu'aujourd'hui et malheureusement ils sont plus souvent demandeurs d'emploi de longue durée », poursuit Valérie Fenaux. Et souvent, absents des réseaux sociaux sur lesquels la majorité des recrutements s'opère. Des initiatives qui tombent à pic à l'heure de la réforme des retraites et de l'allongement de la durée de cotisation...