FashionCube lance le pari de jeans produits en Hauts-de-France
D'ici quelques mois, les premiers jeans
made in Nord de France vont sortir du FashionCube Denim Center. Le
pari lancé par les sept marques adhérentes au concept est dans
l'air du temps : relocaliser la production du denim dans les
Hauts-de-France et faire adhérer les consommateurs au concept.
Pour l'instant, l'usine de 6 000 m2 de Neuville-en-Ferrain est vide, mais Christian Kinnen, qui porte le projet pour FashionCube Denim Center, a déjà tout en tête pour ce bâtiment construit aux dernières normes environnementales : les machines seront toutes installées en janvier prochain (50 au total), les 24 «jeanners» – les futurs employés du site – pourront profiter d'une salle de pause entièrement. vitrée. Surtout, dès 2024, l'usine devrait atteindre son rythme de croisière de 410 000 jeans produits par an, soit 2 000 par jour. Avec un objectif de taille : «devenir le leader dans la fabrication de jeans made in France pour le grand public».
A
l'origine de cet écosystème, six marques de la galaxie Mulliez :
Bizzbee, Grain de Malice, Pimkie, Orsay, RougeGorge Lingerie et le
tout premier client du FashionCube, Jules. «L'idée,
c'est de monter en puissance. On va démarrer avec 129 000 pièces,
toutes marques confondues, la première année, puis 338 000 en 2023,
pour atteindre 410 000 pièces ensuite», explique Christian Kinnen. Et pour proposer des prix très abordables
pour un jean fabriqué en France – 59,99 € pour le jean baptisé
«le
Cinq Neuf»
de Jules –,
il faut que l'usine et ses employés se rodent.
Production
à la demande
«Nous
allons prendre les dossiers techniques de nos clients et les rendre
répétitifs. Mais ce sont eux qui garderont la créativité.
L'automatisation permet la rentabilité, la valeur ajoutée sera mise
sur les opérations de couture», détaille Anne-Laure Roger, directrice de l'usine. Une première
phase de recrutement a donc été lancée et les «jeanners»
sont en formation. Suivra une seconde phase fin 2022, avec un objectif
d'une centaine de salariés en 2023/2024.
De
la coupe au délavage, tout
sera produit à la demande,
avec des possibilités de réassort en deux semaines seulement –
contre près de trois mois pour une production au-delà des
frontières. Un pari donc, à l'heure où produire plus loin coûte
cher en temps et en transport. Située entre les sièges des
entrepôts des marques de FashionCube, l'usine fonctionnera en
circuit court et en semi-automatisation avec un procédé économe en
eau : la partie du délavage – la plus consommatrice d'eau dans la
production de jeans – sera réalisée en partie à l'ozone et, pour
une autre partie, au laser, beaucoup moins énergivore (jusqu'à six
fois moins d'eau).
Moins
de marge mais plus d'impact
Au
total, 3,5 millions d'euros investis par les actionnaires de l'AFM
(Association familiale Mulliez), mais aussi la Région
Hauts-de-France et la MEL. «On
ne ferme aucune porte aux autres enseignes. Notre but, c'est d'avoir
des lignes de production remplies, avec des marques qui sont à
proximité», poursuit Christian Kinnen. Pour la première marque à se lancer dans
le défi, Jules, c'est une révolution. Le modèle «le
Cinq Neuf»
en toile 100% recyclée sortira de l'usine en février 2022, pour une
commercialisation prévue en avril. L'enseigne vend 1 million de jeans chaque année, dont 70% ont un argument RSE avec du coton ou du
polyester recyclé.
Un
produit sur lequel l'enseigne roubaisienne accepte donc de baisser sa
marge (les jeans classiques sont vendus à 49,99 € et coûtent deux
fois mois cher à produire qu'un jean local), pour poursuivre sur sa
démarche du 100% recyclé lancée en 2021. «L'équation
sera différente. On va produire sans brader ni gâcher», concède la marque.
«On
va passer à un modèle M to C : manufacturer to citizen. Les
consommateurs sont sensibles à la création d'emplois locaux et à
l'environnement ; les marques également. FashionCube
est une réponse», poursuit Christian Kinnen.
De
son côté, Plateau Fertile, à Roubaix, accélère son développement
Quatre
ans après sa création, Plateau Fertile vient de décrocher le label
«Manufacture de
proximité». Le tiers-lieu dédié à la mode circulaire et
inclusive, qui intègre 300 entreprises, va compléter son
implantation roubaisienne par un site à Paris. Dès 2022, Roubaix va
intégrer deux nouvelles activités : une matériauthèque et le
lancement d'une formation au métier de couturier upcycling.
Plateau
Fertile propose à tous les acteurs de la filière textile de se
former, de partager des expériences, de prototyper... C'est le cas
depuis 2018 à Roubaix, au sein de l'ancienne usine Roussel. Une
dizaine de projets a déjà vu le jour : collections capsules à
partir d'invendus, séries courtes fabriquées et personnalisées sur
place, prototypes en 3D... Une première boutique animée par un
collectif de 40
créateurs vient
d'ouvrir et une formation de quatre mois va être lancée pour pallier le manque de main-d'oeuvre – 2 000 couturiers rien que dans les
Hauts-de-France.
Courant 2022, Plateau Fertile ouvrira une nouvelle antenne à Paris, dans le 13e arrondissement, sur le même principe que l'atelier roubaisien : bureau d'études et de prototypage mutualisé, sessions de formation à la mode durable, événements B to B, espaces de coworking ou de résidence pour les créateurs...