ERTP Hibon : l’innovation associée à un savoir-faire centenaire
«On pompe de l’air, on vend du vide et on fait du vent.» C’est à travers ces mots qu’en plaisantant, Stéphane Bremer présente le savoir-faire de la PME qu’il a reprise en 2003. Mais le métier d’ERTP Hibon est bien plus complexe et, surtout, c’est un marché de niche qui compte une poignée d’acteurs en France : l’entreprise conçoit et fabrique des pompes à anneau liquide pour l’industrie.
Que ce soit pour séparer des produits chimiques, transporter de la matière en agroalimentaire ou sécher du papier, les pompes à vide et compresseurs à anneau liquide permettent la filtration sous vide, l’évaporation, la distillation, la stérilisation, etc. Autrement dit, des pièces maîtresses dans tous types d’industrie… Un savoir-faire centenaire détenu par ERTP Hibon à Toufflers, mais qui a connu bien des changements dans son développement. Créée en 1899 à Roubaix, l’entreprise Hibon employait au plus fort de son activité jusqu’à 600 personnes. En 1979, quatre salariés licenciés d’Hibon créent ERTP (Entretien Réparation toutes pompes), spécialisée dans la maintenance de pompes industrielles. Sébastien Bremer, Patrice Berger et Benoît Fortis reprennent l’entreprise en 2003. «Je travaillais dans une entreprise annexe d’Hibon. Avant de partir à la retraite, le dirigeant de l’époque d’ERTP m’a contacté. Le métier me plaisait, j’ai toujours été intéressé par l’élaboration de projets et la gestion des équipes», se souvient Sébastien Bremer. Il arrive avec une ferme envie de développer l’entreprise sur son secteur d’activité et de l’ouvrir à d’autres marchés, tout en gardant l’ensemble des salariés. En 2008, alors que la tendance est à l’externalisation, ERTP rachète à l’entreprise Hibon son activité de fabrication de pompes à vide à anneau liquide. C’est le premier regroupement d’une des trois activités historiques d’Hibon (sous-traitance/usinage, pression et fabrication de pompes). La PME devient donc constructrice et est renommée ERTP Hibon. «La stratégie était de trouver de nouveaux débouchés, au-delà du métier de réparateur, et de rassembler les deux activités pour faire progresser le chiffre d’affaires. Mais aussi de redonner confiance aux clients : l’histoire de l’entreprise est complexe, des cessions ou des rachats ne sont pas toujours rassurants», justifie le dirigeant. Et ça marche : le chiffre d’affaires est doublé en quatre ans et elle s’ouvre à l’international.
Plan d’investissement. Fin 2014, ERTP Hibon poursuit ses investissements – 2 M€ depuis 2013 – pour racheter l’activité sous-traitance usinage de Brochot industrie (spécialisée dans la conception, la fabrication et l’installation de machines spéciales et d’équipements pour l’industrie des métaux non ferreux, mise en liquidation judiciaire en février 2015) et pour agrandir son site de 1 700 m2. Car l’entreprise travaille avec de grands noms industriels et doit stocker des pièces pouvant peser jusqu’à 15 tonnes ! «Nous fabriquons environ 20 pompes chaque mois. On travaille au centième de millimètre. En 2014, notre chiffre d’affaires a baissé de 25%, nous avons subi davantage de concurrence à l’export et avons développé moins de projets à l’international. Il est nécessaire de retrouver une croissance stable.» Et pour cela, il compte bien s’appuyer sur le savoir-faire de ses 56 salariés, dont certains sont présents dans l’entreprise depuis leur apprentissage ! Avec un CA de 5,8 millions d’euros en 2014, l’entreprise travaille avec des géants (Norpaper à Saint-Omer, Tereos et Saint Louis sucre, Michel…), elle est présente sur cinq continents et réalise 40% de son CA à l’export.
Commercialisation d’un nouveau produit. Après une année de recherche et développement, ERTP Hibon a récemment lancé une pompe à vide ultra-innovante : la Hibox. Connectée, autonome et optimisant sa consommation énergétique, elle répond aux besoins des industriels et permettra à ERTP Hibon d’affronter la concurrence. Depuis 2013, Stéphane Bremer est président de Réseau Entreprendre Nord, un rôle qu’il prend à cœur : «J’ai été le premier lauréat en catégorie ‘Reprise’, en 2004. J’essaie de donner des pistes aux nouveaux lauréats. C’est très enrichissant.»