Exotec : histoire d’une licorne à 105 millions d’euros de CA
Comment obtenir un chiffre d’affaires de 105 millions d’euros en sept ans ? En posant des briques «saines» dès le départ, témoigne Julien Perrin, Chief Industry Officer d’Exotec, entreprise spécialisée dans la logistique industrielle, à BIG Inno Génération, rassemblement d’entrepreneurs.
Sa
fierté ? «Être
la première licorne industrielle»
de France. Le 7 octobre dernier, à Paris, dans le cadre de BIG Inno
Génération, rassemblement d’entrepreneurs, Julien Perrin, Chief Industry Officer, la
quarantaine, témoignait de la trajectoire hors normes d'Exotec, fondée en 2015 par Romain Moulin et Renaud Heitz. Sept
ans
après sa création, celle-ci affiche un chiffre d’affaires de 105
millions d’euros (en 2021) et compte des clients comme Monoprix,
Décathlon ou Gap...
L’entreprise œuvre dans le domaine de la
logistique industrielle : elle fabrique notamment des flottes de
robots télécommandés qui vont récupérer des bacs situés sur
les racks, y compris en grimpant pour accéder à ceux en hauteur.
L’avantage concurrentiel est net : «en
manuel, on peut réaliser 100 pickings par heure. Avec notre système,
400»,
précise Julien Perrin. Le métier de l’opérateur aussi change –
en mieux . «C’est
moins fatigant et assez sympa de jouer avec un système robotisé»,
estime-t-il.
A
l’origine de l’aventure, une idée partagée par ses deux
fondateurs, ingénieurs pour qui la robotique n’a pas de secrets :
«révolutionner
l’entrepôt industriel».
Tout va aller très vite. Cela commence dans un immeuble au cœur de
Lille, dans une ambiance «start-up».
L’équipe d’une vingtaine de personnes réalise un premier pilote
pour Cdiscount, dans la région bordelaise. «Nous
avons fabriqué une dizaine de robots. Chacun d’entre eux était
différent... Nous nous sommes dit que pour en produire des milliers,
il fallait qu’ils soient identiques. Le défi consistait à
transformer l’idée en réalité industrielle»,
se souvient Julien Perrin. La société change alors de dimension.
L’équipe, qui double ses effectifs, s’installe dans vaste
entrepôt à Croix, près de Lille, et pose ses bases
industrielles : installation de lignes de montage, mise au point
de process de fabrication rigoureux… Les clients affluent, dont
Carrefour, et, dès 2018, 100 robots sortent de l’usine.
Robots dans le froid, et levée de fonds à 335 millions d’euros
Les
deux années qui suivent voient l’entreprise se développer
encore : il faut embaucher pour satisfaire la demande des clients,
laquelle augmente et se diversifie. Par exemple, Carrefour commande
150 robots, dont 40 destinés à fonctionner dans un environnement à
zéro degré. En 2020, la pandémie ne stoppe pas l’élan pris
pris par Exotec. Durant trois mois, l’usine a stoppé sa
production, mais 600 robots ont été fabriqués durant l’année et
la maintenance auprès des clients a été assurée.
Depuis,
Exotec a poursuivi son expansion. En 2021, son chiffre d’affaires a
atteint 105 millions d’euros et l’année 2022 a démarré en
fanfare : en janvier, la société a levé 335 millions d’euros
auprès de fonds d’investissements. De quoi poursuivre son
expansion mondiale déjà initiée au Japon, Canada, USA…
La
clé de cette croissance accélérée réussie ? «Au
départ, nous avons mis en place des briques saines qui ont servi de
base à la croissance industrielle»,
explique Julien Perrin. Aujourd’hui encore, il continue de miser
sur la qualité des process, y consacre beaucoup de moyens :
Exotec prévoit de recruter 500 ingénieurs en recherche et
développement, d’ici 2025.
Le duo de jeunes entrepreneurs a aussi
su éviter les écueils liés aux ressources humaines, inhérents à
ce type de croissance très rapide. Ils se sont entourés de
professionnels du sujet. L’enjeu reste majeur : si la notoriété
de la société la rend attractive
aux yeux des recrues qu’il faut aujourd’hui impérativement
trouver, il faut attirer à Lille des
profils avec des compétences très diverses. Et aussi, composer avec
les cultures japonaises, américaines… qui font désormais partie
de la licorne française.