8e édition de l'Université des entrepreneurs Hauts-de-France
Geoffroy Roux de Bézieux : «A chaque confinement, l'impact sur l'économie a été moins important»
Après une visite de deux jours dans les Hauts-de-France, un passage par l'Université catholique de Lille et par le Sportslab de chez Decathlon, Geoffroy Roux de Bézieux, président du Medef, est venu en ouverture de la 8e édition de l'Université des entrepreneurs Hauts-de-France, placée sous le signe des «Sources et Ressources».
Dernier rendez-vous économique avant la pause estivale, l'Université des entrepreneurs Hauts-de-France est comme un passage obligé pour les entrepreneurs régionaux. Et cette année, ils avaient plus qu'envie de se retrouver et d'échanger avant une rentrée qui s'annonce chargée.
«Il
faut rester vigilants. En année normale, on compte 60 000
défaillances d'entreprises sur le territoire national. En 2020, on
en compte environ 32 000. On peut effectivement envisager un effet de
rattrapage, mais cela fait partie de la vie économique comme l'échec
fait partie du sport. Par contre, il
ne faut pas que des entreprises saines disparaissent», s'inquiète Geoffroy Roux de Bézieux. Et Yann Orpin, président du
Medef Lille Métropole (2 000 adhérents) de rester optimiste : «On
parle d'un premier effet de rattrapage en 2022. Les entreprises ont
encore de la trésorerie. En Hauts-de-France, on a consommé trois
fois moins de PGE que les autres régions.»
Pour
faire face au mur de la dette, Geoffroy Roux de Bézieux prône que
le "quoi qu'il en coûte" ne se transforme pas en «quoi qu'il en
coûtissime» : «Nous
sommes pour fermer le robinet des mesures, en ayant des nuances pour
certains secteurs d'activité.»
Au premier trimestre 2021, la dette française s'élève à 118% du
PIB – son nouveau record – alors que l'Allemagne se situe plutôt
autour des 80%.
«La
question, c'est notre capacité à rembourser et notre croissance
potentielle. La mauvaise solution serait une augmentation des impôts
car c'est un système sans fin. La bonne, c'est évidemment la
croissance», avance le
président du Medef national. Et de souligner l'importance de la
réindustrialisation en
France, un combat que
mène le Medef depuis des années : «On
peut presque dire que la réindustrialisation est devenue une cause
nationale avec la crise. C'est une bonne nouvelle.»
Un
message de confiance
Devant
les chefs d'entreprise présents dans la salle et juste après
leur séance de méditation collective, le président du Medef s'est
voulu rassurant : «Ne
partons pas dans une euphorie naïve, il faut apprendre à vivre avec
le virus mais à chaque confinement, l'impact sur l'économie a été
moins important.»
Pour
les entreprises donc, toujours plus d'engagement, tant auprès de
leurs collaborateurs et des nouvelles façons de travailler, que de leur
environnement par une transformation digitale, environnementale et
sociale. «Après
chaque crise, nous avons trouvé un guide. Pour la première fois,
c'est une personne morale, et je pense à l'entreprise. Nous devons
nous impliquer davantage dans la société pour réduire les
inégalités, accompagner les citoyens à prendre soin des autres»
prône Yann Orpin.
Alors
que l'on parle d'une possible quatrième vague et que la zone euro
table sur une croissance de l'ordre de 4,8% en 2021, il est
nécessaire, pour le Medef, de trouver les justes mesures pour éviter
les fermetures. Alors quand Jean Viard, sociologue, directeur de
recherche associé CNRS au CEVIFOP, le centre de recherches
politiques de Sciences-Po, explique qu'il faut deux à trois ans pour
sortir d'une crise, les chefs d'entreprise semblent prêts à faire
une nouvelle lecture de la société pour mieux affronter l'avenir.
Lancement du Comex 40 Lille Métropole
Geoffroy Roux de Bézieux l'a initié
il y a deux ans ; ils sont aujourd'hui sept en France à avoir
enclenché la démarche. Avec la vocation d'inciter les jeunes chefs
d'entreprise de moins de 40 ans à porter leur voix au Medef
national, cet «incubateur
d'idées»
vient d'émerger à Lille, présidé par Maxence Wyts,
cofondateur de l'agence digitale La Quincaillerie, et par Léna Van
Nieuwenhuyse, coprésidente et fondatrice du média PassPolitique.
Cet
organe de consultation pourrait d'ailleurs être rebaptisé «Comex
30» puisque les deux
coprésidents ont moins de 25 ans : Maxence Wyts a déjà
neuf années d'entrepreneuriat à son actif. Celui qui est aussi
président de Génération Medef depuis 2020 et emploie déjà une vingtaine de
collaborateurs veut apporter de «nouvelles
idées»
: «Nous avons l'ambition
d'être un laboratoire d'idées et d'inspirations.»
Léna Van Nieuwenhuyse est quant à elle à l'origine du site web PassPolitique pour «reconnecter (sa) génération à la politique», confortée, par la dernière élection, dans la nécessité pour la jeunesse de s'intéresser à la politique – et inversement !
Composante de Génération Medef, le
Comex 40 Lille Métropole va porter la voix des jeunes et bousculer
les idées reçues avec un comité des réflexion sur les grands
sujets de demain. Parmi les sujets à venir : la redistribution des
richesses auprès des collaborateurs. A la clé, des ouvrages
distribués aux instances économiques pour «mettre en place des
leviers». Le Comex compte sept hommes et sept femmes de moins de 40 ans.
Le
Medef, première organisation patronale de France
Mercredi
7 juillet, le ministère du Travail publiait une nouvelle mesure de
son audience patronale. Via leurs employeurs, le Medef représente un
total de 9,4 millions de salariés même si le poids dans les
subventions du fonds paritaire national diminue de 70,8%
à 66,3%, au bénéfice notamment de la CPME (Confédération des
petites et moyennes entreprises) qui progresse de 25% à 28,6%.
Avec
près de 710 000 salariés, l'U2P (Union des entreprises de
proximité) arrive 3e
à 5% tandis que la Coordination nationale des indépendants (CNDI)
atteint tout juste 0,01%. En nombre d'entreprises représentées, le
Medef compte 125 929 entreprises, contre 243 397 pour la CPME et 203
705 pour l'U2P. La raison vient notamment de la prise en compte dans
les calculs des micro-entreprises et d'organisations à but non
lucratif de l'économie sociale et solidaire, passées dans le champ
de l'interprofession, explique la Direction générale du travail. Le
Medef reste en tête sur son terrain de prédilection : les
entreprises.