Furet de Lille : plus interactif, plus innovant mais toujours aussi culturel
Vaisseau amiral d’une enseigne régionale mais aussi nationale, l’historique Furet de Lille a décidé de faire peau neuve. Et d’intégrer de manière diffuse le monde numérique à ce temple du livre. Après quatre mois de travaux, c’est un espace à la fois innovant, interactif, mais toujours proche de ses clients, qui s’est inscrit à nouveau dans le patrimoine local.
130 000 références en librairie, 13 000 en disques, 5 000 en vidéos, 3 000 en jouets, 115 salariés… Mais aussi 3 millions de visiteurs par an, 7 étages sur 4 700 m2 et 16 magasins répartis sur le territoire national (12 en région et 4 en Ile-de-France). Un livre sur deux acheté en Nord-Pas-de-Calais l’est au Furet du Nord. C’est dire l’attachement des habitants à l’enseigne. «Dans un marché qui évolue, notre chiffre d’affaires (4 millions d’euros en 2013, ndlr) est remarquablement stable. Même si les rayons consacrés au scolaire diminuent en volume, les rayons ‘jeunesse’, ‘BD’, ‘policier’ ou encore ‘tourisme’ explosent. C’est pour répondre à cette demande que l’offre lilloise a été repositionnée», explique Pierre Coursières, président. Concrètement, le sous-sol est désormais occupé par l’espace numérique et le Bar à musique (où les vendeurs mettent à leur disposition leurs propres playlists, en partenariat avec Deezer), et l’univers jeunesse a investi le large espace de 800 m2 au premier étage, avec un choix étendu de jeux et de loisirs créatifs, déjà présents depuis deux ans dans l’enseigne. Pierre Coursières poursuit : «Nous avons toujours très peu de produits techniques et technologiques dans nos rayons. On se concentre, comme nous l’avons toujours fait, sur des produits tournés vers l’éditorial et la culture. Mais nous avons quand même des liseuses !»
Cross canal. «Nous y avons beaucoup réfléchi. Il ne s’agissait pas d’en faire pour dire d’en faire, mais pour que cela réponde à un besoin. Et puis, le cross canal, le Furet en fait depuis des années, simplement cela ne s’appelait pas comme ça !», poursuit le président. Un pôle “services” a donc été imaginé en haut de l’escalator : le client peut y acheter un billet de concert ou de spectacle, retirer ses commandes, échanger ses achats ou consulter ses avantages fidélité. «Notre nouveau slogan pourrait être ‘Le Furet, partout, tout le temps’ ! Avec l’application Furet, on donne accès à l’offre Furet de toutes parts. Aujourd’hui, plus personne n’a besoin d’entrer dans un magasin. On trouve tout en un clic. Cela nous oblige à repenser notre métier. Si le client entre chez nous, c’est parce qu’il en a envie.» Qui, en effet, n’a jamais flâné dans les allées du Furet, ne s’est pas arrêté quelques instants pour feuilleter un ouvrage, découvrir les nouveautés… ?
Le monde du livre face au numérique. «Il y a toujours autant d’appétence pour les bouquins. Mais les envies des lecteurs évoluent et les éditeurs s’adaptent. On lit moins de grande littérature mais davantage de guides touristiques, de littérature technique ou d’ouvrages sur le développement personnel. D’ailleurs les chiffres parlent d’eux-mêmes : le marché du livre n’a baissé que de 2% en France et les ventes sur Internet ne représentent que 12% du marché global. Il y a beaucoup d’exagération sur le danger que peut représenter Internet. La Toile et une librairie peuvent très bien cohabiter. Le livre numérique représente seulement 2,5% du marché global en France, alors qu’il s’élève à 20% dans les pays anglo-saxons», détaille Pierre Coursières. Alors oui, les Français sont et restent attachés au papier ! «Ce qui m’intéresse, c’est que les gens lisent, que ce soit sur liseuse, sur tablette ou sur papier. Il n’y a pas d’antagonisme.» Le Furet de Lille en est la parfaite illustration.