Hautes connexions scientifiques entre Lille et le Japon
Le CNRS, l’université Lille 1, l’université de Tokyo et le centre Oscar-Lambret ont signé le 16 juin une convention autour du projet SMMIL-E. Un ambitieux programme qui permettra une meilleure détection du cancer, une efficacité renforcée des thérapies et du suivi post-traitement, mais aussi une meilleure prise en charge du patient.
Il a fallu faire preuve de patience pour conquérir la confiance des homologues japonais. Mais cela valait la peine puisque le projet, unique en France, sera installé sur nos terres. Au Japon, l’usage et le développement des microsystèmes dans le domaine de la biologie et de la santé sont en plein essor et dépassent de loin la France. Maturité technologique oblige, les protocoles de recherche clinique bénéficient de ces avancées : détection en amont de cellules tumorales circulantes, recherche in vitro sur les mécanismes métastatiques, etc. Cette approche technologique originale est permise par ce qu’on appelle les bioMEMS : des dispositifs extrêmement miniaturisés permettant la caractérisation de biomolécules, l’isolation de cellules uniques et la croissance de tissus cellulaires in vitro. Un concentré de technologies médicales ultra pointues au service du patient !
Un continuum entre l’enseignement supérieur et la recherche. «Cela fait 20 ans que le CNRS et l’Institut des sciences industrielles de Tokyo collaborent. Des dispositifs de radiothérapie sont déjà en place à Lille avec des équipes franco-japonaises. Grâce à des pincettes nanométriques, développées au Japon, il est possible de voir comment un ADN résiste aux radiations et d’expliquer l’efficacité de certains traitements. D’ici dix ans, il sera possible de trier les cellules souches, initiatrices du cancer, de les extraire et de les analyser. Et donc de comprendre le mécanisme de la maladie», détaille Eric Lartigau, chef du département universitaire de radiothérapie du centre Oscar-Lambret.
Un labo puis un bâtiment. Dans un premier temps, le centre Oscar-Lambret accueillera les équipes de chercheurs japonais au sein de sa structure. Puis, une nouvelle plate-forme de l’université de Tokyo devrait donc voir le jour dans un bâtiment dédié à l’horizon 2018 (sur le centre hospitalier lillois). Avec, en filigrane, la volonté d’attirer de jeunes équipes qui, formées à Lille, quittent en général la région et sa grisaille. «Nous voulons aussi héberger des start-up, deux nous ont d’ailleurs déjà contactés», renchérit Eric Lartigau. Ce projet sera aussi un des points forts de l’IDEX1. Si ces éminents chercheurs ne sont pas les premiers Japonais à s’installer à Lille − une quarantaine d’industries seraient implantées en région, citons notamment Toyota à Onnaing –, ils vont sans nul doute contribuer à asseoir la place de Lille comme figure de proue nationale dans le domaine de la recherche.
- Les Initiatives d’excellence destinées à faire émerger en France cinq à dix pôles pluridisciplinaires d’excellence d’enseignement supérieur et de recherche de rang mondial, financés à hauteur de 7,7 milliards d’euros.