FashionCube lance le pari de jeans produits en Hauts-de-France

D'ici quelques mois, les premiers jeans made in Nord de France vont sortir du FashionCube Denim Center. Le pari lancé par les sept marques adhérentes au concept est dans l'air du temps : relocaliser la production du denim dans les Hauts-de-France et faire adhérer les consommateurs au concept.

6 000 m2, une cinquantaine de machines... et des premières productions dès le mois de février 2022.
6 000 m2, une cinquantaine de machines... et des premières productions dès le mois de février 2022.

Pour l'instant, l'usine de 6 000 m2 de Neuville-en-Ferrain est vide, mais Christian Kinnen, qui porte le projet pour FashionCube Denim Center, a déjà tout en tête pour ce bâtiment construit aux dernières normes environnementales : les machines seront toutes installées en janvier prochain (50 au total), les 24 «jeanners» – les futurs employés du site – pourront profiter d'une salle de pause entièrement. vitrée. Surtout, dès 2024, l'usine devrait atteindre son rythme de croisière de 410 000 jeans produits par an, soit 2 000 par jour. Avec un objectif de taille : «devenir le leader dans la fabrication de jeans made in France pour le grand public».

A l'origine de cet écosystème, six marques de la galaxie Mulliez : Bizzbee, Grain de Malice, Pimkie, Orsay, RougeGorge Lingerie et le tout premier client du FashionCube, Jules. «L'idée, c'est de monter en puissance. On va démarrer avec 129 000 pièces, toutes marques confondues, la première année, puis 338 000 en 2023, pour atteindre 410 000 pièces ensuite», explique Christian Kinnen. Et pour proposer des prix très abordables pour un jean fabriqué en France – 59,99 € pour le jean baptisé «le Cinq Neuf» de Jules –, il faut que l'usine et ses employés se rodent.

D'ici 2024, l'usine pourra produire plus de 410 000 pièces.

Production à la demande

«Nous allons prendre les dossiers techniques de nos clients et les rendre répétitifs. Mais ce sont eux qui garderont la créativité. L'automatisation permet la rentabilité, la valeur ajoutée sera mise sur les opérations de couture», détaille Anne-Laure Roger, directrice de l'usine. Une première phase de recrutement a donc été lancée et les «jeanners» sont en formation. Suivra une seconde phase fin 2022, avec un objectif d'une centaine de salariés en 2023/2024.

De la coupe au délavage, tout sera produit à la demande, avec des possibilités de réassort en deux semaines seulement – contre près de trois mois pour une production au-delà des frontières. Un pari donc, à l'heure où produire plus loin coûte cher en temps et en transport. Située entre les sièges des entrepôts des marques de FashionCube, l'usine fonctionnera en circuit court et en semi-automatisation avec un procédé économe en eau : la partie du délavage – la plus consommatrice d'eau dans la production de jeans – sera réalisée en partie à l'ozone et, pour une autre partie, au laser, beaucoup moins énergivore (jusqu'à six fois moins d'eau).

Moins de marge mais plus d'impact

Au total, 3,5 millions d'euros investis par les actionnaires de l'AFM (Association familiale Mulliez), mais aussi la Région Hauts-de-France et la MEL. «On ne ferme aucune porte aux autres enseignes. Notre but, c'est d'avoir des lignes de production remplies, avec des marques qui sont à proximité», poursuit Christian Kinnen. Pour la première marque à se lancer dans le défi, Jules, c'est une révolution. Le modèle «le Cinq Neuf» en toile 100% recyclée sortira de l'usine en février 2022, pour une commercialisation prévue en avril. L'enseigne vend 1 million de jeans chaque année, dont 70% ont un argument RSE avec du coton ou du polyester recyclé.

Un produit sur lequel l'enseigne roubaisienne accepte donc de baisser sa marge (les jeans classiques sont vendus à 49,99 € et coûtent deux fois mois cher à produire qu'un jean local), pour poursuivre sur sa démarche du 100% recyclé lancée en 2021. «L'équation sera différente. On va produire sans brader ni gâcher», concède la marque.

«On va passer à un modèle M to C : manufacturer to citizen. Les consommateurs sont sensibles à la création d'emplois locaux et à l'environnement ; les marques également. FashionCube est une réponse», poursuit Christian Kinnen.

De son côté, Plateau Fertile, à Roubaix, accélère son développement

Quatre ans après sa création, Plateau Fertile vient de décrocher le label «Manufacture de proximité». Le tiers-lieu dédié à la mode circulaire et inclusive, qui intègre 300 entreprises, va compléter son implantation roubaisienne par un site à Paris. Dès 2022, Roubaix va intégrer deux nouvelles activités : une matériauthèque et le lancement d'une formation au métier de couturier upcycling.

Plateau Fertile propose à tous les acteurs de la filière textile de se former, de partager des expériences, de prototyper... C'est le cas depuis 2018 à Roubaix, au sein de l'ancienne usine Roussel. Une dizaine de projets a déjà vu le jour : collections capsules à partir d'invendus, séries courtes fabriquées et personnalisées sur place, prototypes en 3D... Une première boutique animée par un collectif de 40 créateurs vient d'ouvrir et une formation de quatre mois va être lancée pour pallier le manque de main-d'oeuvre – 2 000 couturiers rien que dans les Hauts-de-France.

Courant 2022, Plateau Fertile ouvrira une nouvelle antenne à Paris, dans le 13e arrondissement, sur le même principe que l'atelier roubaisien : bureau d'études et de prototypage mutualisé, sessions de formation à la mode durable, événements B to B, espaces de coworking ou de résidence pour les créateurs...