Financer des projets locaux pour faire repartir l'économie

Alors que les besoins de financement sont sans précédent, Lille Place Financière lance un appel à la mobilisation de l'épargne régionale pour soutenir des projets locaux. Grégory Sanson, son président (et directeur général adjoint chez Bonduelle), voit dans le système bancaire une solution à la crise pour relancer l'économie.

"Nous avons la chance, dans les Hauts-de-France, d'avoir un capital risque très dynamique" se réjouit Grégory Sanson, président de Lille Place Financière.
"Nous avons la chance, dans les Hauts-de-France, d'avoir un capital risque très dynamique" se réjouit Grégory Sanson, président de Lille Place Financière.

Baisse de l’activité, hausse du risque pour les établissements, forte sollicitation des réseaux bancaires via le PGE… Douze mois de production bancaire ont été réalisés en seulement trois mois. «La crise est très différente de celle de 2008. Alors que la crise financière s’était transformée en crise économique, aujourd’hui nous avons affaire à une crise sanitaire qui se transforme en une crise de l’offre et qui pourrait déboucher sur une crise financière», explique Grégory Sanson, président de Lille Place Financière depuis 2015. Le club, qui fait partie du réseau des Places Tertiaires – et qui compte aussi Lille Place Juridique, Ambition Capital, Les Entreprises Centenaires et Le Club d’Affaires –, a dû réorienter ses initiatives tout en restant proactif. «Pour l’instant, on ne touche pas encore les difficultés des entreprises, hormis les plus petites d’entre elles. Mais les défaillances entraîneront la montée des risques et l’apparition de créances douteuses dans les bilans», craint le président. Sur les 100 milliards d’euros de PGE distribués, plus de 7 milliards ont bénéficié à 35 000 entreprises régionales (dont 90% des TPE) qui, pour la moitié d’entre elles, gardent ce «matelas» en trésorerie.

Mobiliser l’épargne régionale

Durant le premier confinement, Lille Place financière avait déjà lancé un appel à la responsabilité des acteurs économiques quant au respect des conditions contractuelles du crédit interentreprises. Cette fois-ci, le Club entend contribuer à la constitution d’outils de consolidation des fonds propres des entreprises par la mobilisation de l’épargne régionale afin de financer des projets locaux, en lien avec les acteurs du financement régional. «Le nouvel enjeu des entreprises ? La consolidation de leurs fonds propres. Le capital-risque doit jouer un rôle et nous avons la chance, dans les Hauts-de-France, d’avoir un capital-risque très dynamique. Les livrets d’épargne classiques n’apportent plus de rendement, pourquoi ne pas financer des projets qui ont du sens ?» Comme les taux d’épargne n’ont jamais été aussi hauts en France, pourquoi ne pas mettre cette épargne au profit de projets locaux pour soutenir l’économie régionale ? Le livret rev3, créé par le Crédit coopératif en 2015, initié pour soutenir des projets inscrits dans la dynamique, rencontre déjà un franc succès : 2 600 livrets ouverts pour 40 millions d’euros d’encours et 13,7 millions d’euros déjà injectés pour financer des projets rev3 d’entreprises en Hauts-de-France.

Néanmoins, le capital-risque souffre encore d’un manque de connaissance alors que les deux tiers de la création de valeurs se font justement sur le développement de la croissance. Grégory Sanson regrette cette insuffisance de culture économique et financière en France : «Quand on dit ‘L’Etat a débloqué des fonds’, on pense qu’il y a une manne secrète, disponible ! Mais, en réalité, nous sommes en train d’emprunter pour nos enfants et nos petits-enfants… La crise est un accélérateur de phénomènes : si les entreprises peuvent ouvrir davantage leur capital, ce serait positif.» Si l’Etat couvre 90% du risque avec les PGE, il n’en reste pas moins que les 10% restants sont couverts par les banques.

Un secteur assurantiel sous pression

Quant aux assurances, elles ont dû faire face à des risques jusque-là imprévus dans les contrats, ce qui inquiète Grégory Sanson : «Pour être assuré, un risque doit être ponctuel et non diffus. Mais aujourd’hui toutes les entreprises sont touchées. Le système assurantiel serait incapable de répondre aux demandes si le risque sanitaire perdurait.» On estime qu’il faudra trois ans à la France pour recouvrer son activité économique d’avant-confinement… Troisième place financière de France (après Paris et Lyon), Lille a encore du chemin à faire : «Les Hauts-de-France ne comptent que 15 sociétés cotées, là où Lyon en compte plus d’une centaine. Ces entreprises attirent de la prestation de services», poursuit-il. Pour maintenir Lille dans le top 3 des places financières nationales (sur 8 places financières identifiées), le Club a lancé en octobre dernier, le premier «Baromètre de la finance en Hauts-de-France». Son but ? Recenser les principaux indicateurs quantitatifs de la place financière (emplois, produit net bancaire, montants investis en capital-risque…) pour en suivre l’évolution et les comparer à ceux des autres régions. Si la prévision pour 2021 reste encore compliquée, Lille Place financière veut donner des points de repère et inscrire le capital-risque comme un consolidateur de fonds propres, à une période où les entreprises doivent plus que jamais consolider leur trésorerie.


Les prochains RDV de Lille Place financière

  • Les rendez-vous de la relance : le 17 décembre, avec le projet de loi de finances 2021 et la loi de finance rectificative 2020 avec la Banque de France, la Direction régionale des finances publiques, l’ordre des avocats, des notaires et des experts-comptables ; fin janvier, la conférence annuelle de conjoncture sur le thème «Quelles perspectives économiques pour 2021 ?».
  • 2e édition d’«Adopte un alternant», en mars 2021, destinée à promouvoir l’apprentissage dans le secteur financier et assurantiel, via une plateforme numérique qui recueille les offres et demandes de contrats d’apprentissage, et un job dating prévu le 16 mars 2021 (en présentiel ou en distanciel selon l’évolution de la crise)